Haas F1 réplique à Uralkali et exige même des compensations
Une bataille juridique à venir ?
A la suite de l’invasion russe de l’Ukraine, Haas F1 avait rompu le contrat le liant à son sponsor-titre, dirigé par l’oligarque Dmitry Mazepin, Uralkali. Comme on pouvait s’y attendre, l’entreprise a annoncé qu’elle demanderait à Haas des indemnités.
Uralkali exigeait le remboursement de 13 millions de dollars déjà versés pour l’année, ainsi qu’une compensation de 8,5 millions de dollars pour une « perte de profits ». Une somme considérable pour Haas.
C’est aujourd’hui que Haas a formellement répondu à son ex-partenaire, via une lettre officielle dont Motorsport.com a eu copie.
Le point-clef de la lettre est une invocation, pour Haas, d’une clause dans le contrat qui demandait à Uralkali de ne pas « porter atteinte, nuire, ridiculiser ou dévaloriser la réputation publique et l’image favorable de Haas. » Une clause qu’on imagine héritée du précédent sponsoring avec Rich Energy !
On peut effectivement penser que la livrée russe de Haas était un coup sérieux porté à l’image de l’équipe après l’invasion ordonnée par le Kremlin… C’est ce qu’avance Haas : les sanctions de l’UE imposées à la Russie (Mazepin père a vu certains de ses biens être saisis par l’Italie) auraient activé cette clause. Cependant Haas a résilié son contrat avec Uralkali alors que ces sanctions n’avaient pas encore été annoncées.
S’agissant du remboursement des 13 millions, Haas soutient ce qui suit dans la lettre :
« Selon la doctrine et la jurisprudence qui sont unanimes, la partie qui résilie l’accord pour violation de l’autre partie n’est pas tenue de restituer à cette dernière ce qu’elle a déjà reçu en vertu de l’accord »
« La demande d’Uralkali d’obtenir le remboursement de l’acompte de 12 000 000 EUR est donc sans fondement et rejetée. »
Haas retourne ensuite l’argument de la perte de profits, et demande plutôt à Uralkali de lui verser ces 8 millions d’euros !
De manière presque anecdotique, l’écurie précise aussi qu’elle ne donnera pas une F1 de 2021 (le contrat le prévoyait) à Uralkali, tant que cette somme de 8 millions ne sera pas payée.
« Tant que le montant susmentionné n’aura pas été versé à Haas, il n’existe aucune obligation de livraison de la part de Haas et aucune livraison de la voiture de F1 n’aura lieu » peut-on lire.
Haas serait même allé encore plus loin en ne payant pas à Nikita Mazepin le salaire dû depuis janvier, avant l’annulation du contrat.
La réaction d’Uralkali
Face à cette position ferme de Haas, le dialogue de sourds se poursuit.
Uralkali reste « incrédule », ce qu’une source a aussi confié à Motorsport.
« Chacun comprend que le monde se trouve dans une situation difficile, mais il est tout à fait ridicule d’affirmer que Haas a le droit de conserver l’argent versé dans le cadre d’un contrat qu’elle a quitté unilatéralement, sans fournir aucun des services convenus. »
« Il semble que cela ne les dérange pas de dépenser de l’argent russe - et ils en demandent même davantage - mais ils ne veulent pas avoir de Russes dans leur entourage. »
« C’est un traitement vraiment choquant à l’égard d’un sponsor titre qui s’est engagé la saison dernière lorsque l’équipe avait cruellement besoin de ressources et qui avait proposé d’aller au-delà des montants contractuels pour fournir des primes supplémentaires au personnel de l’équipe, afin d’obtenir de meilleurs résultats pour toutes les parties concernées. »
L’affaire pourrait, devrait bien se régler dans les tribunaux – mais quelle juridiction pourra vraiment satisfaire toutes les parties ? Britannique, européenne, américaine, russe ? On imagine l’impasse…
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