La saison 1999 pour Ferrari : une rédemption inachevée

En 2021, Max Verstappen a été titré au classement pilotes, mais c’est Mercedes qui l’a emporté au classement des constructeurs. Dans l’histoire de la F1, c’est la 11e fois seulement qu’une telle dissociation de vainqueurs, entre les pilotes et les constructeurs, se produit, depuis la création du premier championnat des constructeurs en 1958, remporté par Vanwall. Si le titre pilotes est le plus prestigieux (dixit Christian Horner), le titre constructeurs est pourtant celui qui rapporte le plus d’argent. Naturellement, ce phénomène très minoritaire (17 % des championnat) augure de saisons très disputées, où les titres se jouent à peu de choses – quand ils ne dépendant pas d’événements improbables voire de drames. Tour d’horizon de quelques saisons…

1999 : Hakkinen titré, trois Ferrari aussi

Eddie Irvine a failli être titré avant Michael Schumacher chez Ferrari ! Le sort eût été très injuste pour le Kaiser, qui était bien sûr le pilote numéro 1 de la Scuderia depuis son arrivée en 1996, tandis que son coéquipier était un porteur d’eau. Et pourtant au Grand Prix du Japon, Irvine comptait 4 points d’avance sur la McLaren de Mika Hakkinen pour la dernière course. Ferrari en comptait elle 4 sur McLaren.

Comment en était-on arrivé là ? Il faut remonter au Grand Prix de Grande-Bretagne 1999 pour le comprendre : la Ferrari de Mick Schumacher avait alors subi une défaillance et tiré tout droit à Stowe. Ce crash à plus de 200 km/h ne laissa pas Michael Schumacher indemne : sa jambe fut cassée.

Michael Schumacher dut alors manquer six Grands Prix, laissant sa place à Mika Salo chez Ferrari. Irvine eut donc une promotion inespérée, celle de pilote numéro 1.

Immédiatement, Irvine ne déçut pas : victoire en Autriche, victoire en Allemagne, avec même un doublé suite à la 2e place de Salo. Michael Schumacher devait autant apprécier que jalouser les performances de son coéquipier, ainsi relancé dans la lutte pour le titre.

Mika Hakkinen, qui connut 5 courses sans point dans la saison contre 2 pour Irvine, payait son manque de régularité et bientôt, ô surprise, Irvine était en lice, au dernier Grand Prix pour être sacré champion du monde.

Cependant à Suzuka… cependant ce fut Mika Hakkinen qui triompha. Michael Schumacher termina dans sa roue, incapable de le rattraper. Quant à Irvine, il pointait à plus d’une minute. Hakkinen avait de toute manière l’avantage au nombre de victoires et une manœuvre d’équipe aurait tout de même titré le pilote McLaren.

Pour deux petits points donc, Mika Hakkinen devint champion du monde pour la deuxième fois consécutive.

Mais là où Irvine perdit le titre pilotes, Coulthard sans doute fit perdre le titre au classement des constructeurs pour McLaren. Ou plutôt la fiabilité de sa monoplace. En effet dans la deuxième moitié de la course, la boîte de vitesses de la monoplace made in Newey lâcha. Sans cette avanie, Coulthard, qualifié 3e, aurait sans doute pu assurer le double titre à McLaren.

Un succès annonciateur pour Michael Schumacher

Pour la première fois depuis 1994, un pilote fut titré sans que son équipe ne remportât le titre constructeurs.

Cette dissociation pilotes/constructeurs est-elle cependant due moins à une performance serrée des deux voitures de tête, qu’à un accident malvenu (contrairement à 2008 ou 2021 par exemple) ?

Car certainement, sans blessure de Michael Schumacher, l’Allemand aurait pu assurer les deux titres mondiaux pour son équipe, tant la F399 apparaissait comme la monoplace à battre en cette année. Si Irvine avait failli battre Mika Hakkinen, qu’aurait donc pu faire Schumi ? Bien plus sans doute qu’une place de vice-champion.

En tout état de cause, Ferrari avait tout de même réussi son année : la F399 était une monoplace championne, et Ferrari remporta son premier titre depuis 1983.

Cette saison 1999 fut ainsi à la fois un déchirement, un soulagement et un présage pour Ferrari : la domination, entrevue en 1999, se concrétiserait de manière probante en 2000, avec le sacre de Michael Schumacher à… Suzuka. Rédemption !