Le miracle du plombier-mécanicien continue d’émerveiller les anciens ingénieurs de Brawn GP en F1

Une histoire étonnante parmi d’autres

Par Alexandre C.

10 avril 2021 - 15:03
Le miracle du plombier-mécanicien (...)

L’aventure de Brawn GP en 2009 appartient à un petit conte de fées. Pour sa seule saison en F1, l’héritière de la structure d’usine Honda avait surpris tous les observateurs : avec un budget minimaliste, mais l’atout puissant du double diffuseur, Jenson Button avait été sacré champion du monde sur une F1 aussi dominatrice qu’inattendue.

En vérité le succès de Brawn a été construit bien en amont, sous l’ère Honda, à l’été 2008 environ. Dès la saison 2008, les ingénieurs de Honda savaient qu’ils avaient peut-être exploité une faille profitable dans le règlement de l’an prochain. Ce qui rend d’autant plus perturbant le retrait de Honda à la fin 2008…

Andrew Shovlin, ingénieur de course en chef chez Mercedes, qui était alors ingénieur de piste de Button en 2009, se souvient de cet épisode pour le podcast "Beyond the Grid".

« Nous savions que ce serait une voiture décente parce que nous y avons mis tant d’efforts, et nous avons commencé si tôt. L’année précédente à Hockenheim, qui était à peu près à la mi-saison, a été le moment où nous avons dit, ’Bon, nous allons juste oublier 2008 et nous allons nous concentrer sur les nouvelles règles en 2009’. »

« Mais vraiment, le seul moment où nous avons commencé à penser que notre voiture était bien rapide, c’est quand nous n’avons pas fait de tests et que tout le monde était à un test... à Portimao. Il y avait une Toro Rosso [2008] là-bas et elle était de loin la plus rapide. Quant à nous, nous avions pratiquement récupéré toutes les performances perdues en raison de la nouvelle réglementation, et nous estimions que nous serions aussi rapides avec notre voiture que l’année d’avant. »

Et Shovlin ne croyait presque pas dans la magie des chiffres qui se révélaient aux essais !

« Vous vous dites alors... ’Attendez une minute, ça veut dire que nous sommes presque deux secondes plus rapides que n’importe qui d’autre’ - et puis vous vous dites que vous avez dû vous tromper dans les calculs... Mais rien ne vous prépare à ce qui s’est passé quand nous avons commencé à rouler à Barcelone, et que nous nous sommes dit ’Oh mon Dieu, elle a l’air vraiment rapide’. »

Ron Meadows, aujourd’hui directeur sportif de Mercedes et lui aussi ancien ingénieur de Brawn, était même encore sceptique après le premier Grand Prix de l’année. Avec une anecdote impressionnante sur un mécanicien-plombier !

« Nous avions signé un doublé à Melbourne et nous ne le méritions certainement pas car je pense que nous étions partis pour finir premier et quatrième. Nous avions eu deux arrêts aux stands choquants... mais Seb [Vettel] et [Robert] Kubica se sont percutés dans les derniers tours. »

« Le problème que nous avons eu était le ravitaillement : notre ravitailleur habituel des années précédentes avait quitté l’équipe dans le cadre des licenciements [économiques]. Nous voulions le garder, mais il a décidé qu’il voulait devenir plombier. »

« Après Melbourne nous avons réalisé que nous devions faire quelques changements. Alors je l’ai appelé et il est venu en tant que guerrier du week-end. Il prenait l’avion le samedi soir pour s’occuper du carburant pour un tarif à la journée, puis juste après la course, il rentrait chez lui pour faire son travail de plombier pendant quinze jours, puis il revenait. »

James Vowles, chef stratégiste de Mercedes aujourd’hui et de Brawn GP hier, accorde lui aussi, à cette année 2009, une place de choix dans son Panthéon personnel.

« Cette année-là... c’était honnêtement assez pour une vie entière de souvenirs. Chaque course avait quelque chose... chaque course avait son propre ensemble de souvenirs uniques qui sont ancrés en nous tous pour toujours, et ça ne changera pas. Et ces sentiments sont extraordinaires. »

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