’Je n’ai plus confiance dans mes ingénieurs’ : Tost évoque sa dernière grande polémique en F1
Si les gens ne performent pas, ils sont dehors…
Franz Tost était-il le pire directeur des ressources humaines au monde ? Le pire manager ? Certaines déclarations récentes du patron de Toro Rosso/AlphaTauri, désormais à la retraite après une longue et riche carrière en F1, le laissent penser.
En début d’année, Franz Tost avait ainsi lancé qu’il n’avait « plus confiance à ses ingénieurs. »Encore tout récemment à Abu Dhabi, il avait assuré que le burn-out était « pour les faibles » ; il avait encore souligné il y a quelques mois que si les mécanos et ingénieurs se plaignaient d’un rythme de travail trop intense en F1, ils n’avaient qu’à aller voir ailleurs…
« Mon style de management est totalement facile » s’est-il pourtant défendu.
« Je m’assois avec les gens, nous discutons d’un sujet, nous prenons une décision. Ce que je n’aime pas, c’est décider de quelque chose et ensuite le changer, aller dans une autre direction. Au début, nous avons parfois eu de petits problèmes, mais les gens se sont ensuite habitués à moi et nous avons eu une coopération fantastique. »
Comment alors expliquer sa sortie polémique sur ses ingénieurs et son absence de confiance ? Franz Tost ne devrait-il pas faire son mea culpa ?
« Les ingénieurs à qui je m’adressais, ils l’ont compris. Je dois vous raconter l’histoire. L’année dernière, notre voiture n’était pas compétitive. J’ai alors dit que nous devions faire quelque chose, parce que je ne peux pas accepter que nous roulions à l’arrière de la grille, je veux être au moins dans la première partie du milieu de grille. "Nous travaillons très dur et nous avons des solutions. Nous savons exactement ce que nous devons faire", m’ont-ils dit. »
« Je leur ai rendu visite au département aérodynamique. Ils m’ont donné des chiffres et m’ont dit : "La voiture sera fantastique. De très bonnes performances, de très bons chiffres, ainsi que dans la soufflerie, et bla bla bla". »
« Puis nous sommes arrivés à Bahreïn et je n’ai pas eu besoin d’attendre la course. Je savais déjà après le test que nous n’étions nulle part. Je me suis alors énervé et je leur ai demandé ce qui se passait : "Oh, vous savez, une évolution est en train d’arriver". J’ai dit : "Je me fiche de l’évolution. Cette voiture doit être performante". Ensuite, lors de votre conférence de presse, j’ai été interrogé à ce sujet et j’ai répondu : "Je ne leur fais plus confiance". »
« Si je ne fais plus confiance aux gens, alors ils sont dehors. C’est ce qui s’est passé. Nous les avons changés et avons fait appel à de nouvelles personnes, de sorte que nous avons maintenant, je l’espère, une bonne équipe dans le département aérodynamique. Je dois dire que toutes les évolutions qu’ils ont apportées cette année ont fonctionné de manière acceptable. »
18 années de F1… retour sur une carrière mémorable
Franz Tost aura eu le mérite, sinon de la délicatesse, au moins celui de la longévité en F1 : il aura passé 18 années chez Toro Rosso/AlphaTauri. Il en fait aujourd’hui le bilan, avec un certain détachement.
« Ces 18 années ont été très intéressantes. Je pense que c’est l’une des périodes les plus importantes et les plus intéressantes de ma vie. Il y a deux ans, j’ai dit à Dietrich Mateschitz et au Dr Helmut Marko que je ne serais plus au muret des stands à 70 ans. Ils m’ont dit : "ah, tu dois continuer encore quelques années". J’ai répondu "non, non - nous trouverons quelqu’un pour prendre la relève". Lorsque j’étais plus jeune, je me disais toujours : "Si je devais occuper un poste à responsabilités, je resterais pas collé sur mon fauteuil". Aujourd’hui, je suis en position de responsabilité et je ne veux pas rester collé. »
« C’est pourquoi je me suis dit, il y a quelques années, que je voulais arrêter dans deux ou trois ans. L’année prochaine, en janvier, j’aurai 68 ans et c’est le bon moment de céder ma place à des gens plus jeunes et très expérimentés. Ils vont amener l’équipe à un autre niveau. C’est exactement ce que je voulais parce que je veux que l’équipe progresse et je suis donc très positif à ce sujet. »
Après 18 ans vertigineux, passés à parcourir le monde, Franz Tost n’a-t-il donc pas la peur du vide ?
« Pas pour l’instant, parce que je suis préparé à cela. Je ne sais pas ce qu’il en sera lorsque la saison sera terminée à la fin de l’année. Mais bien sûr, cela fait maintenant 18 ans que je suis à Faenza. »
« Ces gens vont me manquer parce que nous avons travaillé si longtemps ensemble, nous avons aussi travaillé avec succès ensemble. Nous avons connu des hauts et des bas. Ce sera bien sûr très émouvant de ne plus travailler avec ce groupe de personnes. »
Comment Franz Tost aimerait-il que ses ingénieurs et employés de Faenza se rappellent de lui, dans bien des années ? Quel souvenir voudra-t-il laisser ?
« Je n’y ai jamais pensé, pour être honnête. J’ai rencontré tellement de gens. Certains d’entre eux se diront "heureusement que cet idiot est parti", peut-être que d’autres se diront "il était bon". Je ne sais pas et pour être honnête, je m’en fiche. »
« Ce qui me manquera, ce sont les gens, bien sûr, parce qu’ils sont fantastiques dans cette équipe. J’ai travaillé avec eux pendant tant d’années, et il y a une confiance de part et d’autre [sic]. Ils vont me manquer. »
Et la F1 ? Le sport auto ? Est-ce que ces week-ends de Grands Prix enflammés ne manqueront pas trop à Franz Tost ? Qu’est-ce qu’il regrette déjà de ne plus connaître ?
« L’atmosphère d’un week-end de course. Je regarderai toujours toutes les courses de Formule 1, bien sûr, c’est clair. Mais être sur le circuit, la pression de faire une bonne course, de penser à la stratégie, de penser à ce qu’il faut dire aux pilotes, d’étudier les résultats des essais libres... J’emporte toutes ces listes avec moi et peut-être que le soir, avant de dormir, j’y repenserai - qui est plus rapide et pourquoi ? Tout ce genre de choses, ça va certainement me manquer parce que j’aime bien ça. »
« Est-ce que je manquerai aux fans de F1 ? Je ne sais pas. Mais merci beaucoup pour tout le soutien et merci aussi aux fans. Les fans sont la base de la Formule 1. Sans eux, nous ne serions pas là. C’est vraiment, vraiment agréable de voir que toutes les tribunes sont pleines et que les fans sont si enthousiastes pour la Formule 1. Ce qui est encore plus important, c’est qu’il y a tant de fans, de jeunes et de femmes. »
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