‘Une humiliation toujours en moi’ : Wolff, un boss de la F1 percuté par la vie

Il se confie sur ses blessures et ses déchirures

Par Alexandre C.

3 mai 2022 - 11:47
‘Une humiliation toujours en moi' :

L’enfance et la carrière de Toto Wolff, aujourd’hui directeur d’équipe chez Mercedes F1, ont été marquées par d’immenses épreuves.

Alors qu’il n’était pas majeur, Toto Wolff a en effet perdu son père – des suites d’une longue maladie. Conséquemment, alors qu’il tentait de percer comme pilote, il a eu les pires difficultés du monde à rassembler l’argent nécessaire pour courir.

Quelque talent spécial lui faisait aussi défaut, le contraignant à raccrocher les gants pour devenir le directeur d’équipe et le financier à succès que l’on connaît aujourd’hui.

Toto Wolff s’est ouvert sur ses blessures personnelles et professionnelles à Daniel Roth (Directeur exécutif de LinkedIn, qui reçoit régulièrement des dirigeants de grandes structures).

A quel point ce qu’il a subi et vécu influence-t-il aujourd’hui sa carrière et sa manière d’être ? Ecoutons Toto Wolff…

« Il est important de reconnaître que chacun de nous a son histoire et que nous avons tous souffert d’une manière ou d’une autre. Il y a bien pire que ce que j’ai dû traverser. Mais il est clair que ma situation de garçon et d’adolescent en pleine croissance, où l’on voit de l’argent et du bien-être partout dans la société [et chez les autres pilotes juniors], mais où l’on n’en a pas soi-même, était juste sous mes yeux, chaque jour, je voyais les différences [les inégalités] et elles étaient énormes. »

« C’était humiliant pour moi. C’est différent que lorsque… vous savez, quand vous grandissez dans un environnement où vos pairs sont comme vous. Mais pour moi, c’était très dur quand j’étais jeune et c’est certainement encore un facteur déterminant. »

Ce degré d’humiliation, selon les propres mots de Toto Wolff, continue à le suivre, le hanter mais aussi le motiver aujourd’hui.

« Je crois qu’un certain degré de traumatisme ou d’humiliation peut être un facteur déterminant dans votre éducation, du moins c’était le cas pour moi. Mais j’espère pouvoir offrir à ma famille et à mes enfants un environnement dans lequel cela n’est pas nécessaire. »

« Ce n’est pas une obligation. Il y a beaucoup de gens qui ont réussi dans leur propre entreprise, ils ont eu un environnement familial très agréable quand ils ont grandi, un environnement sûr et ils sont toujours heureux et ont réussi à leur manière. Il n’y a donc pas de modèle à suivre, mais pour moi, c’était le cas. Cela est toujours en moi. »

De ces amères leçons, Toto Wolff en tire des conseils utiles pour la jeune génération : il faut être un rêveur, mais un rêveur réaliste...

« Quand je regarde ma propre carrière, j’ai essayé d’être pilote de course, mais sans avoir les fonds nécessaires pour me lancer dans le karting, puis dans les séries de monoplace en junior. C’est très difficile. »

« Et je m’en suis rendu compte, c’était un moment où il était important pour moi de comprendre ceci : tu dois être capable d’évaluer tes propres capacités, être brutalement honnête avec toi-même. "Suis-je assez bon pour ce que je veux réaliser ou pas ?" »

« Et je pensais que j’aurais pu réussir en Formule 1, mais j’ai vu qu’il y avait peut-être une petite différence entre ma façon de conduire une voiture et celle de tous les autres. »

« Puis, en raison d’un manque de sponsors, j’ai mis fin à ma carrière de pilote et j’en ai ouvert une autre dans le secteur bancaire, puis une autre dans le capital-risque à la fin des années 90. Chaque partie de ma carrière a donc été importante pour m’amener là où je suis aujourd’hui. »

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