’Gagner le dimanche, vendre le lundi’ : comment estimer les retombées économiques de la F1 ?

L’exemple de Mercedes F1

Par Alexandre C.

6 janvier 2022 - 18:41
'Gagner le dimanche, vendre le (…)

En juillet dernier, la F1 dévoilait les résultats d’une grande enquête mondiale sur la valeur ajoutée du sport automobile dans le monde économique. L’étude du cabinet EY concluait que le chiffre d’affaires du sport auto était estimé à 160 milliards d’euros de chiffre d’affaires global annuel, générant 1,5 million d’emplois directs ou indirects.

C’est bien sûr dans la vallée du sport automobile, là où 80 % des équipes de F1 sont concentrées, dans l’Oxfordshire et les Midlands, que l’on mesure le mieux la valeur ajoutée de la F1, comme poumon économique d’une région entière.

Mercedes emploie par exemple près de 2000 personnes, très qualifiées et très bien payées - la moitié à Brackley pour l’usine châssis, l’autre à Brixworth pour l’usine moteur.

« Ici à Brackley, nous employons 1 000 personnes et un nombre similaire de personnes à notre base de moteurs de Brixworth, Mercedes-AMG High Performance Powertrains (HPP) » nous confie le Chief Operations Officer de Mercedes F1, Rob Thomas.

« Cependant, il ne s’agit là que de la partie émergée de l’iceberg - lorsque vous considérez la base d’approvisionnement qui soutient les deux organisations, vous obtenez rapidement plusieurs dizaines de milliers de personnes qui sont directement employées dans le sport automobile, ce qui profite bien sûr à l’économie britannique. »

De plus la technologie développée par Brixworth sert aussi bien sûr aux voitures Mercedes, par exemple au projet Vision EQXX de voiture électrique. L’usine de Brixworth utilise donc les talents des ingénieurs, les technologies trouvées dans le sport automobile, pour faire progresser le groupe globalement - autant d’autres retombées financières.

Thomas l’explique aussi : « Des travaux très importants sont en cours chez AMG HPP pour soutenir Mercedes-Benz dans le développement du projet Vision EQXX. Les avancées technologiques que nous réalisons en F1 et dans des projets comme Vision EQXX seront adaptées et appliquées pour une utilisation potentielle dans de nouvelles architectures électriques. La F1 et notre quête incessante d’efficacité et de temps au tour plus rapides continueront à jouer un rôle très important dans notre voyage vers la mobilité durable pour les années à venir. »

Mais les revenus de la F1 sont aussi difficiles à chiffrer, notamment en termes de retombées marketing et d’image.

Toto Wolff avait ainsi donné en avril une estimation surprenante sur ce que Mercedes gagnait en exposition publicitaire grâce à la FIA, un chiffre qui pouvait donner le tournis : « En 2012 nous générions un équivalent de 60 ou 70 millions de revenus publicitaires ; et aujourd’hui, croyez-le ou non, nous en sommes à 4,5 milliards. Et tout cela a débloqué tant de potentiel. Mercedes, aujourd’hui, est perçue comme une marque sportive. Ce n’était pas le cas il y a 10 ans » estimait le directeur d’écurie.

Comme le conclut Malcolm Wilson, fondateur de l’équipe de rallye M-Sport, « autrefois, il s’agissait surtout pour les constructeurs de mettre en valeur leurs produits - le vieux dicton ’Gagner le dimanche et vendre le lundi’ - mais je pense que cela a vraiment changé. »

« Aujourd’hui, pour les constructeurs, qu’il s’agisse de la Formule E, du WRC, de la F1 ou de la Formule E, il s’agit davantage de mettre en valeur leurs compétences techniques. Nous vivons des temps nouveaux pour le sport automobile, avec tous les nouveaux groupes motopropulseurs qui arrivent, qu’ils soient hybrides ou électriques. C’est probablement une autre raison pour laquelle le sport automobile est vraiment important pour les constructeurs, car ces technologies évoluent en permanence et le sport automobile est un bon moyen de les mettre en valeur. »

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