Les tops, les flops et les interrogations après le Grand Prix de Turquie

Hamilton et Bottas, destins contraires

Par Alexandre C.

17 novembre 2020 - 18:54
Les tops, les flops et les interrogation

Après chaque Grand Prix, Nextgen-Auto.com vous propose de retrouver les « tops » et les « flops » identifiés par la rédaction. Qui mérite d’être louangé ? Qui, au contraire, doit être critiqué ? Enfin, quels sont les points d’interrogation ou ambiguïtés, qui devront être suivis avec intérêt lors des prochains Grands Prix ? Découvrez-le ci-dessous !

Les Tops.

Top n°1 : Hamilton, le maître des intermédiaires transformés en slicks

La question lui a été posée en conférence de presse : cette victoire en Turquie était-elle l’une des plus belles de la carrière de Lewis Hamilton ? Si le pilote Mercedes n’a pas directement répondu, l’interrogation est légitime. Car après des qualifications difficiles (6e), Hamilton a fait de nouveau parler sa science de la course, y compris dans des conditions humides et séchantes, la marque des grands. Comment Hamilton a-t-il fait la différence ? D’abord en ne commettant quasiment aucune erreur, même s’il est vrai qu’il a manqué un virage dans les premiers tours (qui furent très difficiles pour lui). Surtout, c’est sa connaissance intime de sa voiture et des Pirelli qui lui a permis de surnager. Lewis Hamilton le confiait, il a fait évoluer sa technique de pilotage tour après tour – le pragmatisme, l’adaptabilité, sont des maîtres-mots quand il s’agit de dominer son sujet dans ces conditions. Il a aussi senti que ses intermédiaires, malgré plus de 35 tours utilisés, avaient encore de la réserve – l’erreur était de rentrer aux stands pour mettre de nouveaux sets, ce qu’ont fait par exemple Racing Point avec Lance Stroll. Hamilton a ainsi effectué un relais fantastique de 50 tours en inters (53 même si on considère que ces pneus avaient déjà été utilisés)... en gardant même, semble-t-il, plus de vie dans ses pneus que ceux de Sergio Pérez en comparaison (pour relais de 48 tours « seulement »). Comme Pirelli le confiait, Lewis Hamilton a changé en slicks ses inters !

En définitive, cette démonstration de force a souligné les grandes qualités de Lewis Hamilton qui effectivement gagne en maturité : l’adaptabilité, le calme, la lecture de la course, la gestion des Pirelli. Toutes les qualités qui font la différence depuis 2014.

Top n°2 : Stroll, une première pole qui ne doit pas rester amère

Même s’il a totalement déchanté en course, Lance Stroll doit être salué pour la pole exceptionnelle qu’il a signée sous la pluie, ce samedi. Devant Max Verstappen, et une seconde et demie devant son coéquipier Sergio Pérez, Lance Stroll a répondu de la manière la plus probante qui soit à tous ceux qui doutaient (et ils étaient nombreux) de son retour en forme, quelques semaines après avoir été touché par le coronavirus. Après 5 Grands Prix sans points, le pilote Racing Point s’est ainsi remis dans le droit chemin. La pluie est sans doute tombée au bon moment pour lui : car rappelons que Stroll a souvent brillé sous le mouillé (deuxième ligne à Monza 2017 avec Williams). Son début de course fut également parfait : il a même creusé une large avance sur Sergio Pérez et le reste de la concurrence. Cependant, il a été victime d’un dégât d’aileron affectant l’appui global et du choix stratégique de son équipe, qui semblait certes logique sur le moment : rentrer aux stands pour chausser de nouveaux intermédiaires. En réalité, avec de nouveaux pneus, Lance Stroll a été tout de suite plus exposé au graining, ce qui a ruiné son rythme et ses espoirs.

Peu importe finalement : Lance Stroll a prouvé à tous qu’il méritait (finalement) bien sa place en F1 cette saison, et ce doit être l’essentiel. L’exemple d’Istanbul sera resservi longtemps à ses détracteurs.

Top n°3 : Vettel renaît sous la pluie

Vettel dans les tops, Vettel pilote du jour, cela faisait longtemps que l’on attendait ! Et en effet, le pilote Ferrari a paru danser sous la pluie turque, comme d’ailleurs il avait brillé sous le déluge de Hockenheim l’an dernier (2e place après être parti en fond de grille). Déjà en qualifications, Sebastian Vettel surpassait Charles Leclerc (12e temps contre 14e temps), semblant plus à l’aise dans ces conditions. C’est ensuite au départ de la course qu’il a tout de suite fait la différence : comme il l’a confié lui-même, le pilote Ferrari est resté prudent, calme, ne s’est pas jeté à l’intérieur au premier virage (comme les Renault ?). Et cela a payé : de 11e, il était rapidement 3e. Une belle résistance s’en est suivie contre Lewis Hamilton, ravivant les souvenirs lointains de 2018 et 2017. Après avoir chaussé des inters, Sebastian Vettel a eu du mal à se mettre dans le rythme, a vu revenir Charles Leclerc (il faut dire que Ferrari avait, de nouveau, raté son arrêt avec lui…). Et c’est encore sa prudence qui a payé en fin d’épreuve, lorsque Charles Leclerc a attaqué de manière trop brutale Sergio Pérez.

Cette 3e place ne sauvera pas une saison catastrophique, mais de même que pour Lance Stroll, c’est une réponse formidable à ses détracteurs. Oui, Vettel est toujours Vettel…

Les flops

Flop n°1 : La déroute symbolique de Valtteri Bottas

Pendant que Lewis Hamilton était plus que jamais au sommet, 7e titre, 94e victoire, Valtteri Bottas sombrait. Déjà la veille en qualifications, Bottas ne réalisait que le 9e temps, à des années-lumière de Lance Stroll. En course, ce fut bien pire, tant le spectacle proposé par le Finlandais fut à la limite du ridicule. L’accrochage avec Esteban Ocon est certes excusable au départ. Mais la suite ne l’était pas : Bottas a semblé totalement en dedans, en partant à 6 reprises, pas moins, en tête-à-queue. Il prétextait après la course en arguant d’un volant de travers après le contact avec la Renault, avec un bout d’aileron en moins en prime. Logiquement, Valtteri Bottas est apparu pressé d’en finir en fin d’épreuve.

Mais l’image la plus terrible et peut-être la plus symbolique de cette année restera le moment où Bottas se fit prendre un tour par Lewis Hamilton, comme Nico Rosberg à Abu Dhabi 2014. Rosberg avait au moins l’excuse, il y a 6 ans, de souffrir d’un problème moteur. Avec une telle prestation, difficile de dire que Bottas a le potentiel d’un champion du monde face à Lewis Hamilton. Peut-être avec le Bottas 5.0. ?

Flop n°2 : Nicholas Latifi, erreurs en série

Un pilote fit encore pire que Valtteri Bottas durant ce week-end, mais il a l’excuse d’être dans une Williams et d’être un rookie : Nicholas Latifi. Le Canadien a tout simplement fait n’importe quoi ce week-end. Que ce soit en essais libres, en qualifications, en course, il a passé tout son week-end en tête-à-queue ou presque. Il s’est ainsi montré incapable d’effectuer le moindre tour rapide en qualifications – en Q1, il a terminé à 11 secondes de George Russell ! Le lendemain, Nicholas Latifi n’avait aucune adhérence et a rapidement pris deux tours de retard, alors qu’il était sur les mêmes intermédiaires que son coéquipier. Cerise sur le gâteau, il a tamponné la Haas de Romain Grosjean en ne la voyant pas arriver. Ses progrès récents en qualifications ont été comme effacés : pourra-t-il retrouver confiance au Moyen-Orient ?

Flop n°3 : Une grue sur la piste : l’erreur inacceptable de la FIA

C’est une image glaçante qui a rappelé de très mauvais souvenirs, ceux de Suzuka 2014. Alors que la Q2 redémarrait, une grue était encore sur la piste, entourée de commissaires, en train d’évacuer la Williams de Nicholas Latifi (cf. ci-dessus). Les monoplaces arrivaient sur le virage au moment où la grue reculait encore pour sortir de la piste. Certes, c’était une affaire de secondes… Mais comment, après le drame de Suzuka, une telle situation a pu se reproduire ? Surtout quand on connaît les capacités des F1 à partir en tête-à-queue sur le tracé humide d’Istanbul… N’aurait-il pas mieux valu attendre une minute supplémentaire que la grue soit évacuée ? Le timing était ridicule – mais il est vrai qu’il fallait se dépêcher de finir les qualifications avant le coucher du soleil pour les TV… D’autant plus que, comme le confiait Charles Leclerc, il fallait attaquer pour maintenir les pneus en vie. Le pilote Ferrari s’est ainsi dit « choqué » par cet incident. De même, Alexander Albon a été un des plus virulents après la séance, le pilote Red Bull ayant estimé que la FIA avait pu mettre en danger les pilotes : « Ce n’était pas très bon. J’imaginais que nous étions en train d’essayer de tout finir avant le coucher du soleil. Et nous avons tout précipité. Mais c’était idiot. Et je suis sûr qu’on aurait pu attendre encore cinq minutes qu’une grue bouge. »

Michael Masi, le directeur de course de la FIA, s’est défendu tant bien que mal, mais sa réaction très mesurée interroge – il s’est même dit très à l’aise avec la décision. De même, pourquoi avoir soulevé l’Alfa Romeo de Giovinazzi avant la course, avec la grue, alors que le pilote était toujours dedans ? ll va falloir que la FIA accepte l’autocritique après ce Grand Prix plus inquiétant qu’il n’y paraît !

On demande à voir…

La 3e place au classement des constructeurs est-elle jouée ?

Le Grand Prix de Turquie sera-t-il décisif pour la lutte à la 3e place au classement des constructeurs ? C’est envisageable, tant chaque point compte dans ce combat. Racing Point aurait pu tuer le suspense en signant un doublé qui pouvait entre envisageable en début de course, mais il faudra donc un peu patienter. Ce qui est certain aujourd’hui, c’est que les Roses ont repris la 3e place, avec 5 longueurs d’avance sur McLaren. C’est trop peu ? Peut-être, mais il faut se souvenir qu’en performance pure, les McLaren sont en retrait ces dernières courses, et que Bahreïn et Abu Dhabi se disputeront dans des conditions bien plus prévisibles. De plus, avec un Lance Stroll de retour en pleine forme, les Racing Point seront bien deux à partir au combat.

Le grand perdant du week-end fut bien sûr Renault, qui est passée de la 3e à la 5e place au classement des constructeurs, avec 136 points contre 154 pour Racing Point ! Ferrari est même revenue à 6 points de Renault. Il ne faut peut-être pas trop s’enflammer pour la Scuderia, qui souffrira en particulier sur le deuxième Grand Prix à Bahreïn (sur le circuit ovale, de pure puissance). Renault brille justement à faible appui et devrait retrouver de la compétitivité lors des futures courses. Rien n’est plié donc, mais avantage tout de même à Racing Point !

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