Le paradoxe de Russell : meilleures performances, pires résultats
Il note sa performance 8.5/10, ses résultats 4/10
En 2022, George Russell avait marqué 35 points de plus que Lewis Hamilton au classement (mais le septuple champion du monde avait passé la première moitié d’année à expérimenter des réglages). Cette année, George Russell a fini 59 points derrière son coéquipier, tout en faisant match nul avec lui en qualifications.
Alors, Russell a-t-il été moins performant en 2023 ? Sur le papier, on pourrait le croire. Mais le pilote Mercedes vient aujourd’hui y apporter un démenti dans un entretien accordé à ESPN.
« Si je prenais l’année dernière et que je l’évaluais, je noterais mes performances 7/10 et mes résultats, 9/10. Cette année, je dirais : performances 8,5/10, résultats 4/10. »
« C’est donc un paradoxe, parce que j’ai l’impression de mieux conduire, je suis définitivement plus rapide cette année, en qualifications comme en rythme de course, mais les résultats ne sont pas du tout au rendez-vous. »
Comment dès lors, expliquer ce paradoxe, autrement que par la simple malchance ?
« Il y a plusieurs raisons à cela, la saison a été un peu étrange. Il y avait plus de concurrence en Formule 1 cette année, avec Aston au début de l’année, puis McLaren, Ferrari aussi, mais je préfère vraiment que ce soit comme ça : avoir la performance et les résultats viendront. »
« En fin de compte, nous ne nous battons pas pour le championnat du monde cette année et, grâce à ce manque de résultats, vous continuez à construire votre boîte à outils d’expérience - et je sais que cela ne fera que me rendre plus fort. Je ne suis donc pas trop préoccupé par le manque de résultats, car le rythme est là et si le rythme est là, les résultats viendront inévitablement. »
En apesanteur... sous l’eau
Pour méditer, prendre du recul et éliminer la frustration, George Russell a un remède : le Monégasque d’adoption pratique la plongée en apnée. Il en explique les bienfaits psychiques et surtout psychologiques.
« L’apnée ressemble à de la méditation. Il y a vraiment quelque chose qui vous permet de vous calmer, de contrôler votre rythme cardiaque et d’entrer dans une zone légèrement différente. Le corps peut y arriver, mais il y a une limite psychologique lorsque vous savez que vous pouvez plonger à 30 ou 40 mètres, mais que la seule chose qui vous arrête est l’aspect psychologique. Et dès que vous commencez à paniquer, vous êtes dans la merde. »
« Mais quand je faisais de l’apnée cet été, je ne pensais à rien d’autre. Et quand vous vivez dans un monde aussi compétitif que le nôtre, je pense tout le temps à la Formule 1, à la façon dont je peux m’améliorer et faire les choses mieux. Mais parfois, cela vous rend fou et vous avez besoin de faire un pas en arrière. »
« La Formule 1 est presque comme un espace de création. Parfois, lorsque vous êtes tellement pris dans ce moment, que vous êtes obsédé par lui et que vous ne vous donnez pas une minute pour penser à autre chose, vous vous retrouvez coincé dans un canal. Le fait de pratiquer des activités différentes permet d’élargir un peu les perspectives. C’est ce que j’ai constaté pendant la pause estivale, en faisant quelques activités différentes, et lorsque je suis revenu en Formule 1, je l’ai abordé d’une manière légèrement différente et cela m’a vraiment aidé. »
« Avant la pause, j’ai eu deux courses où j’étais vraiment à côté de la plaque, je réfléchissais trop, j’essayais trop fort de retrouver cette performance. Et après la pause, j’y suis allé avec un esprit ouvert et j’en suis ressorti avec probablement la meilleure performance que j’ai jamais eue. »
« C’est une chose que j’ai apprise. Ce n’est jamais facile dans un environnement comme la Formule 1, où la concurrence est si forte et où l’on est constamment mis à l’épreuve. »
Russell a confiance dans ses propres capacités, et celles de Mercedes
George Russell se rassure aussi en se comparant à Lewis Hamilton : il a fait jeu égal avec lui en qualifications, il n’y avait d’ailleurs que 30 millièmes en moyenne entre les deux hommes en qualifications… bref, George Russell tient tête à l’un des meilleurs pilotes de l’histoire de la F1.
« Vous voulez vous mesurer aux meilleurs pilotes du monde et le fait d’avoir Lewis comme coéquipier est une position très privilégiée, car je sais que chaque week-end, je vais me mesurer à l’un des plus grands pilotes de tous les temps. »
« Si je peux me mesurer à lui, je sais que je peux me mesurer à n’importe qui. Et c’est pourquoi je ne suis pas mécontent de cette saison, parce que les performances ont été au rendez-vous - nous sommes à égalité en ce qui concerne les performances en qualifications. »
« Il a des résultats plus constants en course, mais je sais que si le rythme est là, les résultats viendront. Je suis satisfait de cet aspect et je ne suis pas trop déçu de cette saison. Rien d’important n’a été perdu. »
Même la collision au premier tour, au Qatar, entre les deux pilotes, n’aurait donc pas remis en cause leur bonne entente ?
« Lewis et moi sommes à des stades très différents de notre carrière. Ma mentalité est assez claire : si vous vous qualifiez avant l’autre et que vous prenez un bon départ, vous allez le battre. C’est aussi simple que cela. Je ne pense pas à la façon dont je vais faire la course avec mon coéquipier, je pense à la façon dont je vais me qualifier le mieux possible, prendre le meilleur départ, faire la meilleure course. »
Reste à savoir si, bien sûr, Lewis Hamilton et George Russell pourront se battre pour autre chose que les places d’honneur l’an prochain.
Mercedes pourra-t-elle construire une F1 capable de rivaliser avec Red Bull ? Et le cas échéant, George Russell pourra-t-il être en mesure de lutter pour le titre sur la durée d’une année ?
« Je sais personnellement que je serai prêt. Je suis persuadé que, sur le plan personnel, je serai prêt à affronter tout ce qu’on me proposera à affronter. »
« Mais pour nous, en tant qu’équipe, je ne peux pas m’asseoir ici dans six mois et dire que je suis sûr que nous aurons la voiture la plus rapide sur la grille. Je suis certain que nous allons créer une voiture beaucoup plus compétitive que cette année et j’ai probablement dit la même chose il y a 12 mois, mais nous avons fait quelques erreurs au cours de l’hiver et je suis certain que nous ne les referons pas. »
« Il faut voir ce que feront nos rivaux, mais Austin était un pas dans la bonne direction et si quelqu’un peut réaliser ce changement de performance, c’est bien Mercedes. »
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