La F1 ressemble-t-elle trop à l’endurance ?
Les critiques de Coulthard et Jordan
La F1 ressemble-t-elle trop, désormais, à l’endurance ?
C’est la critique qui a été formulée par l’ancien pilote McLaren, David Coulthard.
Economie d’essence, de pneus, gestion de l’énergie… cette évolution tactico-écologique de la F1 n’est pas trop du goût de l’Ecossais – lui qui roulait au temps des V12.
« Ce que je n’ai pas particulièrement apprécié ces dernières années, ce n’est pas que la Formule 1 reste le plus remarquable terrain d’expérimentation de la technologie… »
« C’est vrai - ces voitures sont des œuvres d’art techniques et elles sont tout simplement incroyables à regarder. »
« Mais le fait qu’elles soient presque aussi lourdes qu’une voiture de sport me gêne un peu. Je n’ai pas vraiment apprécié la période actuelle, qui est en train de se refermer, où il y avait beaucoup de "lift-and-coast", d’économie de carburant - parce que nous avions les 100 kilogrammes maximum par course - ou c’est devenu un peu plus que cela sur la restriction de carburant (maintenant 110kg). »
« Nous avions des débitmètres de carburant et des choses comme ça. Tous ces changements de règles ont rapproché la F1 des courses d’endurance, plutôt que de ce que je pense être le Grand Prix. »
Coulthard est déçu par un élément en particulier : tous les pilotes devraient pousser leurs F1 à leur limite. Tout le temps. Sauf que...
« Le Grand Prix est d’une longueur maximale de 305 kilomètres. En règle générale, la course la plus longue dure environ deux heures. »
« La plupart des courses durent environ 90 minutes. C’est un sprint... Or je pense que les voitures les plus rapides doivent être conduites à la limite. Je me sens mal à l’aise quand j’ai eu l’impression qu’ils (les pilotes) étaient en train de se ménager, d’économiser du carburant et des pneus, et de se préparer à déployer leurs talents de manière stratégique pour gagner la course. »
« L’objectif, bien sûr, est toujours le même, mais c’est ce que je n’ai pas particulièrement apprécié. »
Coulthard ne serait pas contre un retour d’une bataille des pneus entre deux manufacturiers.
« Je ne pense pas qu’il y ait actuellement un désir d’avoir une compétition de pneus, mais je pense que ce serait mieux. Parfois, c’était Pirelli qui avait le bon pneu pour le circuit et parfois, disons pour les besoins de la discussion, c’était Bridgestone qui avait le bon pneu. Vous auriez naturellement ce changement de circuit en circuit basé sur la seule chose qui touche le sol, à savoir les pneus. »
La F1 est cependant consciente de ces limites. Pirelli est d’ores et déjà en train de développer un pneu permettant de plus attaquer, avec moins de surchauffe. Et pour 2026, le poids des F1 devrait aussi diminuer, permettant aux pilotes de davantage pousser également. Enfin, la F1 essaiera de ne pas sacrifier le bruit produit par les V6, en dépit de la montée en puissance de l’électrique.
Une évolution que salue Coulthard.
« J’ai l’impression que le sport a définitivement pour objectif d’avoir des voitures plus bruyantes - parce que le bruit est la bande-son de la F1. »
« Le volume est important lorsque vous transmettez une passion aux gens. »
« Les F1 sont telles qu’elles le sont aujourd’hui… nous l’avons vu au Qatar cependant, les pilotes devaient faire un nombre de tours maximum par pneu. »
« Les pilotes étaient alors comme des gladiateurs. Ils sortaient de la voiture ruisselants de sueur et avaient l’air de s’être battus, d’avoir été en difficulté et j’ai trouvé cela fantastique à voir. »
Jordan n’aime pas les dépassements grâce à la stratégie
Eddie Jordan, de son côté, a un autre élément qui ne le ravit pas dans la F1 actuel : le poids de la stratégie, des arrêts aux stands et notamment de ’l’undercut’.
Il voudrait plutôt que les pilotes se combattent et se dépassent en piste.
« Oui, je comprends mais... des gens qui essaient de dépasser les pilotes dans les stands. Est-ce vraiment ce que nous voulons voir ? »
« Je veux voir les pilotes se dépasser sur la piste, je veux voir les gars se disputer l’intérieur de la trajectoire ; et, quand ils pensent qu’ils peuvent suivre quelqu’un et aller dans les stands un tour plus tôt et sortir avec les nouveaux pneus et aller vite... très bien, c’est de la stratégie et l’équipe aime ça. »
« Mais ce n’est pas vraiment ce que les spectateurs veulent voir. Ils veulent voir des manœuvres de dépassement et ils ne veulent pas les voir dans les tribunes. Je suis donc contre cela et absolument contre le poids des F1, qui augmente. »
« Je crois que notre Jordan de 1991 était à 570 kilogrammes ou quelque chose comme ça, et c’était avec le pilote. Ces F1 étaient minuscules et aujourd’hui, les voitures doivent peser 50 % de plus qu’à l’époque. »
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