Hakkinen raconte les jeux psychologiques entre Pérez et Verstappen
Max va-t-il être plus conciliant à Abu Dhabi ?
Durant ses années McLaren, Mika Hakkinen a pu profiter de nombreuses consignes de courses avec ses équipiers, particulièrement David Coulthard.
Alors que la non-application par Max Verstappen de consignes d’équipe chez Red Bull, au dernier Grand Prix du Brésil, a déclenché des polémiques dans la polémique, il apparaît que la situation à Milton Keynes a été fort mal gérée en amont.
Du temps de McLaren, aux dires de Mika Hakkinen, la gestion des consignes en course était elle préparée longtemps à l’avance, pour éviter tout contretemps !
« Lorsqu’il y avait des consignes d’équipe avant le Grand Prix, nous avions un plan pour les exécuter de différentes manières et selon différentes circonstances. »
« Avec David, on se serrait la main et on décidait que si cette situation se produisait en course, nous suivrions les consignes d’équipe. »
« Nous étions dans une situation où nous devions activer ce genre de consignes d’équipe. J’étais en meilleure position au championnat et David Coulthard n’était pas en bonne position mais ce n’est pas mon problème. »
Sur l’incident entre Max Verstappen et Sergio Pérez à Interlagos, Mika Hakkinen estime donc qu’il aurait été un peu « méchant » d’ignorer des consignes si elles avaient été décidées avant le Grand Prix.
« Max est bien sûr comme tous ces pilotes, c’est un pilote de course et il ne vit pas dans l’instant présent. »
« Il vit dans une vie où il se souvient d’hier et il se concentre sur l’avenir. »
« Au Brésil, il s’est dit : je garde les positions. Il s’est souvenu de ce qui s’est passé hier et il a dit à l’équipe que ce n’était pas possible, que c’était l’heure de la revanche, d’être remboursé. »
Se plaçant dans la tête de Max Verstappen, Mika Hakkinen ne pense pas que le Néerlandais n’ait songé qu’à sa tête, à l’instant T, pour prendre sa décision : le passé a plus compté que son propre intérêt immédiat. L’hypothèse Monaco est à lire entre les lignes...
« S’il a fait ça... je ne pense pas que ce soit simplement parce que le pilote de course est égoïste et qu’il pense "je m’en fous". »
« Ce n’est pas que le pilote se dise : je veux juste obtenir le meilleur résultat et je ne me soucie pas du reste. Et je ne me soucie pas de mon coéquipier. Je ne pense pas que ce soit ça. »
« Il s’agit purement de regarder ce qui s’est passé cette année avec lui et Checo. Il a reçu beaucoup de critiques à ce sujet, mais suivre les consignes de l’équipe est un facteur très important. »
« En ce moment, Max est un double champion du monde, il est plus rapide que Checo. Donc une équipe sait qu’elle a besoin de ce pilote appelé Max. Ils ont besoin de lui. Checo ne peut pas gagner le championnat, mais Max le peut. »
A Abu Dhabi, Mika Hakkinen s’attend cependant à ce que Max Verstappen soit plus conciliant envers son coéquipier.
« Le dernier Grand Prix est une histoire différente à mon avis. »
« Je ne pense pas que Checo ait une position dans l’équipe qui ne lui permette pas d’être au même niveau que Max ou même d’aller plus vite. C’est aussi un combat psychologique constant. »
« Pour être le numéro un, tu dois d’abord me battre. Checo a aidé Max dans le passé et dans certains Grands Prix. Maintenant, je me demande si Max va l’aider pour le dernier Grand Prix. »
« S’ils sont dans une position où Max peut aider Checo à obtenir ces points importants pour être devant [Charles] Leclerc à Abu Dhabi, je suis assez confiant qu’il va l’aider. »
« Mais il a fait ce qu’il a fait au Brésil, maintenant il faut montrer à Checo aussi, ’Je me souviens de ce que tu as fait, alors ne le fais pas deux fois’. »
Les consignes d’équipe ou la conciliation des contraires
Cet épisode a une fois de plus montré toute la difficulté de gérer les consignes d’équipe : il faut que chaque écurie résolve un paradoxe expliqué par Mika Hakkinen. D’un côté, maximiser les points, de l’autre, ne pas diviser l’équipe...
« Si l’équipe ne soutient pas le pilote le plus rapide et ne donne pas de consignes d’équipe si vous êtes premier et deuxième, c’est dur... »
« Mais ce n’est pas arrivé dans mon cas dans ma carrière et c’est quelque chose qui vous ronge psychologiquement, c’est vraiment dur. Je comprends que l’objectif de l’équipe est de gagner des courses et d’obtenir un maximum de podiums et de points, mais vous devez regarder vers l’avenir. »
« L’équipe doit être très puissante et forte dans ces domaines. Et je ne pense pas qu’il s’agisse de diviser une équipe pour qu’elle ne soutienne qu’un seul pilote, je pense qu’il faut reconnaître que c’est bénéfique pour toute l’équipe. »
« Tout le monde reçoit un bonus, peu importe qui gagne le championnat du monde. Tout le monde reçoit un bonus si nous gagnons le championnat des constructeurs. »
« Mais si nous ne gagnons ni l’un ni l’autre parce que nous avons un pilote qui gagne un Grand Prix, puis l’autre qui gagne le suivant, puis nous avons eu un abandon et des concurrents qui marquent des points sans arrêt… ce n’est pas un objectif. »
« C’est assez facile d’en parler, mais être là et faire ça, c’est vraiment dur. C’est ce qui fait mal, c’est ce qui est vraiment fatiguant pour les pilotes. »
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