Le paradoxe de 2020 : Mercedes F1 a dominé, mais la saison a été folle et variée

Des facteurs structurels comme conjoncturels

Par Alexandre C.

7 février 2021 - 13:06
Le paradoxe de 2020 : Mercedes F1 (...)

Malgré la domination franche de Lewis Hamilton et Mercedes, 2020 a été aussi une saison variée et exceptionnelle à plus d’un titre : victoires de Sergio Pérez et Pierre Gasly, podiums pour Daniel Ricciardo et Esteban Ocon, pole de Lance Stroll en Turquie… Il y a eu un vent frais sur les podiums de F1.

En réalité, les statistiques confirment ce ressenti de diversité et de variété.

Une saison pleine de diversité et d’invités inattendus

En 2020, il y a eu d’abord 5 pilotes différents à gagner des courses. C’est le même total depuis 2017. Mais c’est surtout le nombre d’équipes ayant remporté une course qui a progressé, à 4 teams différentes (Racing Point, AlphaTauri, Red Bull et Mercedes). Un total donc atteint sans Ferrari et avec deux équipes du peloton !

4 équipes gagnantes, c’est le total le plus haut depuis 2013. En 2014, 2015 et 2016 seules deux équipes (Mercedes et alternativement Red Bull et Ferrari) avaient réussi à remporter des courses.

Au niveau des poles, le total est moins élevé cependant : 3 équipes ont fait des poles, Racing Point aux côtés de Mercedes et Red Bull. L’an dernier, trois équipes avaient aussi signé des poles, Ferrari remplaçant Racing Point. En 2014, 2015 et 2016, là encore, seulement deux équipes avaient pu partir en pole le dimanche.

C’est dans le nombre de podiums qu’il y a surtout le plus de variété. 13 pilotes différents sont grimpés sur une des trois marches en 2020, pour 7 équipes différentes ! Seuls Daniil Kvyat, George Russell, Nicholas Latifi, Kevin Magnussen, Romain Grosjean, et Antonio Giovinazzi n’auront pas goûté au champagne. Et au niveau des équipes, Williams, Haas et Alfa Romeo font partie des seules absentes.

En 2019, 8 pilotes étaient montés sur le podium, pour 5 équipes différentes. Et en 2017 et 2018, seulement 7 pilotes et 4 équipes différentes y étaient parvenus.

Pourquoi, alors, ce paradoxe ? Car oui, il y a eu plus de variété, et pourtant, Mercedes a beaucoup plus dominé que l’an dernier, ou qu’en 2018 et 2017. L’avantage moyen de Mercedes, en qualifications, en 2020, était de 0,594 % par rapport au reste de la grille, la marge la plus importante depuis 2016 (0,842 %). En 2018 et 2019, cet avantage se situait autour de 0,1 % - alors que les saisons furent moins variées au niveau des pilotes différents finissant sur le podium.

Pourquoi ce paradoxe ?

Les circonstances exceptionnelles peuvent d’abord expliquer cette situation. La course de Monza, marquée par une voiture de sécurité, avec la fermeture de la pitlane qui a compromis la course de Lewis Hamilton, est éclairante à plus d’un titre. La victoire de Sergio Pérez à Sakhir aussi : sans un incroyable double imbroglio aux stands, Mercedes aurait dû gagner. Ou bien encore, dernier exemple, la pole de Lance Stroll est due aux conditions de piste dantesques le samedi à Istanbul, sur une surface récemment refaite.

Et justement, l’arrivée de nouveaux circuits a pu aussi chambouler les repères, avec de surcroît une saison très condensée, usant plus les organismes, et étant plus propice aux erreurs.

La seule fois où Mercedes fut vaincue sans circonstances de course particulière ? A Abu Dhabi, pour le dernier Grand Prix – mais Mercedes était soupçonnée de rouler avec une unité de puissance bridée par sécurité, ce qui expliquerait la victoire facile de la Red Bull de Mercedes.

Cependant il y aussi des raisons de fond à ce rapprochement du milieu de grille - pas seulement conjoncturelles, mais aussi structurelles.

Le milieu de grille a ainsi gagné, chaque année, en moyenne 0,3 % d’avantage de rythme sur Mercedes. Avec notamment une franche progression de Racing Point.

Cette progression générale n’est pas étonnant avec la stabilité réglementaire. Mais cela représente encore 6 bons dixièmes d’avance sur Mercedes - il a donc fallu aussi des circonstances exceptionnelles.

En 2021, cet écart va-t-il encore se resserrer ? S’agrandir avec le nouveau règlement de 2022 ? Ou bien les budgets plafonnés et les limitations aérodynamiques permettront-ils au peloton de continuer sa remontée ? Chacun espère bien sûr une saison variée... mais à la régulière !

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