La face cachée du Grand Prix du Japon (3ème partie)

Les conversations entre pilotes et ingénieurs

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19 octobre 2013 - 18:07
La face cachée du Grand Prix du (…)

Alors que la saison a entamé sa dernière ligne droite et que Sebastian Vettel se dirige tout droit vers un quatrième titre consécutif, nous nous retrouvons face à une difficulté évidente à garder de l’intérêt pour cette saison 2013 de Formule 1. Et alors que ce sport nous montre une facette parfois ennuyeuse du fait des enjeux semblant très réduits, le déroulement des Grands Prix reste toujours un rituel des plus procéduriers pour les équipes et les pilotes.

Partie 3 – La dernière attaque, le bilan de la course

A quatorze tours du drapeau à damier, Mark Webber mène encore la course, mais alors qu’il doit encore s’arrêter, il s’inquiète surtout du trafic qui se présentera bientôt à lui. Et alors qu’on lui intime l’ordre de rentrer, c’est derrière qu’un incident se produit : Sergio Perez et Nico Rosberg se touchent, la roue arrière du pilote McLaren venant toucher le bout de l’aileron de son rival.

« Je pense que j’ai une crevaison » remarque immédiatement Sergio Perez, alors qu’il se dirige vers la voie des stands proche. « Vérifiez mon aileron avant » demande quant à lui Rosberg à son ingénieur. Et alors que Perez ressort des stands devant Vettel, ce dernier se retrouve bloqué derrière le Mexicain peu enclin à ouvrir la porte à celui qui lui prend pourtant un tour.

« Dites-lui de se pousser » s’énerve le pilote Allemand. « On lui présente les drapeaux bleus » tente de le rassurer son ingénieur. S’ensuit une discussion dans laquelle Vettel semble ne pas prêter attention à ce que lui dit son ingénieur :
« Faites-le se pousser ! Je perds du temps
- Compris. Calme toi, il a encore les drapeaux bleus
- Charlie, demande-lui de se pousser, ce n’est pas juste »
se désole Vettel auprès du directeur de course !

« Merci pour ça » finit par lâcher Vettel, pendant que Guillaume Rocquelin l’informe que « Mark est encore derrière Grosjean. Les voitures que tu rattrapes se battent pour leur position », dans une tentative de rappeler à son champion du monde de pilote qu’il n’est pas seul en piste.

Et effectivement, la bataille entre Webber et Grosjean fait rage pour la seconde place, l’Australien étant blotti dans les échappements de la rapide E21. « Concentre-toi sur ta sortie de chicane » lance Rennie à Webber, pour que ce dernier se retrouve en position de profiter de l’aspiration en plus du DRS. Dans le même temps, Rosberg apprend que son niveau de carburant est critique.

A une poignée de boucles de l’arrivée, Grosjean se fait finalement dépasser par Webber lors d’un retour sur des retardataires : « Saloperie de drapeaux bleus ! » lance un Grosjean déçu de ne finir que derrière les Red Bull. Des Red Bull qui feront donc un doublé, Mark Webber ne pouvant rien faire pour rattraper Sebastian Vettel.

C’est d’ailleurs Christian Horner qui félicite ce dernier en priorité : « Quel pilotage Seb, super boulot ! Tu as géré ça d’une manière extraordinaire, c’est brillant ». Un point de vue partagé par son ingénieur : « Génial mec, génial ».

Dans un élan de joie en partie censuré par la FOM, Sebastian Vettel hurle sa joie : « Incroyable ! Vous avez été patient, super boulot ! Merci de m’avoir donné une telle voiture, c’est incroyable, vous êtes la meilleure équipe du monde. Merci beaucoup les mecs, je vous aime ».

« Juste pour que tu saches, Alonso termine quatrième à 45 secondes. C’était une course fantastique, pleine de patience. Meilleur niveau de dégradation, meilleur arrêt au stand, meilleur rythme. Et tu as dépassé pour prendre la tête, c’est beau » lui dit Rocquelin.

« Super boulot aujourd’hui » déclare pour sa part Simon Rennie à Mark Webber. « Nous étions à la limite sur la dégradation, c’est pourquoi nous avons changé de stratégie, ça aurait été trop limite de ne faire que deux arrêts ». Christian Horner prend ensuite le relais pour y aller de ses félicitations, tout comme Eric Boullier le fait avec Romain Grosjean : « Ouah, pilotage fantastique Romain ! »

Grosjean, malgré la déception, ne peut pas être réellement mécontent, et qualifie sa course de « fantastique ». Ayao Komatsu, son ingénieur, préfère voir le verre à moitié plein : « Fantastique Romain. Rappelle-toi que tu as été le seul à défier Red Bull aujourd’hui, super boulot ».

Du côté de Sauber, l’heure est également aux félicitations : « Bon boulot Nico, ceux devant toi avaient de meilleures voitures. C’est un bon résultat, merci » lâche Schupbach à Hulkenberg. « C’est ça » répond ce dernier, « je ne pouvais pas retenir les autres à la fin. Les pneus lâchaient. Mais la voiture était vraiment bonne aujourd’hui, merci ». Son ingénieur lui donne par la suite le classement avant de lui rappeler d’économiser du carburant pour ce qui est « la procédure de fin de course ».

Du côté de Jenson Button, moyennement satisfait de son résultat, c’est surtout le niveau des Sauber qui l’inquiète, très probablement dans l’optique du classement des constructeurs. « Est-ce qu’une Sauber a fini devant nous ? » demande-t-il presque directement, avant de demander « Est-ce qu’elles avaient un bon rythme, ou juste une bonne stratégie ? » lorsqu’il apprend que les deux ont fini devant lui. « Un bon rythme, similaire au notre » lui avoue Dave Robson, son ingénieur.

Concernant Ricciardo, finalement treizième après son drive through, apprendre qu’il aurait très certainement terminé dans les points sans cette pénalité ne l’a pas aidé à rester serein. « Pour être clair, avant que je sorte et que je ne tue quelqu’un, c’était pour le dépassement par l’extérieur au virage 15 sur Sutil ou di Resta ? ». Un énervement toutefois contenu par la suite, mais qui aura laissé beaucoup de frustration à l’Australien.

Une course riche en rebondissements, et où l’on voit qu’une stratégie décalée oblige une gestion plus que complète de son propre rythme, du rythme de ses adversaires et, bien évidemment, de la dégradation de ces pneus. L’éternelle satisfaction de Vettel après ses victoires deviendrait presque un mystère, tant elle est intarissable, mais c’est aussi ce qui en fait le compétiteur qu’il est aujourd’hui.

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