Sans allié et content de l’être : pourquoi Renault ne recherche pas d’équipe B en F1

Etre motoriste en F1, une mauvaise pioche ?

Par Alexandre C.

15 avril 2021 - 11:16
Sans allié et content de l'être :

En grande difficulté financière, le Groupe Renault a récemment procédé à une série de coupes sévères dans son budget. Pour autant, quelles que soient les difficultés, l’engagement au niveau de la F1 semble confirmé « pour l’éternité » si l’on reprend une récente expression de Luca de Meo, le directeur général.

Lors d’une visio-conférence devant plusieurs journalistes, de Meo a justement rappelé pourquoi, selon lui, les budgets F1 étaient autant justifiés même pour une marque en crise : de quoi répondre aux sceptiques…

« Nous souhaitons repositionner Alpine, non plus sur l’héritage et la nostalgie, mais comme un constructeur tourné vers le futur. Créer, grâce à nos ressources recherche et développement, une nouvelle génération de marque automobile 100% électrique et attirante. On regardera Alpine comme la combinaison d’une mini- Ferrari et d’une mini-Tesla. »

« On m’a beaucoup questionné sur le choix d’Alpine en Formule 1. L’histoire est très simple. Après avoir rejoint la présidence de Renault, en juillet 2020, de nombreuses personnes m’ont demandé de stopper notre engagement en Grands Prix : la situation financière du groupe était compliquée et, pour certains, ce programme paraissait trop déconnecté. Disons-le : un hobby très cher et pas forcément nécessaire. »

« Les constructeurs mettent l’argent en F1, sans nécessairement en obtenir toujours un retour sur investissement. J’ai donc vu d’un bon oeil la politique de réduction des coûts engagée par la FIA, tout en conservant à la F1 ce summum de la technologie et son rôle de laboratoire pour la voiture de tous les jours. »

« La haute technologie de la F1 apporte aussi une crédibilité profitable à des modèles de sport. Or, depuis 44 ans que nous sommes en Grands Prix, en tant qu’écurie ou comme motoriste, croyez-vous pour autant que Renault est perçue comme une marque sportive ? Non, bien sûr ! Alpine était un choix plus cohérent. »

Pourtant la situation de Renault n’est-elle pas trop fragile en F1 ? A l’inverse de Ferrari, qui dispose de Haas et d’Alfa Romeo, ou de Red Bull, qui peut compter sur AlphaTauri, Alpine ne dispose d’aucune équipe B. Pire, le motoriste Renault ne compte qu’une équipe à motoriser, la sienne…

Cette situation apparaît handicapante, non seulement pour l’accumulation des données et les rentrées d’argent, mais aussi pour placer les jeunes pilotes de l’académie, comme Ferrari le fait avec Antonio Giovinazzi ou Mick Schumacher chez Alfa Romeo et Haas.

Pour autant selon le directeur général de Renault Luca de Meo, ce splendide isolement de Renault-Alpine n’a rien de problématique, en particulier dans la nouvelle ère réglementaire, et ce pour des questions de propriété ntellectuelle.

« Bien sûr, théoriquement, c’est mieux quand votre moteur est utilisé par d’autres, parce que vous pouvez peut-être échanger des données, partager certaines choses... « 

« Mais les conditions actuelles - et je le dis très clairement - surtout les conditions économiques, de transfert de technologie entre une équipe et une autre, celles qui sont définies par la FIA - ne sont pas très favorables. Le prix que les autres équipes paient pour accéder à la technologie de gens comme nous qui font l’investissement initial, ce n’est pas un bon business, si vous voulez mon avis. »

« Je l’ai déjà dit à plusieurs reprises. Je ne veux pas entrer dans les chiffres, mais je peux vous dire que ce n’est pas une bonne affaire. [Le règlement] est seulement fait pour que les petites équipes qui n’ont pas la capacité de produire un moteur, et c’est la grande majorité, puissent entrer dans le jeu. Mais pour nous, économiquement, cela ne change pas grand-chose. »

Le PDG d’Alpine, Laurent Rossi, est sur la même longueur d’onde. Du point de vue sportif, de l’accumulation des données, Alpine part moins armée. Mais à un niveau plus stratégique global, l’union fait-elle vraiment la force ?

« Fournir une unité de puissance à d’autres est, comme Luca l’a dit, un avantage, car vous pouvez obtenir des données supplémentaires pour renforcer la fiabilité et les performances de votre unité de puissance. »

« Cela dit, la façon dont le système a été construit jusqu’à récemment le rend dangereusement coûteux, en fait, dès que vous rencontrez des problèmes en termes de gestion des performances des autres unités de puissance. Si vous avez des problèmes de fiabilité sur la piste, alors vous avez soudainement une sorte de crise, et vous devez déléguer une partie de votre équipe sur place. »

« Vous devez avoir la structure pour cela, ce qui n’est pas ce que nous avons décidé, parce que cela signifie avoir une autre équipe qui reste assise, ne fait rien, et se prépare à le faire pour soutenir l’autre équipe. »

« Donc nous préférons que toute notre équipe se concentre sur la conception de notre châssis et de notre moteur, et ensuite nous trouverons une solution si nous avons de la place, du temps, de l’énergie, pour les autres. »

« Mais pour le moment, nous sommes assez heureux de cette façon de faire pour être honnête. »

Alpine F1 Team - Renault

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