Safety Car : Ce jour où Maylander a craint la panne d’essence

La voiture de sécurité de F1 avait presque trop roulé

Par Emmanuel Touzot

25 juin 2023 - 13:16

Le Grand Prix du Japon a quitté Suzuka en 2007 pour aller à Fuji, où la F1 a été accueillie par une météo exécrable. Bernd Maylander, qui était le conducteur de la voiture de sécurité, a été très fortement sollicité à cause d’une énorme averse et d’incidents en piste.

L’Allemand se souvient qu’il avait eu rapidement peur de tomber en panne d’essence, car la Safety Car était contrainte de reste en piste. Il se rappelle qu’elle a été rappelée pour lancer le départ au tout dernier moment.

"Pour moi, c’était une nouvelle piste. Je n’étais jamais allé à Fuji auparavant" a déclaré Maylander au podcast Beyond The Grid. "Le dimanche, le temps était horrible. Nous n’étions pas vraiment sûrs de pouvoir donner le départ de la course et j’ai été déployé, nous avons fait quelques tours pour nous faire une idée."

"Mon copilote m’a dit ’Bernd, nous faisons beaucoup de tours’, et j’ai répondu ’oui, nous devons garder un œil sur le carburant’. J’ai vu qu’il restait moins de la moitié et j’ai dit par radio à Herbie Blash, le directeur de course adjoint, ’Herbie, combien de tours devons-nous faire ?’ Il m’a répondu ’voyons voir, le temps est encore mauvais’."

"J’ai dit ’OK, alors juste pour ton information, je pense qu’après cinq ou six tours, nous allons peut-être tomber en panne d’essence’. C’était une Mercedes CLK 63, donc assez puissante, avec un gros moteur. La consommation de carburant n’était pas parfaite, mais dans les conditions de course, il faut un peu plus de carburant."

"Heureusement, ils nous ont dit de rentrer au tour suivant pour tenter un départ. J’ai informé l’équipe que nous devions échanger les voitures, nous sommes descendus de la voiture, nous avons sauté dans la voiture de rechange, exactement la même voiture, et nous sommes allés au bout de la voie des stands à notre position."

La mise en place d’une solution de secours

Et cette deuxième voiture a elle aussi été appelée en piste lorsque Fernando Alonso est sorti de piste (photo ci-dessous), obligeant Maylander à passer plusieurs tours en piste, sans la même crainte néanmoins.

"Fernando a ensuite eu un accident au virage 5 ou 6 et la voiture de sécurité s’est à nouveau retrouvée sur la piste. Heureusement, dans la deuxième voiture, je suis resté en piste pendant cinq ou six tours et tout s’est bien passé."

Il reconnait encore aujourd’hui qu’il n’aurait pas su comment agir en cas de panne d’essence, même si la direction de course avait déjà son idée : "Je n’ai jamais connu cette situation. Une panne d’essence, ce n’est pas comme si vous aviez un accident ou que vous commettiez une erreur, mais que pouvez-vous faire ?"

"Herbie pensait déjà ’OK, nous allons envoyer la voiture médicale en piste’, et ils ont donc essayé de préparer des solutions de secours. Mais nous n’y avons jamais pensé. En fin de compte, tout s’est bien passé et, à l’heure actuelle, nous appliquons toujours la même procédure en cas d’incident de ce type, afin de garantir la sécurité de tous."

Après 24 ans à son poste, Maylander dépasse les 900 tours parcourus en tête d’un Grand Prix, mais ce n’est pas le chiffre qui lui importe le plus : "J’entends parfois cela de la part de certains journalistes. Ils me disent "Bernd, tu vas avoir plus de 800 ou 900 tours en tête’."

"C’est un chiffre énorme, mais après 23 ans, c’est un peu normal. Je ne compte jamais. Je préfère compter les Grands Prix et, même dans ce cas, je dois demander à des journalistes. Ils me disent que le nombre est de 435 ou quelque chose comme ça en ce moment !"