La stabilité du règlement F1 induit-elle forcément une convergence des performances ?

2020, saison serrée à prévoir… ou pas ?

Par Alexandre C.

3 janvier 2020 - 16:47
La stabilité du règlement F1 induit-elle

En F1, une tradition est bien établie depuis des décennies : une période de stabilité règlementaire est classique et logique, l’année précédant un grand changement réglementaire, pour laisser le temps aux équipes de s’adapter.

Ainsi, alors que 2021 sera une révolution y compris sur le plan aérodynamique (retour de l’effet de sol, ailerons avants largement simplifiés…), la FIA a logiquement décidé que 2020 serait une copie conforme de 2019. Les Pirelli 2019 seront même conservés cette année, alors qu’initialement, les composés italiens devaient aussi évoluer. 2020 sera ainsi une année de stabilité règlementaire par excellence.

Or, de telles années sont censées favoriser la convergence des performances. En effet, avec le temps, et selon la loi des rendements décroissants, les gains marginaux qui peuvent être trouvés diminuent ; une équipe qui a très bien performé a moins de marge pour progresser, tandis que celles plus en retard ont davantage de gains à aller chercher. Sur le papier, les années de stabilité réglementaire sont ainsi celles qui verraient des luttes plus serrées, un suspense plus marqué en haut de la grille – ce sont ainsi aux écuries de pointe que nous allons nous intéresser.

Est-ce vraiment le cas, in concreto ? Peut-on s’attendre effectivement à une saison 2020 très serrée entre Ferrari, Red Bull et Mercedes ? Pour le savoir, un retour sur la décennie 2010 donne quelques éléments d’illustration.

L’année 2012 avait été par exemple marquée par une mini-révolution réglementaire, avec en particulier l’interdiction des diffuseurs soufflés. Cette innovation avait eu pour conséquence de drastiquement rapprocher la concurrence. Lors des sept premières épreuves, sept pilotes différents, de cinq écuries, l’avaient ainsi emporté. La saison avait été disputée de bout en bout, entre Sebastian Vettel et Fernando Alonso, jusqu’à un Grand Prix du Brésil particulièrement épique.

En 2014, s’annonçait la grande révolution de la F1, avec le changement de règlement aérodynamique et surtout moteur (arrivée des V6 hybrides). Logiquement, 2013 fut donc une année de stabilité du règlement. Or cette année, surtout en deuxième moitié de saison, avait été une année de divergence, et non de convergence, des performances. Adrian Newey avait résolu les problèmes fondamentaux de la Red Bull de 2012 ; et Sebastian Vettel, au volant d’une machine imbattable, avait ainsi pu enchaîner les succès (13 victoires en une saison). L’écart entre le 1er au classement des constructeurs (Red Bull) et le 2e (Mercedes) était ainsi colossal (236 points).

Une autre année remarquable de stabilité réglementaire fut 2016. Là encore, un changement réglementaire notable s’annonçait en 2017 (monoplaces et pneus plus larges, aérodynamique plus agressive, augmentation générale de l’appui…). Or en 2016, aucune convergence des performances ne fut à relever. Mercedes remporta même un nombre record de victoires dans l’année (19 sur 21) alors qu’en 2014 ou 2015, Red Bull ou Ferrari étaient parvenues à l’emporter à trois reprises. Au total en 2016, Mercedes établit son record de points (765 contre 739 en 2019).

Enfin, avant un nouveau changement de réglementation en 2019, 2018 fut une autre année de stabilité réglementaire. En 2018 pourtant, Lewis Hamilton marqua plus de points (408) qu’en 2017 (363). Ferrari maintint relativement son niveau de performance, tandis que Red Bull, toujours empêtrée avec les délicatesses du moteur Renault, n’arrivait pas à refaire vraiment son retard. De nouveau, aucune convergence notable des performances ne se fit vraiment sentir en haut de la grille.

Que peut-on ainsi retenir de l’historique de cette décennie ? En définitive, il apparaît qu’il n’existe aucun lien tangible, pour ce qui est des écuries de pointe, entre stabilité réglementaire et convergence des performances. Au contraire, une année de révolution réglementaire, comme en 2012, ou dans une moindre mesure en 2017, peut contribuer à rebattre les cartes. Même l’année 2016, troisième année de stabilité du règlement 2014, ne vit pas une franche convergence des performances.

Tout peut bien sûr arriver en 2020, mais déduire de la seule stabilité du règlement une convergence des performances, parait ainsi, à l’heure actuelle, quelque peu présomptueux.

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