Les tops, les flops et les interrogations après le Grand Prix de Hongrie

Russell à l’honneur chez Williams, le camouflet Ferrari interroge

Par Alexandre C.

6 août 2019 - 18:28
Les tops, les flops et les interrogation

Après chaque Grand Prix, Nextgen-Auto.com vous propose de retrouver les « tops » et les « flops » identifiés par la rédaction. Qui mérite d’être louangé ? Qui, au contraire, doit être critiqué ? Enfin, quels sont les points d’interrogation ou ambiguïtés, qui devront être suivis avec intérêt lors des prochains Grands Prix ? Découvrez-le ci-dessous !

Les Tops.

Top n°1 : Hamilton et Verstappen, une classe à part

Toto Wolff a trouvé les mots justes après le Grand Prix de Hongrie : le niveau affiché par Lewis Hamilton et Max Verstappen relevait « d’une classe à part » sur le Hungaroring. Les deux hommes évoluaient sur un « rythme frénétique » (Pirelli dixit) ; pour preuve, le Grand Prix de Hongrie 2019 fut le plus rapide de toute l’histoire du Hungaroring, avec 22 secondes d’avance sur le record de Michael Schumacher établi en 2004. Chaque pilote a éclaboussé le Hungaroring de son talent.

Celui de Max Verstappen s’est peut-être vu davantage le samedi, en qualifications, au terme d’un tour rapide frisant l’excellence ; le pilote Red Bull était comme sur des rails pour battre les deux Mercedes. Le talent de Lewis Hamilton s’est lui vérifié lors des 22 derniers tours du Grand Prix, lorsqu’il a dû attaquer sans relâche pour rattraper la Red Bull en médiums neufs, sans commettre une seule faute alors qu’il prenait tous les risques. Pour couronner le tout, Lewis Hamilton et Max Verstappen ont fait preuve d’un grand respect mutuel en piste, Lewis Hamilton n’hésitant pas à laisser assez d’espace et à rendre sa place après avoir franchi les limites de la piste au virage 4. Hamilton-Verstappen, le tube de la deuxième moitié de saison ? On en redemande !

Top n°2 : Carlos Sainz et Kimi Räikkönen, les métronomes du milieu de grille

En milieu de grille, la régularité, la constance, la sérénité même, comptent presque autant que la performance, tant les écarts sont serrés. A ce jeu-là, au terme de la première moitié de saison, la F1 tient ses deux références : Carlos Sainz et Kimi Räikkönen. L’Espagnol de McLaren a une fois de plus ramené de gros points dimanche dernier (10), après avoir déjà terminé 6e et 5e au Red Bull Ring et à Silverstone. Il se détache ainsi au classement des pilotes et revient même à cinq unités seulement de la Red Bull de Pierre Gasly. Carlos Sainz a d’ailleurs tenu en respect le Français durant la majorité de l’épreuve hongroise, prouvant qu’il vaut peut-être même encore mieux que le titre de « meilleur des autres ».

De son côté, Kimi Räikkönen a également fait parler son expérience en course. Le Finlandais a terminé à la 7e place, en résistant lui à Valtteri Bottas en fin d’épreuve. Il évoluait même sur un rythme légèrement supérieur aux McLaren, mais l’étroitesse du Hungaroring ne lui a pas permis de tenter un dépassement. 8 arrivées dans le top 10 en 12 courses (9 si l’on compte tout de même la course d’Hockenheim, où les deux Alfa Romeo avaient été pénalisées pour un problème technique d’embrayage) : Kimi Räikkönen est bien le deuxième homme fort du milieu de grille.

Top n°3 : George Russell, du fond de grille au milieu de grille !

1,3 seconde : tel est l’écart qui séparait les deux Williams en qualifications, samedi dernier en Hongrie. Un écart tout simplement abyssal, qui prouve autant le talent de George Russell que les immenses difficultés de Robert Kubica cette année. Grâce à ce meilleur samedi de l’année, et en tirant profit des évolutions qui ont bien fait progresser Williams en appui, le rookie et champion de F2 est passé à 5 centièmes de la Q2, mais s’est tout de même qualifié à une 16e position inattendue. En course, il a bondi au 14e rang à la fin du premier tour, et à la régulière, a fini devant une Racing Point (Lance Stroll) et une Alfa Romeo (Antonio Giovinazzi).

Grâce à George Russell, Williams est donc de retour dans le peloton. La comparaison avec Robert Kubica (qui a fini à 3 tours du vainqueur et à plus de trente secondes de George Russell) n’en est plus que cruelle. Il serait d’ailleurs fort instructif de voir ce que Russell vaudrait face à un autre coéquipier, tant les doutes entourent la compétitivité de Robert Kubica depuis son retour. C’est pourquoi, pour l’an prochain, Toto Wolff a décidé d’écarter George Russell pour la succession de Valtteri Bottas, ne voulant pas « brûler les ailes » de son jeune pilote. C’est dire combien George Russell vole en ce moment.

Les flops

Flop n°1 : Ferrari à une minute : les évolutions n’ont pas payé

Cinq dixièmes de retard sur Max Verstappen en qualifications, 61 secondes de retard sur Lewis Hamilton en course : le chronomètre a fait très mal aux deux Ferrari en Hongrie. Les monoplaces rouges, transparentes, sont même passées à quinze secondes de se faire prendre un tour à la régulière… Comment interpréter cette course ? Deux lectures sont possibles, l’optimiste et la pessimiste.

L’optimiste : sur un circuit à beaucoup d’appui, qui ne sied pas aux caractéristiques de la SF90, une telle débâcle pouvait être légitime ou en tout cas prévisible, et de toute manière, la Scuderia compterait davantage sur Spa et Monza pour rebondir (il s’agit de circuits très typés moteur). La pessimiste : Ferrari avait apporté, ce week-end, des évolutions censées rendre plus compétitives la monoplace en virages, avec beaucoup d’appuis. Quelques progrès ont certes pu être constatés, mais ils étaient évidemment loin d’être suffisants. Ferrari fait-elle alors fausse route dans la course au développement ? Tel n’est pourtant pas le point de vue de Sebastian Vettel. Il n’en demeure pas moins qu’en Hongrie, la Scuderia a fini plus proche de la McLaren de Carlos Sainz que de la Red Bull de Max Verstappen… Si Ferrari avance, c’est donc certainement à la vitesse d’une limace.

Flop n°2 : Renault et les virages lents : des promesses totalement déçues

Les virages lents devaient au contraire profiter aux deux Renault, selon les dires de Cyril Abiteboul. Las ! Il n’en a rien été. L’équipe française a une fois de plus déçu à Budapest et, selon Nico Hulkenberg lui-même, devrait « se remettre en question », en particulier sur la partie châssis. Aucune monoplace n’a même atteint la Q3 et Daniel Ricciardo, gêné par une Racing Point, a dû avaler une élimination dès la Q1. En course, le rythme n’était pas des plus incroyables. Certes, Nico Hulkenberg a été ralenti par des coupures moteur à hauteur de 3 dixièmes par tour (encore un problème de fiabilité !) et Daniel Ricciardo a su tenir en respect la Mercedes de Valtteri Bottas pendant une quinzaine de tours. Mais cela ne suffit pas pour faire passer la pilule : pendant ce temps, l’écurie-cliente, McLaren, a encore accru son avance au classement des constructeurs… alors même que la MCL34 était censée être moins compétitive en virages lents.

Les prochaines évolutions « d’importance » selon Alan Permane, apportées en deuxième moitié de saison, pourront-elles changer la donne ? Il s’agira certainement des dernières cartouches que pourra griller Nick Chester, le directeur du département châssis ; autrement, l’ingénieur britannique pourrait servir de fusible, tant les promesses ne sont pas à la hauteur de cette saison 2019.

Flop n°3 : Gasly repart pour un tour

Silverstone avait laissé entrevoir du mieux pour Pierre Gasly ; hélas, Hockenheim comme le Hungaroring ont confirmé que la Grande-Bretagne était finalement l’exception qui confirmait la triste règle… La comparaison avec Max Verstappen est aussi brutale qu’en Autriche pour Pierre Gasly. En qualifications, le Français a fini à 9 dixièmes de son coéquipier, sur un tracé pourtant court et apprécié par le jeune pilote. En course, l’écart fut plus gênant encore : comme en Autriche, Pierre Gasly a concédé un tour à son coéquipier, et n’a même pas pu finir devant la McLaren de Carlos Sainz. Christian Horner a clairement mis la pression sur son pilote, en regrettant qu’il n’était d’aucune aide pour Max Verstappen en course, ou pour le classement des constructeurs.

La communication de Pierre Gasly interroge enfin : le Français ne cesse d’évoquer un pilotage « compliqué » sans cibler précisément ce qui ne fonctionne pas ; sa voiture glisse énormément mais pourquoi donc celle de Verstappen reste sur des rails ? Et les multiples changements mis en œuvre, n’ont visiblement pas porté leurs fruits. Soit Pierre Gasly essaie de garder en coulisses ce travail de l’ombre qui ne paie pas pour le moment, soit il est autant perdu et embarrassé que le public français…

On demande à voir…

L’avenir comme le moral de Valtteri Bottas en question

L’avenir de Valtteri Bottas se jouait en partie – mais pas seulement – lors des deux dernières courses de la première moitié de saison, à Hockenheim et à Budapest. Au moment de décider de l’avenir du Finlandais pour 2020, ce sont ces deux Grands Prix que les dirigeants de Mercedes auront le plus en mémoire. Malheureusement pour Valtteri Bottas, ce furent ses deux pires prestations de la saison. A Hockenheim, il s’est crashé, cédant sous la pression alors qu’il n’avait « que » la Racing Point de Lance Stroll à doubler pour le podium. Sur le Hungaroring, il a certes confirmé ses performances en qualifications : il est passé à quelques millièmes de la pole et a une fois de plus battu Lewis Hamilton. Mais en course, il a, de même, confirmé sa fragilité mentale : son départ fut raté, il a manqué d’harponner Lewis Hamilton en bloquant les roues, et est passé proche de l’abandon suite à un contact avec Charles Leclerc (qui est certes plus responsable que la Mercedes). En milieu de peloton, le rythme de Valtteri Bottas ne fut pas suffisant pour remonter plus haut qu’à la 8e place ; la Mercedes a même longtemps buté sur la Renault de Daniel Ricciardo, pourtant en durs usagés. La comparaison avec le rythme pur affiché par Lewis Hamilton en course est évidemment frustrante, même si on ne sait pas si la Mercedes avait totalement récupéré du choc avec la Ferrari de Charles Leclerc.

Valtteri Bottas a publiquement concédé qu’il n’aimait pas conduire sous la pression. Il le faudra bien pourtant à Spa et à Monza, car les dernières déclarations de Toto Wolff ont été plutôt encourageantes pour l’hypothèse Esteban Ocon, qui gagne en crédibilité à mesure que Valtteri Bottas concède des points face à Max Verstappen…

Ferrari vraiment favorite à Spa et Monza ?

C’est entendu, la Scuderia rebondira sans coup férir à Spa et à Monza : les faiblesses des Rouges se situent en effet en virages, alors que la vitesse en lignes droites est la grande force de cette SF90. Or Spa et surtout Monza sont des circuits où la vitesse de pointe est décisive. Toto Wolff a ainsi dit s’attendre à deux week-ends « difficiles » pour Mercedes.

Mais qu’en sera-t-il vraiment ? Les tifosi devraient être en effet prudents aujourd’hui, et ce pour trois raisons. D’abord, à Spa ou Monza, les motoristes concurrents introduiront des évolutions qui pourraient rééquilibrer les performances. Ensuite, à Spa, le deuxième secteur, plus sinueux, favorise l’appui sur la vitesse de pointe, et Ferrari devra faire des compromis dans les réglages, en sacrifiant peut-être sa vitesse de pointe. Enfin, à Monza, les monoplaces adopteront une configuration spécifique, comme chaque année, avec le moins d’appui ; or, l’on sait que les Mercedes ont une grande marge de manœuvre sur ce plan : en ne faisant aucun compromis sur la vitesse de pointe, la Flèche d’Argent pourrait voir sa vitesse de pointe spectaculairement augmenter, alors que de coutume, Ferrari semble privilégier davantage la vitesse de pointe en week-end de Grand Prix. A réglages équivalents, il est possible de penser que l’avantage de Ferrari en lignes droites pourrait se réduire. La prudence devrait donc être de mise à Maranello… surtout si l’on sait que la Scuderia a déjà connu trop d’avaries moteur cette année !

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