Verstappen : Quitter la F1 sera ’différent’ mais ’une bonne chose’

"On se demande quand on va arrêter de se dépasser"

Par Emmanuel Touzot

22 décembre 2023 - 17:26
Verstappen : Quitter la F1 sera (...)

Max Verstappen a toujours dit qu’il ne durerait pas longtemps en F1, expliquant qu’il n’irait pas jusqu’à 40 ans en catégorie reine. Son contrat actuel se termine en 2028 et il pourrait être le dernier, ce qui n’inquiète pas le pilote Red Bull. Car même s’il pense que cette vie lui manquera, il a débuté très tôt en compétition.

"Ce sera différent, j’en suis conscient, mais ce sera peut-être aussi une bonne chose" a déclaré Verstappen. "Il y a beaucoup de pression pendant ces week-ends de course, année après année. C’est peut-être bien de commencer enfin à faire des choses que l’on aime, à son propre rythme."

"Beaucoup de gens me disent que cette vie et la pression qui l’accompagne vont me manquer. Mon père le dit aussi. Mais personnellement, je ne le pense pas. Quand on le fait depuis si longtemps et si souvent, on finit par s’en lasser."

"Pas encore, bien sûr, mais il viendra un moment où j’en aurai assez. N’oubliez pas que je fais du karting depuis l’âge de quatre ans. A un moment donné, on se demande quand on va arrêter de se dépasser pour obtenir les meilleurs résultats."

Il sait que d’autres défis seront peut-être plus difficiles, mais il y est prêt : "C’est vrai, je ne connais pas mieux. Et je continuerai probablement à vouloir donner le meilleur de moi-même dans d’autres domaines. Mais si quelque chose que j’essaie n’est pas réussi plus tard, ce ne sera pas la fin du monde. Je serai plus détendu."

Des sacrifices, mais pas payer le prix fort

Verstappen s’agace du calendrier qui s’allonge : "C’est assez, oui. J’ai toujours dit que 24 week-ends de course, c’était trop. Il n’y a pas que les courses, tout ce qui entoure les courses rend les choses difficiles. Toutes les activités de marketing, les journées dans le simulateur et les obligations personnelles de sponsoring. Je n’ai plus vraiment de journées pour moi."

Pour les pilotes de F1 et le personnel des équipes, cela implique un sacrifice : "Oui, et j’en parle souvent avec les gens qui m’entourent. Tout cela entre en ligne de compte dans la décision de savoir combien de temps on est prêt à continuer."

"Bien sûr, je suis heureux d’être dans la position où je suis et de pouvoir faire ces choix pour moi-même. L’objectif a toujours été de devenir champion du monde et de gagner des courses. Tout cela a été accompli. Je l’ai déjà dit : Tout ce qui se passe après est un bonus."

En vieillissant, il admet également avoir une autre vision des risques qu’il prend et du danger encouru : "Je ne sais pas, mais le processus de réflexion est différent. Je sais comment j’étais quand j’étais en Formule 3. Je n’avais pas peur."

"Je n’ai toujours pas peur, mais je réfléchis davantage aux conséquences possibles de mes actes. À l’époque, on n’y pensait pas, on conduisait à l’instinct. Je ne parle pas de Dilano, car il a été percuté par quelqu’un d’autre, mais en général, en tant que pilote junior, on prend des risques plus fous que lorsqu’on est plus âgé."

Des accidents qui font prendre conscience du danger

Le sport automobile de haut niveau a encore connu un drame en 2023, avec le décès de Dilano van ’T Hoff à Spa-Francorchamps en FRECA. Verstappen est conscient que le danger doive être présent dans les esprits, mais il rappelle que le risque zéro n’existe nulle part.

"Ces pensées sont très logiques, mais votre enfant peut aussi se faire renverser à vélo en se promenant à Amsterdam. Les risques font partie de la vie, sinon vous devriez vous emmailloter dans du papier bulle et vous bunkeriser à la maison. Mais bien sûr, j’y pense toujours."

"Lorsque la nouvelle concernant Dilano est tombée, j’ai envoyé un message via les réseaux sociaux. J’ai vu plus tard que la sœur de Dilano avait répondu ’Max, tu étais son modèle. Merci pour ce message’. Cela m’a frappé. J’ai immédiatement pensé à ma famille. On se dit ’Merde, si cela m’était arrivé, alors ils...’ et on se dit ’fuck’."

Le Néerlandais et sa compagne Kelly Piquet ne discutent pas de ce sujet : "Non, ce n’est pas le cas. Elle vient d’une famille de pilotes et elle sait ce qui se passe dans ce sport. Elle en a suffisamment fait l’expérience dans sa propre famille. Son père a eu un horrible accident à l’Indy 500 après sa carrière en Formule 1."

"Cela lui a causé de graves blessures aux pieds et aux jambes. Ce danger est toujours présent. Elle le sait, je le sais. Mais on peut aussi glisser dans la douche et se briser la nuque. Ce sont des choses qui arrivent, y compris sur la piste, malheureusement."

Des records qui n’importent pas encore

Interrogé sur ses records en Formule 1, Verstappen explique pourquoi il ne les connait pas tous, même s’il sait quelles sont les marques à battre : "Bien sûr, je sais où se situent la plupart des pilotes et quels sont leurs records, mais je ne m’occupe pas trop des records."

"Les records sont également liés à la chance et au fait d’avoir une bonne voiture. Si j’ai une bonne voiture pendant sept ou huit ans, je sais qu’en toute logique, je battrai un certain nombre de records. Mais en fin de compte, je ne me soucie pas des records."

"Peu m’importe que je batte beaucoup de records ou seulement quelques uns. Je ne suis pas entré en Formule 1 pour battre des records, je suis entré en Formule 1 pour conduire et pour gagner. Le fait de battre des records se produit généralement si vous faites suffisamment ce dernier point."

Le fait qu’il ait dépassé Ayrton Senna au nombre de victoires reste un accomplissement que Verstappen relativise : "Oui, mais ce record... aujourd’hui, il y a plus de courses par an qu’à l’époque. Et comme je l’ai dit, vous dépendez du type de voiture que vous avez. Je relativise consciemment ces choses. Pour moi, d’autres choses sont plus importantes. Par exemple, toujours battre mon coéquipier. C’est le plus important. Et ça se passe bien, oui."

Verstappen est devenu célèbre au fil de sa carrière, et il révèle que sa popularité est plus mesurée à Monaco qu’aux Pays-Bas : "À Monaco, on m’aborde assez souvent dans la rue, généralement par des touristes. Mais c’est plus détendu qu’aux Pays-Bas. Je peux marcher deux minutes avant d’être abordé."

Au point qu’il ne pense pas revenir aux Pays-Bas quand il aura quitté la Formule 1 : "Non, je m’amuse beaucoup dans le sud de la France. Bien sûr, il y a des choses qui me manquent. Les ’Frites speciaal’, la cuisine locale !"

"Et bien sûr, ma famille et mes amis. Mais en même temps, quand j’en aurai fini avec les courses, j’aurai plus de temps pour les week-ends et les vacances avec mes amis et d’autres activités agréables. Je me réjouis de ce temps libre."

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