Grue à Suzuka : les pilotes et la FIA vont s’expliquer à Austin
Russell, Leclerc, Zhou et Alonso veulent du concret
Après l’incompréhension et la colère, place à la discussion : les pilotes de F1, remontés contre l’apparition d’une grue sur la piste au dernier Grand Prix du Japon, ce qui réveille des souvenirs douloureux, ont entamé un processus de dialogue avec la FIA, et notamment son président Mohammed Ben Sulayem.
L’objectif est simple : comprendre comment une grue a pu menacer notamment Pierre Gasly, et s’assurer de ne plus revivre pareil épisode.
Une réunion formelle se tiendra même après les EL2 aujourd’hui à Austin, en présence des pilotes et de Niels Wittich et de Eduardo Freitas, le duo de directeurs de course. La FIA devrait dévoiler des mesures avant cela.
La position des pilotes est claire, et a été rappelée tout aussi limpidement par Charles Leclerc avant cette réunion.
« Nous avons tous été clairs sur ce point avec la FIA. Non, nous ne voulons pas voir ça. En 2014, nous avons évidemment perdu Jules pour un accident similaire. »
« Et nous avons donc été très clairs avec la FIA : nous ne voulons pas ça. Et je pense qu’ils ont compris. »
Guanyu Zhou, le pilote Alfa Romeo, appelle la FIA à aussi tirer des conclusions claires de cet incident – tout en rappelant l’importance de l’engagement des pilotes.
« Chaque pilote a une voix importante dans ce sport. Nous ne sommes que 20, ce n’est pas comme la NBA où il y a 1 000 joueurs. Donc la FIA et la Formule 1 tiennent vraiment compte de ce que nous disons. »
« Nous avons déjà eu une assez longue discussion après la course. Bien sûr, ce n’est pas la bonne façon de voir les choses, surtout après ce qui s’est passé avec Jules il y a quelques années sur le même circuit. »
« Avec l’eau, tout peut arriver, surtout sur des circuits comme le Japon, il y a beaucoup de virages où vous êtes presque à fond. »
« Donc, en général, nous ne voulons pas voir n’importe quel véhicule en piste. »
« Même lorsque le véhicule était sorti, lorsque je l’ai dépassé derrière la voiture de sécurité, je ne l’ai pas vu avant d’être à deux mètres. Donc pour nous c’est assez dangereux. Je suis heureux que personne n’ait percuté Sainz quand il a été arrêté dans la zone d’aquaplaning. »
George Russell salue l’écoute de Mohammed Ben Sulayem
La voix de George Russell, président du GPDA, aura forcément un certain impact. Il met lui aussi les points sur les i.
« Nous sommes tous d’accord pour dire que ce n’était absolument pas la bonne chose à faire. Vous ne devriez jamais être dans ce scénario. Et puis je suppose que nous devons nous mettre d’accord entre pilotes pour savoir si nous sommes heureux d’avoir une grue sur le circuit. »
« Si oui, quelles sont les circonstances ? Peut-être que cela ne peut se faire que sur une ligne droite, et dans ce cas nous ne sommes pas autorisés à nous faufiler, à échanger les positions ; ou il pourrait y avoir une limite de vitesse dans ce mini-secteur. Peut-être faut-il une communication radio pour dire qu’il y a quelque chose sur le circuit à ce moment-là. »
« Tous les pilotes ont fait part de leurs préoccupations, principalement entre nous jusqu’à présent. »
« La plupart d’entre nous ont également été en contact avec Mohammed et ont entendu son point de vue.
« Et nous allons nous asseoir au briefing des pilotes et entendre ce que la FIA, du point de vue du directeur de course, doit nous dire. »
« Nous devons travailler ensemble pour trouver une meilleure solution. »
Comment George Russell a-t-il aussi jugé l’attitude de Mohammed Ben Sulayem ? On dit le président de la FIA trop fermé parfois sur ses positions, mais ce n’est pas ce que pense forcément le pilote Mercedes.
« Personnellement, ma relation avec Mohammed est très forte. Et nous sommes en quelque sorte en communication toutes les deux semaines, lorsqu’il y a un problème particulier. »
George Russell met tout de même la pression sur Mohammed Ben Sulayem : pas seulement sur l’affaire de la grue mais aussi pour les budgets plafonnés concernant Red Bull ! Deux sujets bien différents mais qui appellent une même méthode.
« Mais il est certain que nous travaillons à une plus grande transparence, qu’il s’agisse du plafonnement des coûts, des sanctions financières et de leur répartition en aval. »
« La transparence nous a été assurée. Et je pense que c’est important pour la croissance du sport, et plus que jamais maintenant, avec cette question du plafonnement des coûts. Nous voulons simplement avoir cette transparence, afin que nous puissions tous aller de l’avant. »
Et que pense Mohammed Ben Sulayem sur le fond du sujet selon Russell ?
« Je ne vais pas parler au nom de Mohammed, mais tout le monde reconnaît que cela n’aurait pas dû arriver. Et maintenant c’est à nous d’essayer de comprendre pourquoi c’est arrivé.
« Il y a évidemment beaucoup de choses qui entrent dans la prise de ces décisions. La barrière de la langue, par exemple, entre les commissaires et la FIA. Nous avons juste besoin de comprendre et d’entendre leur version de l’histoire - je suis sûr qu’ils connaissent notre version. »
Alonso et la question des sprays
Dans le viseur du vétéran du plateau, Fernando Alonso, figure également un autre point : la visibilité sur la piste une fois les F1 lancées à pleine vitesse.
Pour le pilote Alpine, juger de la visibilité et des sprays simplement en roulant derrière une voiture de sécurité, donc à petite vitesse, ne suffit plus. Il aurait être plus certain de son fait avant de brandir le drapeau vert pour lui…
« Sur la grue, j’ai lu que la FIA préparait quelque chose à nous expliquer, donc nous verrons. »
« Le problème, c’est que lorsque la voiture de sécurité fait quelques tours juste pour vérifier la piste, les embruns semblent bons et il n’y a pas beaucoup d’eau sur la piste, il est donc très difficile de juger des conditions avant de faire un tour à pleine vitesse. »
« Lorsque nous sommes derrière la voiture de sécurité, les sprays n’ont pas l’air si mauvais, puis lorsque le drapeau vert est déployé, vous découvrez les conditions réelles. Il est donc difficile de juger quand la piste est prête et quand elle ne l’est pas. »
« En tant que pilotes, nous ne savons pas, la FIA ne sait pas, donc nous devons certainement réfléchir à un moyen de faire quelques tours rapides et de juger des conditions de la piste sans être encore sous le drapeau vert. »
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