L’exploit inachevé de Monaco : Mercedes F1 a eu ‘le cœur brisé’ pour Schumacher en 2012
Les ingénieurs reviennent sur cet épisode marquant
Le retour de Michael Schumacher en F1, chez Mercedes, entre 2010 et 2012, fut traversé d’embûches, avec plus de bas que de hauts. A bien des égards la saison 2012 fut une des plus accomplies pour le Kaiser à Brackley : podium à Valence, au terme d’un Grand Prix exceptionnel, et surtout pole remarquable à Monaco (Nico Rosberg, dans l’autre Mercedes, faisant alors 3e, derrière la Red Bull de Webber).
Pole position ou plutôt… meilleur temps en Q3. Car Michael Schumacher devait être relégué de 5 places sur la grille, après application d’une pénalité obtenue lors de la course précédente à Barcelone. Finalement MSC ne verrait pas l’arrivée de la course (pression d’essence).
James Vowles qui était alors le chef stratégiste de Mercedes (et qui l’est toujours) se rappelle de ce moment paradoxal, au micro du podcast "Beyond the Grid".
« J’étais aux anges et je pense que c’était l’un des meilleurs tours qu’il ait jamais fait dans sa vie... mais j’avais le cœur brisé, vraiment le cœur brisé pour lui car c’est un gars dont nous voulions tous - autour de cette table et au sein de l’usine - qu’il gagne une course, parce qu’il le méritait franchement. Et il a mis tellement d’efforts dans l’équipe et tellement de sa vie dans l’équipe que c’était une revanche pour lui et c’était son opportunité pendant l’année. »
« Et j’ai eu le cœur brisé par le fait qu’il ait été pénalisé sur la grille lors de cette course. J’ai ressenti pour lui - je le ressens encore maintenant… il n’a pas eu tous les résultats qu’il méritait compte tenu de ce qu’il investissait dans l’équipe. »
Directeur sportif chez Mercedes, Ron Meadows, surenchérit : alors que Nico Rosberg s’imposa dès la Chine pour Mercedes (premier succès depuis l’ère Fangio), Michael Schumacher ne put jamais connaître la victoire avec sa dernière équipe en F1.
« Compte tenu de la façon dont il nous a aidés à nous améliorer, je pense que mon plus grand regret a certainement été de ne pas voir Michael gagner une course pour nous, parce qu’il était un niveau différent de pilote avec lequel nous avions jamais travaillé à ce moment-là. »
« Je crois vraiment, nous voulions tous qu’il gagne. Mais ça ne s’est pas produit. Quelques années plus tard, nous n’avons pas pu nous arrêter de gagner et le mérite lui revient en partie ; parce que si nous gagnons aujourd’hui, c’est en grande partie grâce à lui, car il nous a rendus meilleurs. »
Mais Michael Schumacher, à 43 ans en 2012, était-il encore le même Michael Schumacher que des années Ferrari ? Vowles en doute aujourd’hui... La comparaison avec le jeune Nico Rosberg en était rendue plus cruelle.
« Ce qui n’a peut-être pas été relevé par le passé, c’est que l’une des choses qui le rendait incroyablement fort [sa capacité à relever les erreurs et à s’améliorer] est en fait quelque chose que nous avons retenu maintenant : car il savait où il était faible et il acceptait ses faiblesses et essayait de les améliorer tout le temps. »
« Il avait des lacunes dans la façon dont il était capable de piloter la voiture par rapport à Nico, mais il était très conscient de cela et faisait ce qu’il pouvait pour remédier à ces domaines. Mais il y avait des éléments qui, en vérité, étaient en partie dus à l’âge, où il savait qu’il n’y aurait aucune aide ou quoique ce soit. Je pense qu’il savait aussi que c’était son heure. »
« Je souhaitais simplement qu’il gagne cette course parce s’il avait fait une année de plus, cela aurait été une année fantastique pour lui. »
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