’Vous deviez répondre dans les 30 secondes’ : Binotto raconte la pression terrible de Marchionne

Ce qui a poussé Binotto à interpréter librement le règlement moteur ?

Par Alexandre C.

9 décembre 2020 - 15:51
'Vous deviez répondre dans les (…)

Avant sa disparitions subite, Sergio Marchionne était un président exigeant de Ferrari. Durant son mandat, de 2014 à 2018, Marchionne a en effet fait subir une forte pression aux équipes de Maranello en place, peut-être avec un certain succès d’ailleurs (la Ferrari était très compétitive en 2017 et 2018).

Pour le podcast "Beyond the Grid", Mattia Binotto, alors directeur technique et chargé notamment de la conception des moteurs, est revenu sur cette période aussi intense que frustrante à la Scuderia. A la pression italienne traditionnelle, s’ajoutait ainsi celle, particulière, de Marchionne…

« La pression était là, sans aucun doute. C’était la chose la plus difficile avec lui. La pression était telle que vous aviez toujours votre téléphone portable à côté de vous, jour et nuit, parce que s’il vous envoyait un WhatsApp, vous deviez lui répondre dans les 30 secondes. C’est le type de pression qu’il vous mettait. Si vous ne répondiez pas immédiatement au message qu’il vous envoyait, c’était clairement un mauvais début de journée. »

« Vivre avec le téléphone à côté de vous n’était pas facile. C’était le type de pression, certainement sa façon de mettre la pression, de s’assurer que vous êtes toujours éveillé, toujours prêt à répondre. Il m’envoyait aussi des SMS au milieu de la course. Peut-être pas au milieu de la nuit mais tôt le matin sans doute. »

Et quand la FOM lui demande si justement, cette pression n’explique pas pourquoi la Scuderia a dû repousser les limites du règlement, quitte à en explorer les zones grises, quant à son unité de puissance... Mattia Binotto répond qu’en effet, la pression de Marchionne pourrait être un facteur.

« Cela pourrait, ça pourrait. Je pense que, d’abord, ça fait partie du sport d’essayer d’interpréter la zone grise du règlement. »

« Je pense qu’à cet égard, toutes les équipes le font. Mais ensuite, c’est ce que vous interprétez comme étant gris ou non gris. Je pense que c’est évidemment toujours une limite qui est très limite et difficile. Mais oui, il nous a certainement beaucoup poussés - pas moi, mais nous - à développer les zones grises autant que nous le pouvions. »

Le successeur de Marchionne, Louis Camilleri, a-t-il un style de management différent ? Apparemment, Mattia Binotto a une bien meilleure relation avec lui.

« Louis a un type de management totalement différent [de Marchionne]. C’est un grand homme, un grand ami, je dirais. Je crois que j’ai trouvé un ami en Louis, il me soutient beaucoup. Il comprend l’importance de la stabilité, il comprend l’importance d’investir. Et normalement, lorsque vous investissez, les résultats ne sont pas toujours à court terme, mais plutôt à moyen et long terme, parce que vous devez d’abord investir et ensuite tirer profit de l’investissement lui-même. »

« Je pense que c’est une grande personne, un grand leader, il délègue beaucoup. Il m’envoie aussi des SMS, mais la réponse dans les 30 secondes n’est pas obligatoire. Cela fait au moins une grande différence ! »

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