L’avenir de Mercedes en F1 : pourquoi une décision-choc le mois prochain est possible
Et si Daimler décidait de redevenir simple motoriste en F1 ?
En octobre dernier, NextGen-Auto.com énumérait les cinq raisons principales pouvant conduire le groupe Daimler (détenteurs de Mercedes et de Mercedes F1 par la même occasion) à envisager un choix drastique pour l’avenir de l’équipe – redevenir simple motoriste, sans avoir d’équipe d’usine officielle, comme avant le rachat de Brawn GP.
Mercedes et la F1 : les raisons d’un possible retrait
Les facteurs qui étaient pertinents en octobre dernier, le sont toujours aujourd’hui. Les voici pour rappel ; premièrement, le règlement 2021 risque de confronter Mercedes à une concurrence plus relevée, alors même que l’année 2020 sera une saison très dépensière, pour cette dernière année sans budgets plafonnés ; ensuite, le retour de McLaren comme équipe-cliente à compter de 2021, permettrait à Mercedes de retrouver la forte exposition qu’elle avait du temps de l’ère Mika Hakkinen ; de plus Mercedes dispose d’une autre porte de sortie très pertinente, celle qui mène à la Formule E, où le groupe allemand exploite pour la première saison son équipe officielle ; quatrièmement, l’avenir de Lewis Hamilton, désormais âgé de 35 ans, pourrait s’inscrire en pointillés ; enfin, le groupe Daimler, en difficulté financière, cherche à faire des économies – et alors que l’activité de motoriste est plutôt rentable, une équipe d’usine coûte très cher en F1.
Une décision sur l’avenir de l’écurie en F1 devrait être prise très bientôt, lors du prochain Conseil d’administration de Daimler, qui aurait lieu autour du 12 février prochain. Se tenir à ce calendrier est impératif : en effet, une équipe doit respecter un délai de neuf mois avant de quitter la F1, afin de respecter les Accords Concorde ; si Daimler annonce sa décision en février, Mercedes pourra ainsi quitter, sans frais, la F1 à la fin de la saison 2020.
Autrement dit, dès le mois prochain, une décision-choc pourrait bouleverser le futur visage de la F1. Selon plusieurs sources britanniques, cette piste de retrait serait « considérée avec beaucoup de sérieux » par le CA de Daimler.
Une hypothèse confortée par les développements de ces dernières semaines...
La fin de l’aventure de Mercedes en F1, comme écurie d’usine, reste donc, plus que jamais, d’actualité… et elle a même gagné en crédibilité compte tenu des derniers développements.
Tout d’abord, la situation financière de Daimler a été loin de s’améliorer depuis octobre dernier. Mercedes a récemment publié ses objectifs d’économies d’ici fin 2022, et ils sont considérables : 1,4 milliard d’euros. La nécessité de respecter les contraintes fixées par l’Union Européenne (émissions carbone), les lourds investissements à consentir pour assurer la transition vers l’électrique, le Brexit, et le ralentissement du marché chinois (même allégé des perspectives de guerre commerciale avec les États-Unis), contraignent Daimler à se serrer la ceinture.
Or sabrer le budget de l’équipe d’usine permettrait, d’un seul coup, d’économiser plus de 600 millions d’euros…
D’autres informations récemment publiées accréditent également l’idée d’un possible retrait de Mercedes comme équipe d’usine.
Les rumeurs ont ainsi fleuri récemment autour d’un possible rachat de l’équipe par Toto Wolff, ou Lawrence Stroll, le père de Lance. Les deux hommes pourraient faire alliance selon le plan suivant : Lawrence Stroll est actuellement en discussion pour racheter Aston Martin ; il pourrait certes faire de Racing Point (qu’il possède déjà en partie) l’équipe officielle d’Aston Martin en F1 ; mais pour bénéficier du savoir-faire et du prestige de Brackley (l’usine châssis de Mercedes), Stroll pourrait s’associer avec Toto Wolff pour racheter Mercedes F1 ; à eux deux, les hommes auraient les fonds suffisants pour mener cette lourde opération. Mercedes F1 deviendrait ainsi Aston Martin F1, et continuerait à utiliser des moteurs Mercedes.
Cette hypothèse condamnerait a priori l’écurie Racing Point, qui dépend des capitaux de la famille Stroll pour survivre. Mais dans le même temps, selon des sources anglaises, Stroll pourrait céder l’équipe au milliardaire russe Dmitry Mazepin, dont le fils Nikita a couru en F2 l’an dernier. La vente de Racing Point permettrait également à Lawrence Stroll de dégager des fonds supplémentaires pour Mercedes F1.
Bernie Ecclestone – qui connaît si bien les coulisses du business de la F1 - fait partie de ceux qui estiment que la piste du rachat par Toto Wolff est réaliste. « Toto veut être prêt si Mercedes part et décide de n’être que fournisseur moteur » a-t-il ainsi récemment déclaré. « Le fait que Mercedes n’ait pas encore signé les nouveaux Accords Concorde pour 2021 est étrange. »
Cette piste du rachat confronterait cependant Mercedes à un conflit d’intérêt, dans la mesure où Red Bull et Aston Martin sont actuellement liées de près dans le domaine des hypercars.
La troisième raison qui renforce l’hypothèse d’un départ de Mercedes F1 concerne le nouveau contrat de Lewis Hamilton et les difficultés des négociations actuelles. Le Britannique veut prolonger avec son équipe, mais il exige que son salaire passe de 40 à 60 millions d’euros, là où Mercedes en propose 45. A l’heure où Daimler doit faire des économies, pas sûr que cette exigence passe auprès d’Ola Kallenius, le président du CA…
C’est d’ailleurs ce qui a fait dire, tout récemment, à Helmut Marko, que Mercedes refuserait finalement de prolonger Lewis Hamilton : « Lewis est un sextuple champion du monde et il est très important pour Mercedes, tant sur le plan sportif que dans le domaine du marketing. Je pense qu’il est conscient de sa valeur, et c’est pour cela qu’il propose de tels chiffres. Mais je crois qu’aucune équipe, pas même Mercedes, ne sera prête à dépenser de telles sommes pour un pilote. Peut-être Ferrari. »
Et en effet, comme l’indique Helmut Marko, Lewis Hamilton a récemment avoué avoir rencontré les responsables de Ferrari, en vue d’un possible transfert pour 2021. A l’origine, il s’agissait sûrement d’une tactique utilisée par Lewis Hamilton pour faire monter les enchères sur son salaire ; mais le Britannique peut aussi penser qu’il a besoin d’un plan B, dans le cas où l’aventure Mercedes F1 s’arrêtait, ou prenait une tournure inattendue.
Bien entendu, l’ensemble des pistes ici évoquées sont à prendre au conditionnel. Toutes proportions gardées, il faut néanmoins se souvenir que des nouvelles-chocs, à l’image de la retraite surprise de Nico Rosberg en 2016, ne relèvent pas non plus de l’ordre de l’irrationnel. Au vu de la situation du groupe Daimler, ce serait même un choix rationnel…
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