Le muret des stands : un anachronisme ou une nécessité dans la F1 d’aujourd’hui ?
Laurent Mekies s’exprime sur le sujet
A l’ère des données en tout sens, des multiples écrans d’ordinateurs installés dans le garage de chaque équipe, des communications radio et du GPS, le muret des stands a-t-il encore une utilité en F1 ? La question peut paraître saugrenue, tant le « pitwall » s’est installé dans l’imaginaire du sport – en témoignent ces inévitables images d’ingénieurs stressés, agitant frénétiquement leurs jambes lorsque le ciel se fait menaçant.
Dans la F1 moderne, de quatre à sept personnes, par équipe, prennent place sur le muret des stands. L’ingénieur de course en chef, les ingénieurs de course des pilotes, le directeur des opérations en piste, le directeur de la stratégie, le directeur d’écurie, ont leurs places souvent attitrées. Mais Toto Wolff, par exemple, reste bien plus souvent dans le garage Mercedes.
Laurent Mekies, directeur sportif de Ferrari, est un de ceux qui prennent place sur ce muret en dimanche de Grand Prix. Il s’est ainsi confié au site officiel de la F1 au cours d’une véritable défense et illustration du pitwall…
« Bien sûr, il y a certainement un aspect patrimonial, mais c’est un héritage auquel nous sommes tous attachés parce que - et les gens l’oublient parfois - nous sommes aussi des fans de Formule 1. C’est comme ça que la F1 doit être. »
N’y aurait-il donc que des aspects sentimentaux justifiant la pérennité du pitwall selon l’ancien responsable de la FIA ?
« En plus de cela, je pense qu’il y a beaucoup de bonnes raisons pour avoir un mur des stands. Il serait très facile de se perdre dans les chiffres et les ordinateurs si nous étions assis dans un camion, ou à l’arrière du garage. Vous pourriez perdre de vue des choses évidentes : quelque chose qui se passe dans la voie des stands, un changement soudain dans la météo, même une voiture - peut-être la vôtre - qui passe devant le mur en faisant un bruit différent. Vous devez être là pour le voir, l’entendre, le sentir et le ressentir vraiment. »
Le présentiel ne remplacera ainsi jamais le virtuel, si l’on suit Mekies…
« La proximité de la voiture est importante. Les ingénieurs de course doivent pouvoir voir que les changements de réglages qu’ils ont demandés sont effectués, et ils doivent avoir un contact visuel avec le mécanicien en chef et le pilote. Pour la course, ils nous rejoignent sur le muret. Je pense qu’autrement ils se sentiraient seuls dans le garage sans voiture ! »
« C’est toujours intéressant quand vous êtes à l’extérieur, quand vous vous plongez dans l’ambiance de la course. Vous entendez la foule rugir quand quelque chose se passe, avant de voir l’image, et tout le pitwall est alors sous tension, en attendant que les images arrivent. »
« Il y a des voitures qui passent dans la ligne droite devant vous, et derrière vous dans la voie des stands. Le bruit de la foule dans les tribunes est assourdissant, les équipes changent les pneus devant vous, et vous êtes au milieu de tout ça. Où d’autre voudriez-vous être ? »
Sur un plan plus personnel, à quelles tâches s’attelle plus particulièrement Mekies sur le muret ?
« Je vais examiner la situation de nos voitures par rapport à d’autres et essayer d’avoir une vue d’ensemble de notre situation ; les ingénieurs de course examinent plus spécifiquement leur propre voiture, sa performance et celle du pilote. Le point commun est que nous disposons d’une abondance d’informations. Nous avons toute la télémétrie, les données GPS, toutes les communications radio de chaque équipe, même le radar météorologique. La sélection des informations dont vous avez besoin définit l’efficacité de votre travail, surtout dans les moments difficiles. Chacun configure son écran individuellement, pour montrer ce qu’il veut voir - ainsi, si quelqu’un déplace la configuration d’une de vos fenêtres, vous n’êtes pas content. »
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