La F1 peut-elle retirer un titre au bout de neuf mois ?

Les patrons des équipes s’expriment sur le sujet

Par Emmanuel Touzot

2 octobre 2022 - 10:05
La F1 peut-elle retirer un titre (...)

Le dépassement du plafond budgétaire qu’auraient effectué Red Bull et Aston Martin F1 pose le problème de sanctions arrivant possiblement plusieurs mois après la fin de la saison concernée.

En extrapolant au maximum, on pourrait envisager qu’un titre pilotes ou constructeurs puisse se perdre, un jour, dix mois après son attribution. Les équipes rendent les comptes complets en mars, mais le processus d’étude de la FIA repousse le rendu des conclusions à octobre.

Pour Laurent Mekies, il est difficile d’éviter ce genre de conséquences avec la manière dont est écrit le règlement. Le directeur sportif de Ferrari s’inquiète toutefois davantage sur l’effet que ces règles ont sur l’avenir, plus que sur le passé.

"Il s’agit d’un territoire inconnu pour l’instant. Il y a une gouvernance claire qui est écrite par la FIA sur la façon dont ils vont gérer cela et il y aura un panel qui devra décider de la réponse à votre question" a déclaré le Français.

"Je pense que nous savons que c’est l’un des inconvénients de ces règlements, mais comme nous le voyons, nous savons aussi qu’il y a plus d’avantages et d’inconvénients dans ces règlements. Et peut-être qu’il y a aussi une question encore plus importante : quel avantage reportez-vous aux championnats suivants ?"

"C’est probablement la première question à laquelle nous voulons répondre. Donc, s’il y a eu une infraction en 2021, quel avantage est reporté en 2022 ? Et en 2023 ? Ensuite, vous pourrez discuter du moment de la sanction et de la manière de la rendre significative."

Vasseur et Steiner veulent punir les conséquences

Frédéric Vasseur, le directeur d’Alfa Romeo F1, rejoint le point de vue de son compatriote : "Je n’ai rien à ajouter. Au final, il est vrai que l’avantage que vous obtenez en 2021 ou 2022, vous le reporterez sur les années suivantes."

"Et comme l’a dit Laurent, c’est le revers de la médaille parce que l’inspection financière arrive un an après. Mais il faut faire avec parce que je pense, encore une fois, que le règlement financier a été le grand progrès de ces dix dernières années."

Günther Steiner pense quant à lui que le plus important est de différencier les effets provoqués par ces dépassements : "Tout d’abord, nous devons découvrir ce que c’était et ensuite, il y aura une pénalité. Ils décideront si ça a créé un avantage pour l’avenir. Je pense que c’est la question la plus importante, à mon avis. Et puis il devrait y avoir des pénalités pour le passé, pour l’avenir, pour toujours."

Du côté de Williams F1, Jost Capito préfère rester prudent : "Je pense que c’est une question pour la FIA. Je pense que nous devons attendre jusqu’à ce que nous ayons l’examen final et nous ne savons pas si quelqu’un n’a pas respecté le plafond des coûts ou pas. Tant que nous ne le savons pas, je pense qu’il n’est pas utile de discuter des pénalités."

Seidl : Il faut "accepter" ce retard

Pour le directeur de McLaren F1, Andreas Seidl, le risque de voir un championnat se jouer sur tapis vert plusieurs mois après sa conclusion est un mal nécessaire pour avoir un plafond budgétaire en Formule 1.

"Je suppose que nous devons accepter qu’avec les règlements financiers en place, et ce n’est pas seulement spécifique à la Formule 1, il y aura toujours un résultat financier d’une équipe qui arrivera beaucoup plus tard que le résultat réel de la dernière course du championnat."

"Je pense que nous étions tous conscients de cela en entrant dans cette nouvelle ère de la Formule 1. Et au final, c’est à nous, les équipes, de nous assurer que nous ne dépassons pas le plafond. En fin de compte, le Règlement financier est maintenant aussi important que les règlements sportifs et techniques."

"Il n’y a pas de différence. Il est très important que la FIA s’assure qu’elle les contrôle correctement, les applique et mette en place des sanctions appropriées en cas d’infraction, même si cela affecte les résultats du championnat dans le passé."

L’un des principaux concernés par cette affaire, Christian Horner, n’est pas étonné que les résultats paraissent si tard. Le directeur de Red Bull rappelle la tâche colossale que cela représente, ainsi que la jeunesse de ce règlement.

"C’est un sujet et une tâche énormes pour la FIA, les différentes structures comptables des différentes équipes, les différentes constructions et propriétés des équipes. Il y a énormément de choses avec lesquelles ils ont dû essayer de se mettre au diapason."

"Et bien sûr, au cours de cette première année, il y aura inévitablement beaucoup de leçons à tirer, à la fois pour la FIA et inévitablement pour les équipes. J’espère donc que dans les années à venir, ce processus pourra être considéré comme nettement plus rapide, en gardant à l’esprit que les soumissions ont été faites en mars pour 2021."

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