Une révolution ratée : comment Aston Martin a loupé son premier passage en F1

Retour au tournant des années 60…

Par Alexandre C.

10 janvier 2021 - 13:53
Une révolution ratée : comment Aston (…)

Cette année, c’est entendu, Racing Point devient Aston Martin F1 et amènera la légendaire marque anglaise dans la discipline suprême du sport automobile.

En vérité, il ne s’agira pas d’une arrivée en F1 pour la marque de 007, mais d’un retour après une longue absence. En effet, des Aston ont déjà engagées en F1… en 1959 et 1960, avec très peu de succès (contrairement aux Mercedes de Fangio et de Moss dans les années 50).

C’est sous l’impulsion de David Brown, l’industriel qui construisit des transmissions et des tracteurs, que Aston put arriver en F1. David Brown n’en était pas à ses débuts en F1 : au début de la décennie 1950, il avait aussi soutenu BRM.

Dès 1954, Aston commença donc à travailler sur un prototype de F1, basé sur le modèle sports car. Mais la priorité n’alla jamais à la F1, mais plutôt aux 24 Heures du Mans (avec succès heureusement, Aston s’imposant en 1959).

Le premier prototype de F1, la DBR4, servit d’ailleurs dans sa conception à asseoir le succès de 1959 dans la Sarthe. Mais il fut jeté à la poubelle pour la F1 elle-même.

Une nouvelle monoplace fut alors construite et prête pour la saison 1958… Mais là encore, la priorité fut accordée au programme voitures de tourisme, et l’arrivée en F1 fut décalée d’un an.

Un an plus tard, c’était trop tard : car Cooper avait alors profité de l’intervalle pour révolutionner la F1 avec ses moteurs placés à l’arrière des voitures ; en 1959, ce concept de « mid-engine » devenait incontournable et Aston était passé à côté

C’est ainsi une Aston obsolète ou presque qui fit ses débuts en F1. La DBR4 était une sorte d’anachronisme sur les pistes, de dinosaure à quatre roues. Les deux pilotes maison, Roy Salvadori et Caroll Shelby, ne pouvaient rien y changer.

Salvadori regrette d’ailleurs aujourd’hui cette occasion manquée de 1958 : « C’était une voiture absolument fabuleuse à conduire - parfaitement équilibrée et dont la tenue de route était à la hauteur de celle de ses rivales. Elle aurait été une voiture gagnante en 1958, probablement capable de battre les Ferrari et les Vanwalls à moteur avant de cette année-là. Elle était compétitive au début de 1959, mais a rapidement perdu du terrain, car la Cooper et d’autres voitures similaires ont été développées au cours de la saison. »

La voiture aura été capable de quelques coups d’éclats, comme la qualification en première ligne, à Silverstone, dans la course à domicile, de Salvadori, aux côtés de la Cooper de Brabham. Mais la F1 verte ne vit jamais l’arrivée.

En 1960, la DBR5, plus légère, plus compacte, n’apporta pas de dénouement plus heureux et pour cause : elle avait toujours son moteur à l’avant de la voiture ! Maurice Trintignant, le Français, put arriver pour remplacer Shelby… et un certain Jim Clark (pilote junior de Lotus) fut signé comme troisième pilote.

Clark ne courut jamais de Grand Prix pour Aston, mais rentra vite dans le giron Lotus avec la suite que l’on sait. Et s’il avait couru davantage pour Aston Martin F1 ? Qui sait…

Que ce soit en 1959 ou en 1960, l’aventure d’Aston Martin en F1 se sera donc terminée par un échec et un zéro pointé. Et se termina par une queue de poisson, l’équipe se désengageant sur fond d’imbroglio financier avec la F1 pour une histoire de primes non payées (il fallait surtout arrêter les frais).

Mais qu’on se le dise : Lance Stroll et Sebastian Vettel s’apprêtent à débloquer les compteurs…

Aston Martin F1 Team

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