Les tops, les flops et les interrogations après le Grand Prix d’Abu Dhabi

Hamilton au sommet, Ferrari enchaîne encore les bourdes

Par Alexandre C.

3 décembre 2019 - 18:47
Les tops, les flops et les interrogation

Après chaque Grand Prix, Nextgen-Auto.com vous propose de retrouver les « tops » et les « flops » identifiés par la rédaction. Qui mérite d’être louangé ? Qui, au contraire, doit être critiqué ? Enfin, quels sont les points d’interrogation ou ambiguïtés, qui devront être suivis avec intérêt pour la prochaine saison ? Découvrez-le ci-dessous !

Les Tops.

Top n°1 : Le week-end parfait pour Lewis Hamilton et Mercedes

Lors du dernier Grand Prix, à Interlagos, Lewis Hamilton avait osé, puisqu’il n’avait plus rien à jouer, adopter des stratégies risquées en course. Le résultat fut flagrant : une stratégie manquée, un accrochage dans les derniers tours de course face à Alexander Albon, une pénalité de cinq secondes, et une 7e place à l’arrivée. A Abu Dhabi, Lewis Hamilton et Mercedes n’ont ainsi pas pris de risque ; il n’y en avait d’ailleurs aucun besoin, tant la supériorité de la Mercedes était flagrante, en longs relais comme sur un tour de qualifications. Avant la course, Mercedes escomptait un avantage d’un ou deux dixièmes en longs relais par rapport à la concurrence, ce fut finalement trois ou quatre.

Deux éléments en particulier montrent combien Lewis Hamilton a réalisé le week-end parfait. Le Britannique a tout d’abord réalisé son 6e « Grand Chelem » en carrière, pour son 250e départ (pole, victoire, meilleur tour en course, chaque tour de course mené). Ensuite, il a réussi à signer le meilleur tour en fin d’épreuve, sur des durs qui avaient déjà 37 tours dans les dents, en battant de 432 millièmes le deuxième meilleur tour en course (celui de son coéquipier Valtteri Bottas), et alors que certains pilotes parmi les écuries de pointe (Charles Leclerc en tendres notamment) avaient effectué un deuxième arrêt. Un exploit comparable à celui que Lewis Hamilton avait déjà réalisé à Silverstone, en première moitié d’année. Hamilton avait donc énormément de rythme en réserve : la concurrence peut être inquiète pour l’an prochain.

Top n°2 : Pneus préservés, dépassements en folie : la course animée de Sergio Pérez

La remontée de Sergio Pérez en course a certes illustré que la règle des pneus de départ, pour les pilotes se qualifiant en Q3, était assez inéquitable. Le Mexicain, qualifié à la porte du top 10 à Abu Dhabi, a ainsi profité de cette largesse réglementaire. Mais Yas Marina aura aussi et surtout confirmé sa science de la course. En médiums au départ (contre tendres pour les McLaren et les Renault), le pilote Racing Point a logiquement effectué un relais plus long ; mais il fut plus long encore qu’escompté (38e tour, seul Daniil Kvyat s’est arrêté après lui). Or Sergio Pérez avait réussi à maintenir un rythme probant sur son premier train, grâce notamment à sa facilité notoire à soigner ses Pirelli. Ressorti seulement en 12e place, Pérez put se livrer à une formidable remontée ; il réussit à dépasser, un par un, ses concurrents. Son dernier dépassement, à l’extérieur, sur Lando Norris, au virage 11, fut un de ses meilleurs en carrière – selon le principal intéressé. Le Mexicain a bien gagné le droit de finir meilleur des autres à Abu Dhabi, et 10e au championnat, devant le pilote McLaren qu’il aura doublé dans le dernier tour.

Top n°3 : 21-0, le carton plein de George Russell

George Russell méritait, pour finir, de figurer parmi les « tops » en cette fin d’année, pour souligner une performance que lui seul aura accomplie. George Russell a été en effet le seul pilote à battre systématiquement son coéquipier, Robert Kubica, en qualifications cette année, lui infligeant donc un cinglant 21-0. Fernando Alonso, face à Stoffel Vandoorne l’an dernier chez McLaren, avait réalisé pareil exploit. De surcroît, le Britannique a battu, systématiquement ou presque, son coéquipier polonais avec un large écart ; ce fut encore cinq dixièmes samedi dernier à Abu Dhabi (à seulement 3 dixièmes de Kimi Räikkönen). En course, l’avantage lui est aussi revenu de manière récurrente, sauf là où cela comptait, à Monza, où Robert Kubica put inscrire un point. Malgré des problèmes d’oreille interne, George Russell a donc de nouveau prouvé, le week-end dernier, combien il avait écrasé son réputé coéquipier, même si des interrogations demeurent sur le véritable niveau ou la condition physique de Robert Kubica. Face à Nicholas Latifi l’an prochain, George Russell sera confronté à la même problématique : s’il bat son coéquipier, on trouvera cela tout à fait normal (Robert Kubica est affaibli physiquement, Nicholas Latifi n’est clairement pas un cador) ; s’il est battu, son avenir chez Mercedes F1 pourrait s’inscrire en pointillés.

Les flops

Flop n°1 : Ferrari continue d’empiler les erreurs

Grand Prix après Grand Prix cette année, Ferrari semble avoir trouvé de nouveaux moyens de se saborder. Après l’accrochage fratricide à Interlagos, la Scuderia a fait dans le moins spectaculaire, mais a accumulé des erreurs et des bourdes indignes d’une écurie de son standing. Petit florilège… En qualifications, Charles Leclerc, bloqué derrière Alexander Albon, lui-même bloqué derrière Carlos Sainz, n’a pu signer de deuxième tour en Q3. Il aurait pu aller chercher, avec une deuxième tentative, la 2e place de Max Verstappen sur la grille. L’ingénieur de piste de Ferrari risque de se prendre une soufflante…

Mais c’est en réalité tout le reste de l’équipe qui est à blâmer. Avant la course, Ferrari a transmis un document erroné aux commissaires sur la quantité d’essence embarquée dans la voiture de Charles Leclerc : la différence était de plus de 4 kilos, un gouffre ! Énième bourde d’ailleurs, ou un signe soupçonneux sur les rumeurs de « tricherie » (dixit Max Verstappen) autour de l’utilisation du carburant ? Comme l’a souligné Toto Wolff, le paddock n’a pas fini de parler (en riant ou non) de cette nouvelle polémique… Ferrari s’en est très bien sortie avec une amende de 50 000 euros, là où la disqualification semblait un moment envisagée. Pour couronner le tout, en course, Ferrari a eu les yeux plus gros que le ventre en tentant deux arrêts aux stands consécutifs ; Sebastian Vettel, qui suivait Charles Leclerc, a pâti des ambitions de la Scuderia : en raison d’un pneu avant-gauche récalcitrant, son arrêt a duré 6,9 secondes, quatre de plus que nécessaire. Enfin, la stratégie de Charles Leclerc n’a pas fonctionné (à deux arrêts) et l’a même placé sous la menace de Valtteri Bottas (parti de la 20e place) en fin d’épreuve. N’en jetez plus : Ferrari mérite le bonnet d’âne de ces deux dernières courses de l’année !

Flop n°2 : Traversée du désert pour les Alfa Romeo

Après un Grand Prix du Brésil qui a tenu lieu de formidable moisson pour Alfa Romeo (22 points marqués), Abu Dhabi était l’occasion de confirmer ces bonnes dispositions pour l’équipe de Frédéric Vasseur. Hélas, les monoplaces italo-suisses n’étaient nulle part dans le désert. Les deux Alfa Romeo se sont ainsi retrouvés éliminées en qualifications, et l’humiliation est même passée près pour Kimi Räikkönen, qui a terminé à seulement 3 dixièmes de la Williams de George Russell. En course, ce ne fut guère meilleur. Räikkönen n’a jamais semblé pouvoir lutter avec le top 10, et sa stratégie à un seul arrêt s’est de toute manière révélée improductive. Quant à Antonio Giovinazzi, il a évolué plus loin encore dans le peloton, et s’est même accroché avec Robert Kubica, endommageant son fond plat. L’année finit en queue de poisson pour Alfa Romeo, dont les progrès aérodynamiques en cette fin d’année sont clairement décevants.

Flop n°3 : Lance Stroll, lent et brouillon

Alors que Sergio Pérez brillait en milieu de grille, le Grand Prix d’Abu Dhabi a une fois de plus illustré la différence de niveau existant entre les deux pilotes Racing Point. En qualifications, certes, Lance Stroll s’était relativement bien comporté (une fois n’est pas coutume), avec un retard de seulement 48 centièmes sur son coéquipier. Mais en course, Lance Stroll a dévissé. Il a tout d’abord accroché Pierre Gasly – le Français l’a accusé d’avoir ruiné sa course. Avec une voiture légèrement endommagée, Stroll dut rentrer aux stands pour changer d’aileron avant, un changement qui prit beaucoup de temps. Cela n’excuse pas son rythme hallucinant de lenteur à la sortie des stands. Même s’il n’avait pas abandonné en fin d’épreuve (problème de freins), il aurait sans doute terminé derrière la Williams de George Russell. Il était temps que l’année se termine pour Lance Stroll.

On demande à voir…

AlphaTauri, l’équipe à suivre en début de saison prochaine ?

L’équipe qui avait peut-être le plus de rythme, en longs relais, à Abu Dhabi, n’était ni Racing Point, ni McLaren, ni Renault, mais bien Toro Rosso. Si l’on se fie du moins aux données de la course, l’équipe de Faenza était particulièrement en verve dimanche dernier à Abu Dhabi. Daniil Kvyat, parti assez loin, a terminé à la 9e place, notamment grâce à un premier relais remarquable (il fut le dernier pilote à s’arrêter). La course de Pierre Gasly était bien meilleure, sur le papier du moins. Le Français avait un rythme excellent, même avec des durs très usagés qu’il a fait durer 52 tours, soit pratiquement la durée du Grand Prix. Le 2e d’Interlagos avait le rythme pour terminer facilement devant son coéquipier, et donc à la hauteur de Sergio Pérez. A un détail près… il s’est accroché avec les Racing Point en début d’épreuve, a changé d’aileron et à partir de là, sa course fut ruinée… Qu’importe ? Car le rythme affiché par Toro Rosso en cette fin d’année, à Interlagos ou à Abu Dhabi, apparaît très prometteur pour l’an prochain. Avec la stabilité au niveau des pilotes, avec les progrès de Honda, Toro Rosso, renommée en AlphaTauri, pourrait-elle se hisser durablement au niveau de McLaren l’an prochain ?

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