Krack : Prolonger Stroll était le ’Plan A’ d’Aston Martin F1
"Il ne faut pas se laisser influencer par le marché des pilotes"
Ce n’est pas une surprise mais c’est désormais officiel : en marge du Grand Prix d’Autriche, Lance Stroll a été confirmé pour la saison 2025 et au-delà chez Aston Martin F1, où il continuera donc de former le duo de pilotes avec Fernando Alonso au sein de l’écurie appartenant à son père Lawrence.
Pour Mike Krack, le directeur de l’équipe basée à Silverstone, ce choix de poursuivre avec le Canadien n’est en ne peut plus logique alors que la Formule 1 débutera bientôt une toute nouvelle ère réglementaire.
"Depuis de nombreuses semaines, je dis que nous voulons de la continuité et de la stabilité. Je pense que c’est très important pour une équipe, surtout à l’aube d’une nouvelle réglementation. Et nous sommes très heureux d’avoir un line-up assez mature sur la piste. Nous connaissons nos principaux adversaires et il n’y a pas de querelle entre les deux voitures vertes. C’est quelque chose que nous avons vu ces dernières années. Nos pilotes travaillent très bien ensemble, poussent dans la même direction. Nous avons donc toujours voulu procéder de la sorte. Et évidemment, à ce stade et tout au long de la saison, je pense que les pilotes n’ont pas été notre principal problème. Nous sommes donc très heureux d’avoir fait cela maintenant et d’avoir apporté un peu plus de calme dans cette situation."
Si Stroll a été prolongé, il y avait aussi de très beaux noms encore disponibles sur le marché, notamment Carlos Sainz, qui n’a toujours pas confirmé sa future destination, tandis que Yuki Tsunoda, récemment prolongé chez RB F1, était lui aussi pressenti en raison du soutien de Honda. Krack n’a-t-il donc pas à un moment donné songé à remplacer le pilote canadien ?
"Je pense qu’il ne faut pas se laisser influencer par la situation sur le marché des pilotes. Il faut formuler ce que l’on veut, et nous avons été très clairs à ce sujet et nous avons poursuivi ces objectifs. Bien sûr, il faut toujours regarder ce qui existe et ce qui est disponible. Je pense que tout le monde a un plan B et un plan C, mais si vous pouvez faire en sorte que votre plan A se réalise, c’est ce qu’il faut faire."
L’équipe a "un long chemin à parcourir" pour améliorer sa F1
Maintenant que le duo de pilotes est connu jusqu’à fin 2026 minimum, Aston Martin F1 peut se concentrer à 100% sur la performance de sa voiture, qui n’est pas brillante ces derniers temps. La semaine dernière en Espagne, l’équipe britannique n’a en effet jamais été une candidate aux points, tandis que Stroll et Alonso ne font guère mieux en Autriche, où ils n’ont pas passé la SQ2 ce vendredi.
Mais Krack fait écho aux propos récents du double champion du monde espagnol : de telles difficultés à ce moment de la saison étaient attendues.
"Nous savions que Barcelone, Spielberg et Silverstone seraient difficiles pour nous, car nous avons des difficultés sur les circuits où les virages sont nombreux et où il y a beaucoup de virages à grande vitesse. Ce n’était donc pas une surprise. Nous avons couru avec la même voiture deux semaines auparavant à Montréal, où nous avons obtenu le plus grand nombre de points cette année. Cela montre à quel point les situations peuvent changer rapidement. De plus, je pense qu’à Montréal, vous courrez en air libre, ce qui facilite les choses."
"À Barcelone, ce n’est pas le cas. Nous avons eu beaucoup de dégradations là-bas et les choses ont empiré au fil de la course et il n’y avait pas grand-chose à faire. En fin de compte, il est toujours intéressant de voir à quel point les marges sont étroites en qualifications. Nous avons réussi à quelques fractions de centièmes au Canada. C’est ce qui dicte votre position, votre façon d’aborder la course, si vous courez à l’air libre ou non. Et cela fait une grande différence sur le résultat d’une course. Mais tout cela est plus facile si vous avez une voiture plus rapide, et c’est ce sur quoi nous devons travailler maintenant."
Pour qu’Aston Martin F1 reparte de l’avant, Krack concède qu’il faudra reprendre la main sur le développement de l’AMR24 étant donné que les évolutions n’apportent pas les effets escomptés.
"Je ne dirais pas que nous avons calé, mais je pense que d’autres équipes font clairement un meilleur travail que nous, et c’est quelque chose que nous devons sérieusement examiner. En Formule 1, il n’y a jamais qu’un seul facteur. Il y a toujours plusieurs facteurs qui interviennent, mais je pense que nous devons examiner de près l’aérodynamique, parce que c’est le différentiateur de performance numéro un en F1 et aussi la façon dont nous faisons ces choses. Je pense que nous avons compris certains de nos problèmes et que nous essayons de les résoudre aussi vite que possible. Mais nous avons encore un long chemin à parcourir."
La nouvelle soufflerie de Silverstone sera prête dans le courant de l’année, mais Krack indique qu’elle ne devrait rien apporter à la F1 de cette année, ni probablement à celle de 2025.
"La soufflerie ne sera pas aussi rapidement fonctionnelle. La voiture de l’année prochaine ne sera donc pas préparée dans la nouvelle soufflerie. Je pense que nous finirons par avoir tout ce dont nous avons besoin, mais nous ne l’avons pas encore. D’un autre côté, je pense que ce n’est pas une excuse. Vous devez faire de votre mieux avec les outils dont vous disposez, et nous pensons que nous ne l’avons pas fait."
"Si vous ne fournissez pas les performances promises aux pilotes..."
Fernando Alonso a publiquement demandé à son écurie de travailler davantage et de moins parler après le très décevant Grand Prix d’Espagne. Krack ferait-il partie des personnes visées ? En tout cas, le dirigeant luxembourgeois comprend le mécontentement actuel de son pilote.
"Évidemment, lorsque vous développez votre voiture au cours de l’année, vous avez une relation de travail étroite avec le pilote. Je pense que cela s’applique à tous les dirigeants. Et lorsque vous apportez des améliorations à la voiture, vous dites également aux pilotes ce que vous attendez d’eux. Si vous ne fournissez pas les performances promises, ils ne sont évidemment pas satisfaits. Et c’est, je pense, ce à quoi Fernando a fait référence. Je suis tout à fait d’accord avec lui. Il est temps d’agir et non de parler."
Outre le manque de performance, l’AMR24 est également une voiture qui semble difficile à conduire pour ses pilotes. Krack affirme d’ailleurs qu’il s’agit de l’axe de travail prioritaire de l’équipe.
"Les deux pilotes disent clairement à quel point cette voiture est difficile à conduire. Elle est très imprévisible. Parfois, il y a des moments où l’on se dit : ’Comment avons-nous pu prendre ce virage si vite ?’ Mais malheureusement, sur les 90 % restants du circuit, on se demande comment on peut être aussi lent. Si la voiture vous surprend, vous n’allez pas au maximum et il n’y a pas de confiance. Et je pense que la confiance est l’un des éléments les plus importants. C’est donc quelque chose qui s’explique assez facilement, que vous amplifiez les problèmes que vous rencontrez."
"Ceci étant dit, que faire pour y remédier ? C’est quelque chose que nous avons étudié en profondeur depuis que les deux dernières évolutions n’ont pas donné les résultats escomptés. Maintenant, nous avons cinq courses en six semaines. Nous connaissons les délais de livraison des pièces. Il faut faire pression pour que les pièces arrivent tôt, mais il faut aussi le faire avec diligence. Elles doivent être d’une qualité irréprochable, faute de quoi nous risquons d’être encore plus désavantagés. Il faut donc vraiment investir ce temps pour avoir des pièces de haute qualité et les fournir aussi rapidement que possible. Il faut donc savoir ce que l’on fait, mais il faut aussi les produire en respectant les spécifications, la qualité et la quantité."
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