‘Is that Glock ?’ : quand Hamilton gagnait un titre F1 au dernier tour

Une théorie du complot était aussi née

Par Alexandre C.

9 janvier 2022 - 07:00
‘Is that Glock ?' : quand (...)

Nicholas Latifi n’est pas le premier infortuné pilote du peloton à se retrouver au centre des événements, voire d’une polémique, pour l’attribution d’un titre mondial en F1 lors de l’ultime course. Avant lui, il y a eu aussi des « Latifi bis » et qui ont dû hélas subir également, railleries, quolibets, voire pire…

‘Is that Glock ?!’ : ces trois mots évoquent à eux seuls des souvenirs fameux aux amateurs de F1, heureux pour les soutiens de Lewis Hamilton, déchirants pour ceux de Felipe Massa.

En 2008, la F1 croyait avoir vécu son dénouement le plus fou dans l’histoire d’une saison – c’était bien avant Abu Dhabi 2021 – et une fois encore, Lewis Hamilton était impliqué. Le Britannique de McLaren était en lice pour le titre, dans la dernière course, face à la Ferrari de Felipe Massa.

Au dernier tour, l’équation était bien simple : Felipe Massa allait remporter le Grand Prix au terme d’une superbe performance ; et Lewis Hamilton, coincé derrière la Toro Rosso d’un certain Sebastian Vettel, était comme destiné à échouer à un petit point du titre.

La McLaren, 6e, devait désespérément dépasser la Toro Rosso mais rien n’y fit : Sebastian Vettel, très à l’aise sous la pluie comme sur les terres de sa première victoire, quelques courses plus tôt à Monza, résistait plutôt facilement à une McLaren censée être plus rapide.

Tout le paddock oubliait cependant la présence de Timo Glock. Le pilote Toyota, qui roulait en 4e place, avait fait un pari gagnant, semblait-il, en restant sur les slicks même si la pluie avait commencé à humidifier le bitume d’Interlagos.

Or voici, quand la pluie s’intensifia, la Toyota perdit 9 secondes par tour au bas mot, et même 16 secondes dans le dernier tour.

C’est alors que ce qui devait arriver, arriva : dans l’ultime virage d’Interlagos (avant la phase de pleine d’accélération), tournant sur la gauche, Glock était presque à l’arrêt ; à bout de souffle, il sauverait tout de même une 6e place.

6e ? Oui, cela voulait donc dire que Sebastian Vettel, et surtout Lewis Hamilton, en intermédiaires, passèrent la Toyota dans cet ultime virage d’Interlagos. Au finish, dans un scénario de folie, Lewis Hamilton obtenait donc le petit point qu’il lui manquait pour devenir champion.

Felipe Massa et toute sa famille avaient cru au titre quelques virages, et chacun a en mémoire la désillusion tragique du père de Felipe quand il réalisa, après avoir commencé à fêter le titre dans le garage rouge, qu’en réalité, Lewis Hamilton avait obtenu le sésame qui lui manquait. Sans parler, bien sûr, des larmes de Felipe Massa devant un public auriverde aussi admiratif qu’abasourdi, après le presque-sacre de Felipe, passé de champion à champion sans couronne.

Le complot Glock, histoire d’une fumisterie

Quelques temps plus tard, les théories du complot fleurirent : et si Glock, pilote allemand, avait laissé gagné un pilote Mercedes en s’effaçant ? Evidemment la solution était plus simple : avec les mauvais pneus sur une piste pluvieuse, Glock ne pouvait que souffrir.

Du reste faut-il rappeler que le coéquipier de Glock, Trulli, sur une stratégie similaire, réalisa alors un temps similaire à Glock (un dixième d’écart).

« Je n’ai rien fait de mal ce jour-là » évoquait Glock quelques années plus tard, en 2015. « J’ai mené ma course et ai inscrit des points pour l’équipe avec une stratégie différente qui nous a permis de gagner deux positions au bout du compte. Je n’étais au courant de rien, même si je l’avais été, ça n’aurait rien changé parce que je ne pouvais rien y faire ! Hamilton m’aurait dépassé quoi qu’il arrive. »

Attaché de presse pour Felipe Massa, Luca Colajanni avait pourtant lui cru au complot, du moins dans un premier temps : « Immédiatement après la course, beaucoup d’entre nous dans le garage Ferrari étions très suspicieux et pensions que Glock avait laissé passer Hamilton à quelques centaines de mètres de la ligne d’arrivée, privant ainsi Felipe d’un titre mondial mérité, car il avait été sans l’ombre d’un doute le meilleur pilote cette année-là. Mais, après avoir analysé à froid, il est devenu clair que Glock n’avait rien pu faire parce qu’il était en pneus slicks sur une piste de plus en plus mouillée. »

L’histoire retiendra finalement du passage de Glock en F1, non ses 3 podiums ou son meilleur tour, mais bien son rôle involontaire dans le sacre in-extremis de Lewis Hamilton, qui remporta ainsi son premier titre. Le pilote Mercedes reste aujourd’hui le seul à avoir gagné un titre dans le dernier tour, et en avoir perdu un autre dans le dernier tour. ‘Is that Latifi’ ?

Episodes précédents :

Brésil 2012 : avant Latifi, un autre pilote Williams avait failli décider du titre F1

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