La F1 devient un ‘championnat du monde de comptabilité’ pour Horner
Bientôt plus de comptables que d’ingénieurs dans les bureaux ?
Les budgets plafonnés font polémique et divisent le paddock cette année et pourtant… leur mise en place comporte encore beaucoup d’exceptions.
En particulier le salaire des pilotes et des patrons d’équipe (les 3 plus gros salaires dans chaque écurie), sans compter les dépenses marketing, de bien-être pour les employés ou d’investissements. Ou bien sûr les budgets moteur.
On n’en est donc peut-être qu’au début de l’ère des budgets plafonnés…
Chez Ferrari, est-on prêt à prendre en compte désormais dans le plafond le salaire des pilotes ? Et du senior management ?
Mattia Binotto est le premier concerné : s’apprête-t-il à devoir bientôt réduire son salaire ? On sent à sa réponse, fuyante, qu’il espère repousser l’échéance le plus possible !
« C’est un point dont nous avons commencé à discuter il y a maintenant un mois avec toutes les équipes, la F1 et la FIA. Nous comprenons l’importance d’essayer d’une manière ou d’une autre de limiter les dépenses globales. Il est évident qu’il n’y a pas que les trois personnes clés de l’équipe, il n’y a pas que les pilotes, il y a aussi le moteur et l’unité de puissance, pour lesquels il y aura un plafond budgétaire à l’avenir. »
« Donc, encore une fois, nous en discutons, il n’y a pas de solution simple, en particulier pour les plafonds salariaux des pilotes. Mais il ne fait aucun doute que nous en discutons et que nous essayons de comprendre ce qui pourrait être une solution. Ce ne sera pas à court terme, car nous avons déjà des contrats en place et nous ne pouvons pas simplement les rompre. Il y a des implications juridiques, certainement pour comprendre comment le faire, donc c’est une discussion. C’est une discussion importante, nous la comprenons et nous reconnaissons que cela prendra du temps, mais nous allons certainement suivre ce processus. »
En furie contre les budgets plafonnés pour le moment, Christian Horner prévient la FIA : le règlement financier est tellement complexe qu’il y aura bientôt plus de directeurs financiers que d’ingénieurs dans chaque équipe !
Là encore, on sent que l’envie du patron de Milton Keynes de durcir les budgets plafonnés est tiède, très tiède...
« Oui, le principe d’un plafonnement est justifié. Son application est délicate. Et nous le voyons et nous le vivons en ce moment. Et bien sûr, il y a énormément de choses à régler dans le cadre du plafond existant que nous avons, qui est en train de devenir un plafond pour les moteurs également. Je veux dire, il y a toutes sortes de complications avec les structures des entreprises, etc, etc. Donc, il y a beaucoup, beaucoup de complexités, mais nous devons aller au-delà de cela. »
« Et personnellement, je pense qu’on accorde trop de poids et de pression au plafond en ce moment. Il faut regarder où sont les facteurs de coût. Et en tant que Formule 1, nous devons mieux examiner les règlements techniques, les règlements sportifs, parce que nous continuons à concevoir et à fabriquer des voitures très coûteuses. »
« Vous savez, le règlement des moteurs pour 2026… Il n’y a rien de bon marché là-dedans. Et c’est ce qui met ensuite une pression artificielle sur la réglementation financière. Nous allons nous retrouver avec plus de personnes dans notre département financier que dans le bureau de design. Et ce que nous ne voulons pas voir, c’est que la Formule 1 devienne un championnat du monde de comptabilité, vous savez, plutôt qu’un championnat technique ou sportif. Nous devons trouver un juste équilibre et revoir certains principes fondamentaux, notamment voir pourquoi la construction de ces voitures coûte-t-elle si cher ? »
Andrew Shovlin, ingénieur de course en chef chez Mercedes, est lui aussi contre l’extension immédiate des budgets plafonnés : il vaut mieux que la F1 règle ses soucis actuels avec, comme une inflation incontrôlable et vertigineuse.
« En général, il ne fait aucun doute qu’un plafonnement bien pensé peut être bénéfique pour le sport. Et ce sont tous les domaines que nous envisageons d’intégrer à l’avenir, et il faut qu’ils soient réalisables. Mais si vous regardez la situation actuelle, la limite budgétaire du côté du châssis a été introduite, et ce n’est pas... Pour le moment, il est très difficile de voir comment cela va fonctionner dans le climat actuel. »
« Donc, bien que ces sujets soient très utiles et qu’ils figurent à l’ordre du jour pour de très bonnes raisons, c’est le problème immédiat le plus important... Nous devons prouver que nous pouvons avoir un plafond qui fonctionne pour les équipes et pour le sport. Et de mon point de vue, ce serait la priorité. »
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