La F1 est-elle à l’aube d’une révolution avec l’IA ?
Evolution ou révolution ?
L’IA est en train de révolutionner la société, mais révolutionne-t-elle aussi la F1 ?
Directrice des systèmes d’information chez Aston Martin F1, Clare Lansley, est à l’avant-poste de ce bouleversement technologique… mais avec quelques implications concrètes dans le sport ?
Pour Lansley, la révolution de l’IA changera la manière de traiter les gigabytes de données qu’une équipe amasse par week-end. Et quand l’on sait que les données sont un élément important de la performance, cela pourrait effectivement changer la donne.
« La Formule 1 est à la pointe de la science et de la technologie. Dans un environnement ultra-compétitif où l’exploitation des marges les plus fines peut conduire aux gains les plus importants, la logique veut que, lorsqu’une révolution technologique se profile, les écuries de F1 s’empressent de la saisir. »
« C’est ce qui se profile avec l’IA. Elle va changer le monde et, alors qu’elle n’en est qu’à ses débuts, une énorme opportunité s’offre à ceux qui, sur la grille de départ, la comprendront et l’exploiteront le plus efficacement possible. »
« Le sport est au bord d’un changement massif avec l’IA. Les équipes qui adoptent activement l’IA et l’utilisent déjà peuvent s’attendre à des gains de compétitivité significatifs sur la piste. »
« C’est pourquoi nous évaluons la meilleure façon de déployer l’IA dans notre équipe, avec le soutien de nos partenaires de Cognizant. »
« Cognizant nous a vraiment aidés en nous fournissant une stratégie de données pour optimiser l’arrivée de l’IA. Grâce à leur aide, nous avons pu gérer les données de manière plus efficace et plus efficiente. »
« En tant qu’industrie et, plus particulièrement, en tant qu’équipe, nous voulons être guidés par les données, être prêts pour la course. »
« Tout ce que nous faisons sur la voiture génère des données - et nous considérons que l’IA est en train de devenir un facteur clé de différenciation des performances dans le sport ; un élément qui apportera des gains d’efficacité significatifs à l’équipe sur toutes sortes de fronts. »
« L’IA peut faciliter la prise de décision en analysant de vastes volumes de données historiques, qui peuvent à leur tour être utilisées pour prédire les réglages optimaux de la voiture pour un circuit donné. Il est possible de comparer les résultats de la simulation aux données réelles de la voiture et l’IA est en mesure de suggérer des améliorations de manière proactive. »
« Mais ce qui mérite d’être souligné, c’est la vitesse à laquelle tout cela peut être entrepris : c’est vraiment impressionnant. En adoptant cette technologie, nous allons pouvoir libérer plusieurs ingénieurs afin qu’ils puissent se concentrer davantage sur les performances de la voiture. »
Lansley donne des exemples concrets de ces évolutions : par exemple, quand la direction du vent change, l’IA pourra immédiatement prédire l’évolution des conditions de piste et ainsi aider aux changements de réglages...
« L’intégration des données dans un « lac de données » - un centre de stockage unique, massif et non cloisonné - est le point de départ de l’aventure de l’IA. Une fois qu’elles y sont, nous pouvons appliquer les bons outils d’analyse, et c’est là que l’apprentissage automatique entre en jeu. »
« L’apprentissage automatique est la capacité d’apprendre à partir de grandes quantités de données afin de prédire des modèles : il a des applications fantastiques en stratégie de course - il peut combiner les données sur les pneus, les informations météorologiques, les conditions de piste et utiliser l’analyse prédictive et en temps réel pour tracer les scénarios de prise de décision optimaux. Donc, si la direction du vent a changé, quel est l’impact sur les performances aérodynamiques ? Que pouvons-nous changer sur la voiture pour l’atténuer ? Ou comment un changement de configuration de la piste affecte-t-il la consommation de carburant ? »
« Il ne s’agit donc pas seulement d’étudier des informations historiques - que toutes les équipes archivent - mais aussi d’analyser à la volée d’énormes quantités de données en direct afin de mettre en évidence de manière proactive ce que nous devrions faire. »
« À l’heure actuelle, nous évaluons activement la technologie de l’IA afin de déterminer où elle peut le mieux apporter une valeur ajoutée. Nous développons activement nos capacités et les fondations sont en place. »
« Le lac de données permet à l’équipe de consolider toutes les données en un seul endroit, de sorte que tous les départements concernés par la performance puissent à la fois les utiliser et les alimenter. »
« Je pense que tout le monde veut sauter dans le train de l’IA ; tout le monde veut prouver sa technologie. En fin de compte, il s’agit d’algorithmes massifs et de la manière dont vous les utilisez, mais ils sont complexes et fonctionnent à la vitesse de la lumière, il s’agit donc de les utiliser de manière responsable et de s’assurer que l’ensemble des données est précis et fiable. Cela demande énormément d’efforts, de matière grise et de configuration. C’est une mission à long terme. »
« Pour l’instant, il s’agit vraiment de comprendre et de maximiser l’ampleur de cette opportunité : bientôt, nous pourrons nous adresser à nos ingénieurs de performance principaux et leur demander quel est l’élément le plus important de leur charge de travail qu’ils aimeraient voir automatisé. Il s’agit là d’une proposition incroyablement intéressante et attrayante, à la fois en termes de gestion de la charge de travail et d’optimisation des performances. »
Pas de licenciements en vue à cause de l’IA ?
Une question doit cependant être posée : l’IA ne va-t-elle pas servir à alléger la masse salariale et licencier des employés ? Non, selon la responsable d’Aston Martin F1.
« Non, il ne s’agit pas de dire que la machine va remplacer les gens. Au contraire, elle permettra à la machine de faire le gros du travail, permettant ainsi à l’ingénieur expérimenté de prendre une décision éclairée qui pourrait faire la différence entre la première ou la deuxième place. »
« Vous aurez toujours besoin de personnes capables d’agir sur la base des recommandations de l’IA, et celle-ci permettra aux membres déjà hautement qualifiés de notre équipe d’en faire plus. Par exemple, dans le département aérodynamique, des personnes reçoivent une formation polyvalente en IA afin de pouvoir utiliser les outils pour dynamiser leur travail. »
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