La soufflerie de Ferrari handicape en partie le développement de la SF90
Mais ce n’est pas un problème de corrélation selon Mattia Binotto
Depuis le Grand Prix d’Espagne en mai dernier, si ce n’est depuis la deuxième semaine des essais hivernaux, Ferrari semble quelque peu lâcher prise dans la course au développement. Mercedes a pris les devants et maintient une certaine marge d’avance, tandis que Red Bull-Honda représente désormais une menace pour la Scuderia sur chaque Grand Prix.
Mattia Binotto, le directeur d’écurie, croit aujourd’hui savoir pourquoi Ferrari ne réussit pas forcément à accélérer le développement technique et aérodynamique : la soufflerie de Maranello ne serait simplement pas assez représentative des conditions de roulage en piste réelle… ce qui expliquerait pourquoi les évolutions ne fonctionnent régulièrement pas aussi bien que prévu.
« Comme Sebastian l’a dit, nous avons un aperçu plus clair de la situation aujourd’hui. Au Red Bull Ring, nous avons fait quelques mesures, essayé de comprendre le problème, ce qui n’allait pas avec le nouveau fond plat. Et ces tests nous ont donné des réponses importantes. Nous avons au moins, aujourd’hui, compris pourquoi le fond plat n’avait pas fonctionné. Il nous faut donc progresser et nous améliorer. »
« A Silverstone, nous n’avions rien de nouveau ; nous avons roulé avec le vieux fond plat, comme au Paul Ricard et au Red Bull Ring. »
La soufflerie de Maranello est donc sur le banc des accusés ; mais, selon Mattia Binotto, il ne s’agit pas d’un classique, et grave, problème de corrélation avec la piste.
« Je peux seulement vous dire que dans certaines conditions spécifiques, nous ne retrouvons certainement pas, sur la piste, ce que nous attendions au vu des données acquises en soufflerie. Donc ce n’est pas un problème de corrélation. Ce qu’il nous faut corriger, c’est un problème de limites, de frontières s’agissant de notre environnement de tests, pour nous assurer qu’il soit représentatif de toutes les conditions. »
« Après Barcelone, qui fut probablement notre pire performance dans l’ensemble, nous avons introduit plusieurs changements et modifications à la voiture. Depuis Barcelone, ce n’est pas comme si nous avions laissé notre voiture totalement inchangée, la voiture a déjà été améliorée et le développement s’est poursuivi. »
Ferrari semble être également handicapée, comme Haas par exemple, par les Pirelli, dont la fenêtre de fonctionnement est toujours aussi complexe à trouver…
« Pirelli développe les pneus en essayant de faire de leur mieux, sans aucun doute » remarque Mattia Binotto. « Les tests menés tout au long de l’année sont communs à toutes les équipes, et à Abu Dhabi, en fin de saison, tout le monde teste ce qui est presque la spécification finale pour l’an prochain. Nous n’accusons pas Pirelli pour leur travail, ils font du mieux qu’ils peuvent. »
Pourtant, Ferrari a poussé pour revenir aux pneus de l’an dernier – une tentative qui a finalement avorté…
« Le seul moyen que nous avons à disposition en tant qu’équipe, pour essayer de changer quelque chose qui, selon vous, va dans la mauvaise direction, c’est d’espérer avoir l’accord, avec vous, de 70 % des équipes. »
« Car cette saison, beaucoup d’équipes ont des difficultés à bien chauffer les pneus. Leur fenêtre de fonctionnement est très étroite et si vous ne la trouvez pas, vous manquez de performance. Et c’est ce qui fait augmenter l’écart entre les écuries de pointe et les plus lentes. Si vous rendez plus large cette fenêtre de fonctionnement, alors, simplement, vous aidez les équipes qui ont des difficultés avec les pneus. Et les écarts se resserrent en course. »
« Mais cette histoire est terminée aujourd’hui, elle l’était même avant le Red Bull Ring. Si vous avez besoin de la majorité pour changer ces spécifications, alors, il n’y aura jamais d’opportunités pour y arriver. »
« Nous sentons, chez Ferrari, que c’est dommage. Cela aurait été préférable pour le spectacle. Même le processus en lui-même devrait être amélioré, parce que nous n’avons aucune voix au chapitre pour modifier les spécifications des pneus pendant une saison. La seule possibilité que nous ayons, c’est de pouvoir changer les pneus, à la majorité des voix. Donc la FIA devrait réfléchir à tout cela. »
Sur le plan technique et aérodynamique, Ferrari souffre, c’est entendu ; sur le plan des pilotes, la motivation de Sebastian Vettel pose également problème : l’Allemand par exemple, en qualifications, à Silverstone, était totalement transparent, en finissant à une demi-seconde de Charles Leclerc… En course, il s’est accroché avec Max Verstappen. Y a-t-il un problème Sebastian Vettel selon Mattia Binotto ?
« Seb est très heureux chez Ferrari pour le moment. Il serait plus heureux s’il gagnait des courses, et avec une voiture plus performante. Mais il veut toujours vraiment courir, gagner. Son rêve, son unique objectif, c’est de gagner avec Ferrari. Donc sans aucun doute, il considère toujours son avenir comme une personne qui est tout à fait engagée et intéressée par notre projet. »
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