Les patrons débattent du manque de spectacle et de suspense en F1

Comment être certains d’y arriver pour 2021 ?

Par Alexandre C.

25 mai 2019 - 10:16
Les patrons débattent du manque de (...)

Après les essais hivernaux de Barcelone, il était légitime d’attendre un duel serré, au sommet, entre Mercedes et Ferrari. Or, en ce début d’année, Mercedes a écrasé toute concurrence sur son passage, si bien que le suspense, et donc le spectacle, s’en trouvent affectés. Le règlement 2019 a interrompu la convergence des performances, comme cela était à craindre.

Les directeurs d’écurie regrettent-ils amèrement que cette saison soit finalement bien plus prévisible, et moins excitante que prévu ?

« Le dénouement du changement de règlement était assez prévisible, malheureusement » déplore Christian Horner pour Red Bull. « C’est à nous de lutter contre Mercedes pour réduire cet écart. »

Les prochains Accords Concorde, en 2021, pourraient à nouveau arrêter la convergence des performances en introduisant une révolution réglementaire. Mais ce nouveau cadre donne aussi de l’espoir à Christian Horner… A condition que le calendrier soit bien adapté.

« Nous repartirons, en 2021, d’une feuille blanche, ce sera un changement très important de règlement. Et nous avons débattu de la date de publication de ce nouveau règlement : il faut être très prudent. Parce que si vous publiez les nouvelles règles très tôt, alors, les équipes qui ont plus de ressources pourront tout simplement mettre plus de ressources, plus tôt, sur ce nouveau règlement, par rapport aux équipes plus petites. »

« Donc il s’agit de trouver le bon équilibre s’agissant de la date de publication du nouveau règlement. »

« Les voitures seront, aussi, bien plus simples. Inévitablement, des équipes négocieront bien ce tournant réglementaire, d’autres se tromperont. Mais j’espère que le concept recherché augmentera l’influence du pilote dans le résultat, j’espère que le pilote sera une variable plus importante qu’aujourd’hui. Et c’est ce dont la F1 a désespérément besoin. Les pilotes doivent être les stars, comme des conducteurs de chars modernes, et il faut aussi des combats roue-contre-roue, excitants ; il faut, enfin, que la course soit, à un certain degré, imprévisible, parce quand nous avons des vainqueurs en série, comme aujourd’hui, les équipes sont capables de faire des précisions trop exactes sur le dénouement d’un week-end, quand elles introduisent des évolutions. »

« Félicitations à Mercedes, ils ont fait un meilleur boulot que tout le monde, mais j’espère que le règlement technique permettra de mettre l’accent bien davantage sur le pilote et de changer cette situation, pour, je l’espère, introduire plus de variation dans le résultat. »

La date de publication du règlement 2021 a été un des aspects cruciaux abordés par Christian Horner – qui dirige une écurie de pointe. Claire Williams – qui dirige, elle, une écurie bien plus modeste et en grande difficulté – veut-elle une publication précoce ou tardive ?

« Si le règlement est publié un peu plus tôt alors clairement, une équipe comme nous ne va pouvoir batailler comme Red Bull ou Ferrari, car ces équipes peuvent consacrer beaucoup de ressources à trois programmes différents [2019, 2020 et 2021]. Pour une équipe comme Williams, il est bien plus difficile de le faire. »

« Il s’agit juste de s’assurer que ces règles soient bien claires quand elles seront publiées, plutôt que d’attendre une seconde version définitive. Il nous les faut dès que possible, mais pas trop tôt, de sorte que les autres équipes ne pourront pas déclencher trop précocement une course aux armements ! »

Pour resserrer les performances dans le plateau et ainsi bonifier le spectacle, Zak Brown compte, de son côté, sur les budgets plafonnés.

« Le nouveau règlement arrivera avec les budgets plafonnés, donc non seulement le nouveau règlement sera très différent, mais les budgets illimités ne seront plus permis dans le développement d’une nouvelle voiture. »

« S’agissant du calendrier, plus ce sera tard, mieux ce sera ; mais ces équipes de pointe ont de telles ressources, qu’elles auront juste la capacité d’explorer plus de pistes dans un laps de temps plus court que nous. »

« Un nouveau règlement, plus les budgets plafonnés, voilà ce qui va apporter un peu de changement dans le sport. »

Andy Green, le directeur technique de Racing Point, se montre plus fataliste quant à la domination d’une seule équipe en F1.

« Le nouveau règlement, pour 2019, a été défini surtout pour permettre aux voitures de se suivre de plus près. Mais lors de chaque saison, il y aura toujours des équipes qui feront un meilleur boulot que d’autres, donc il y aura toujours une équipe plus rapide et une équipe plus lente. Le problème est que deux voitures d’une même équipe finissent souvent groupées le samedi après-midi. Donc il faut étudier la question, sur les plans sportif et technique ; autrement, oui, les voitures pourront se suivre, mais elles se suivront dans ce qui sera une procession. »

Moins fataliste que volontariste, Cyril Abiteboul a taclé l’approche de la FIA et de la FOM dans la définition du réglement 2019.

« Il nous faut faire l’opposé de ce qui a été fait pour cette année. Je ne pense pas que le but, pour cette année, était de vraiment changer la hiérarchie ; cela n’aurait été qu’un bénéfice collatéral. Mais cette année, c’était un changement superficiel et tardif ; il nous faut un changement drastique, et assez vite, si nous voulons changer les choses. »

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