La grogne monte dans le paddock face au rythme effréné de la F1

Certains membres d’équipes veulent déjà démissionner

Par Emmanuel Touzot

18 juillet 2020 - 10:21
La grogne monte dans le paddock (...)

Après sept mois de pause, la Formule 1 a repris à un rythme phénoménal avec trois courses consécutives. Le calendrier sera agencé par groupes de trois courses avec une semaine de pause au milieu au moins jusqu’à début septembre, et il se pourrait que deux courses viennent s’ajouter à la suite du GP de Russie, formant un quatrième "groupe" de trois courses.

Un rythme effréné qui aura tôt fait de fatiguer les membres d’équipes, qui s’en sont plaints auprès du journal The Sun, qui révèle ce samedi des envies de démission dans diverses équipes, et des mécaniciens déjà au bord de l’épuisement.

La critique principale formulée par ceux-ci est la différence de traitement entre le personnel qui agit dans l’ombre, que sont les mécaniciens, ingénieurs, et autres travailleurs des équipes, et les pilotes et managers qui ont un train de vie moins contraignant malgré un paddock fermé et fonctionnant par bulles.

"Je suis au plus près de partir que je ne l’ai jamais été, j’ai l’impression de faire partie d’une expérience" a lancé un membre d’équipe resté anonyme au Sun. "Je suis pas loin d’en avoir fini avec ça."

"Ma famille me manque et je suis les règles quand les pilotes et le management rentrent à la maison chaque semaine. Mais moi, je dois obéir aux règles et rester dans ma bulle. Apparemment, la fortune et le statut vous immunisent."

Le retour à Monaco de Valtteri Bottas et Charles Leclerc, ce denier en ayant profité pour aller au restaurant entre amis, avait fait beaucoup de bruit entre les deux courses disputées sur le Red Bull Ring, et la Hongrie n’offre guère plus de satisfaction aux membres des équipes, puisque les Britanniques doivent rester confinés sous peine d’une lourde amende et d’un risque de faire de la prison.

Le format de ’triple header’ avait été testé en 2018 et abandonné en 2019 après que les membres des équipes s’étaient plaints d’un enchaînement trop fatigant. Aujourd’hui, avec l’autorisation de travailler plus tard grâce à un couvre-feu réduit, ce rythme devient intenable.

"Ils ne feront rien au sujet du couvre-feu tant que personne ne mourra. Retarder le couvre-feu d’une heure et demie coûte du sommeil à tout le monde. C’est la même chose que conduire lorsqu’on est fatigué" a déclaré un autre employé.

Lewis Hamilton, qui n’a pas quitté l’Autriche entre les deux premières courses et est allé directement en Hongrie après, et le Britannique exprimait récemment ses craintes qu’une fois l’excitation du début de saison passé, ce rythme puisse devenir très difficile.

"C’est un sujet intéressant" a déclaré le sextuple champion du monde. "Après avoir eu si longtemps sans compétition, c’est excitant pour tout le monde de plonger directement sur trois courses, tout le monde est enthousiaste. Mais c’est bizarre de ne pas pouvoir rentrer chez soi entre les courses."

"Pour l’instant, ce n’est pas un problème selon ce que j’en sais, mais je pense que ce sera exténuant après les trois triple headers que l’on aura. Les hommes et femmes dans l’équipe gardent souvent leurs sentiments pour eux et canalisent cela dans leur travail, c’est ce que l’on fait. Personne ne se plaint, mais il faut gérer cela, ce n’est que cette année que ça va se produire, je croise les doigts."

Un avis que partage Lando Norris, qui souligne l’abnégation de son équipe : "De mon côté, ça va et je suis heureux et énergique. Mais après tout ça, ce serait bien d’avoir une pause. Je suis parti il y a trois semaines, mais c’est encore pire pour les mécaniciens et ingénieurs que pour les pilotes, en termes d’heures passées sur le circuit."

"Ils doivent être présents à des horaires stupides pour travailler sur les voitures et ils bossent jusqu’à des heures stupides le soir pour que tout soit prêt le lendemain. Puis le dimanche, ils doivent tout démonter et préparer la voiture pour l’amener à l’événement suivant."

"Ce sont ceux qui méritent le plus de respect en termes d’heures de travail. Ils ont un entraîneur qui les surveille physiquement mais peu importe qui vous êtes, trois semaines de suite à voyager et à travailler tard va faire mal à votre corps, peu importe ce que vous faites. Ce sont les vrais héros."

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