Krack est tombé de sa chaise quand Stroll lui a demandé de diriger Aston Martin F1

Un profil d’ingénieur, pas de manager

5 février 2025 - 15:51
Krack est tombé de sa chaise quand (…)

Il fut peut-être le premier surpris à être appelé au poste stratégique de directeur d’écurie : Mike Krack.

Le Luxembourgeois a aujourd’hui quitté ces fonctions de ’team principal’ chez Aston Martin. Il a été remplacé par Andy Cowell, mais restera dans l’équipe comme directeur des opérations de piste.

Mike Krack fait partie des teams principals issus du monde de l’ingénierie.

Il débute sa carrière en 1998 comme ingénieur d’essais chez BMW avant de rejoindre Sauber trois ans plus tard, gravissant progressivement les échelons.

Il collabore ensuite avec Felipe Massa en tant qu’ingénieur de course, puis accède au poste d’ingénieur en chef. Il quitte la F1 fin 2009, et occupe diverses fonctions chez BMW et Porsche, où il dirige l’ingénierie en piste de l’équipe engagée en Championnat du monde d’endurance.

Mais comment est-il passé de l’ingénierie au management ? Cela remonte à de son retour chez BMW. Entre 2014 et 2022, il supervise les programmes de la marque en Formule E, IMSA et GT.

Sa carrière prend ensuite un tournant inattendu lorsqu’il reçoit un appel de Lawrence Stroll, propriétaire d’Aston Martin, lui proposant un poste au sein de l’écurie de F1.

Le pire est que Mike Krack était alors persuadé que Lawrence Stroll allait lui confier un poste technique ou d’ingénierie ! Il est donc bien surpris d’apprendre, sur le moment, qu’on lui offre la fonction de directeur d’équipe.

« Je m’attendais à un poste en ingénierie, car j’ai occupé des rôles d’ingénieur en F1 auparavant, » explique Krack dans une interview à Crash.

« J’ai exercé des rôles d’ingénieur pendant longtemps, même après mon passage en F1. Les fonctions de management ne sont venues que ces deux ou trois dernières années. C’est pour cela que je pensais que c’était principalement pour cette raison que j’avais été choisi. »

« Puis j’ai découvert que ce n’était pas un poste d’ingénieur et, en étant humble, je me suis dit : ‘Wow, c’est une tâche énorme’. Mais parfois, il faut saisir les opportunités et se demander ‘Suis-je prêt à sortir de ma zone de confort ?’ Car il y a beaucoup de domaines où l’on se sent moins à l’aise. »

« L’ingénierie, sans vouloir paraître arrogant, quand vous avez fait cela pendant si longtemps… vous connaissez vos références, vous savez ce qui rend une voiture rapide et ce qu’il faut faire. Mais dans un rôle de direction d’équipe, il y a beaucoup d’autres tâches. »

Dans son style de management chez Aston Martin F1, Krack dit avoir essayé d’être « authentique », en premier lieu envers ses employés.

« Je pense qu’il faut être authentique. Il faut être crédible et authentique » poursuit-il.

« Avant tout, il faut avoir du respect pour tout le monde et montrer l’exemple. Je ne peux pas demander à tout le monde d’être là à 8h du matin et arriver à 10h moi-même. Je ne peux pas demander à chacun d’être préparé pour une réunion et arriver totalement non préparé. »

« Donc, si vous montrez l’exemple, c’est bien plus facile. J’ai toujours admiré certains dirigeants que j’ai côtoyés dans ma carrière passée, parce qu’ils dirigeaient en montrant l’exemple, et c’est ce que j’essaie de suivre. »

Deux figures majeures ont marqué son approche du management : Willy Rampf, ancien directeur technique de Sauber, et Peter Sauber, fondateur de l’écurie.

« Un très bon exemple, c’est Willy Rampf. Il était directeur technique chez Sauber à l’époque. Et Peter Sauber, ils m’ont beaucoup inspiré avec leur management solide. »

« Pas de panique, une approche calme, mais avec fermeté. Si Peter ou Willy disaient ‘on fait cela’ ou ‘on prend cette direction’, alors c’était la direction que nous prenions. »

« Il y avait beaucoup de réflexion sur les décisions à prendre, mais une fois qu’elles étaient prises, il n’y avait pas cinq changements de cap. »

« Cela nous donnait une grande sécurité et une vraie ligne directrice. ‘Voilà ce que nous devons faire, voilà ce que nous devons accomplir’. Tout était clair et chacun savait ce qu’il devait faire. »

Une personnalité ennuyeuse ?

Ce n’est pas être offensant envers Mike Krack de dire qu’il a beaucoup moins marqué les esprits que d’autres directeurs d’équipe (comme au hasard Günther Steiner).

Ce n’est pas une surprise d’ailleurs, car Krack se décrit comme « une personne normale », qui est « humble », « orientée famille » et peut-être même « un peu ennuyeuse ».

« Parfois, je reviens entre deux courses et on me demande : ‘Qu’as-tu fait ce week-end ?’ »

« Eh bien, j’ai ramené mes enfants de l’école, je suis allé les chercher à l’entraînement. J’ai fait les courses. La vraie vie. »

« J’ai fait un barbecue avec des amis, j’ai fait du karting avec mes enfants. Ou je suis allé au terrain de sport voir mon fils jouer au football, et ma fille qui fait du saut à la perche – je les regarde, je les encourage. »

« Rien de spectaculaire, mais c’est ce que j’aime. »

Notons cependant qu’avec 24 Grands Prix par an, le nouveau directeur de piste d’Aston Martin F1 aura du mal à emmener ses enfants au parc chaque week-end.

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