Green : Comment Force India a fini deux fois 4e sans avoir d’argent pour acheter du papier

En 2018, Force India n’avait même plus de quoi acheter le papier de l’imprimante

Par Alexandre C.

27 mai 2020 - 18:17
Green : Comment Force India a fini (…)

L’introduction des budgets plafonnés et leur abaissement est une double bonne nouvelle pour Racing Point (future Aston Martin F1) : non seulement parce que cela réduira les écarts entre le milieu de grille et les écuries de pointe, mais aussi parce que, vu son histoire (après le redressement judiciaire de Force India), Racing Point est une structure habituée à opérer sous des contraintes financières rigides.

C’est pourquoi Andy Green, le directeur technique de l’équipe, salue autant l’introduction des budgets plafonnés dès l’année prochaine. Pour lui, comme il l’a confié au podcast "Beyond the Grid", cette décision était d’autant plus indispensable compte tenu de l’arrivée du choc économique.

« Nous avons fait beaucoup de changements au règlement pour les prochaines années. Je pense que tout cela va dans la bonne direction, pour limiter les dépenses à l’avenir, car nous ne savons pas quel sera le visage de la F1 au sortir de la crise, donc je pense que c’est une décision sage. »

« Quand nous sortirons de cela dans les prochaines semaines, tout le sport pourrait être très différent, pas seulement dans nos manières de travailler. Ce sera un nouveau défi. »

Mais Racing Point est donc prête à opérer dans un environnement contraint. Force India, pendant des années, avait d’ailleurs le budget le plus faible du plateau, tout en battant d’autres équipes comme Renault ou McLaren.

« Nous sommes toujours une équipe très efficiente au niveau des coûts. Après tant d’années après avoir travaillé avec si peu d’argent, les décisions que nous avons prises sont critiques. Nous n’avions pas beaucoup d’options à choisir, nous ne pouvions pas explorer plusieurs voies à la fois. »

« Le plus satisfaisant, c’est opérer avec un budget limité, et de battre des équipes que nous ne devrions pas battre. C’est ce que nous avons fait pendant un moment. »

Andrew Green a une anecdote qui montre combien Force India est passée par des moments difficiles… même au moment du podium de Sergio Pérez à Bakou, en 2018, alors que l’équipe était au bord de disparaître, il n’y avait plus assez d’argent pour acheter des ramettes de papier pour l’imprimante.

Mais alors, comment expliquer que Force India ait pu finir deux années de suite à la 4e place du classement des constructeurs ?

« Il y a eu certaines circonstances. Sur le moment, certaines équipes étaient un peu dans la tourmente, ce qui a aidé. Nous étions toujours assez loin des trois écuries de pointe. Personne, vraiment, ne pouvait combler cet écart en milieu de grille. Tout le monde en milieu de grille souffrait pour trouver plus de performance. »

« Nous avions deux bons pilotes, une voiture fiable, parce que pour finir à une bonne place, il faut d’abord finir, et nous avions, nous avons toujours, une équipe voulant vraiment travailler ensemble, sans ego, sans politique, pour faire le mieux possible. Sans essayer de jouer des jeux politiques. »

« Donc à ce moment, nous avions une équipe vraiment concentrée. Nous comprenions un peu mieux comment générer de la performance sur la voiture. Et des années avant, nous avions déjà repéré le domaine où nous devions le plus travailler les pneus, et nous avions énormément investi là-dessus. »

« Et nous n’étions pas abattus si nous ne performions pas bien en qualifications, ce qui arrivait souvent. C’était une mentalité. Et beaucoup de nos concurrents se sont emmêlés les pinceaux, ce qui a aidé. De notre côté, nous avons minimisé nos erreurs. »

« De nouveau, à Bakou 2018, c’était une question de gestion de pneus dans cette course. Et le circuit était rempli de virages dans lesquels la voiture était très forte. Il faut un peu de chance aussi. Mais quand Checo trouve son rythme en course, c’est l’un des meilleurs, il excelle vraiment dans la gestion des pneus. »

« Ce fut l’une des courses les plus satisfaisantes de ma carrière. Car nous aurions pu ne pas courir. Nous étions quasiment morts, nous ne pouvions pas même acheter le papier pour l’imprimante. Et nous nous sommes dits, dépensons l’argent de manière intelligente, c’est-à-dire dans la voiture pour aller courir. Nous ne gaspillions pas un centime. Chaque jour. Les contraintes financières étaient monumentales, au point qu’elles perturbaient le travail de tous les jours. »

« Nous disions aux pilotes, à chaque séance d’essais libres : vous cassez la voiture, vous ne courez pas. C’était dur pour eux. Car il leur fallait explorer toutes les limites de la voiture avant les qualifications. »

« C’est cathartique maintenant, de regarder tout cela avec le recul. »

Racing Point n’a-t-elle tout de même pas perdu de forces vives durant cette période ? Des employés ne sont-ils pas allés voir ailleurs, de crainte de perdre leur travail ?

« Je ne pense pas que nous ayons perdu quelqu’un. Beaucoup d’équipes sont passées par un redressement judiciaire, pour ne jamais revenir. Pas nous »

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