Comment Ross Brawn a deviné le talent de Schumi avant son premier GP

Merci Mercedes !

Par Alexandre C.

6 janvier 2019 - 14:51
Comment Ross Brawn a deviné le (…)

En 1991, Ross Brawn et Michael Schumacher ne passaient pas encore la majorité de leurs journées dans les paddocks de F1, mais en championnat du monde de sports-prototypes. L’ingénieur anglais triompherait finalement au sein du Tom Walkinshaw Racing. Engagé de son côté avec Mercedes (mais dans une voiture à la fiabilité douteuse), le futur septuple champion du monde avait déjà marqué les esprits…

« En 1991 » raconte Ross Brawn, à l’occasion du 50e anniversaire du Kaiser, « la seule vraie opposition que nous avions rencontrée, était celle de Michael dans la Mercedes, parce que les autres pilotes étaient loin d’être aussi bons. »

Les deux équipiers de Michael Schumacher se nommaient alors Karl Wendlinger et Heinz-Harald Frentzen.

« En sports-prototypes, il faut aller vite, mais aussi gérer l’essence » poursuit Ross Brawn. « Il faut conduire avec économie durant la course. Mais Michael faisait des temps avec moins d’essence que les autres, et il les battait largement. Nous avons été sauvés parce que Mercedes avait donné l’ordre à leurs pilotes d’effectuer des relais identiques. Quand il pilotait, Michael nous menait la vie dure ; mais les deux autres pilotes de la Mercedes nous remettaient dans une position plus confortable. »

Pourtant à l’époque, Ross Brawn ne pouvait savoir précisément qui des trois pilotes chez Mercedes était véritablement le plus rapide, puisque les données étaient gardées confidentielles. Tout était une affaire de déduction…

« Il était clairement incroyablement rapide, et ce qui m’impressionnait chez lui, c’était sa capacité à gérer le carburant tout en gérant les temps au tour. Il était très compétitif. »

« Vous ne savez pas comment quelqu’un se débrouillera pour faire la transition vers la F1… Mais il était exceptionnel en prototypes. Quand on a commencé à parler de lui pour la F1, Tom et moi avions déjà été engagés par Benetton, et nous le voulions désespérément dans la voiture, parce que nous savions à quel point il était bon. »

Ross Brawn, chez Benetton, devait auparavant convaincre Flavio Briatore d’engager Michael Schumacher, qui était alors un parfait inconnu.

« Le problème, c’était que nous avions deux pilotes [Moreno et Piquet] chez Benetton. Et Jordan avait un baquet de libre. Nous avons essayé de convaincre Flavio d’être assez drastique pour changer de pilotes. Mais il n’a pas été convaincu, parce qu’il ne connaissait rien au sujet de Michael Schumacher. Bien sûr, quand Michael est apparu à Spa [pour son premier Grand Prix avec Jordan en 1991, 7e temps en qualifications] et a réalisé la performance qu’il a faite... Je pense que l’histoire de la découverte de Michael Schumacher par Flavio est un peu exagérée. Tom et moi le voulions déjà désespérément dans la voiture. »

« Et Flavio a été convaincu une fois qu’il l’a vu à Spa. Donc ensuite, ce fut une bataille pour le tirer de chez Jordan et de l’engager chez Benetton. »

Mercedes voulait également conserver Michael Schumacher, pour préparer le retour de la marque allemande en F1, en collaboration avec Sauber en 1993.

« En fait, Mercedes participait financièrement pour faire entrer Michael Schumacher en F1 » rectifie Ross Brawn « donc je me rappelle que certains des gars de Mercedes furent impliqués dans les discussions. Mais honnêtement, Tom et Flavio se sont plutôt occupés de cela, j’étais distrait par mon rôle en tant qu’ingénieur. »

Quelle première impression garde aujourd’hui Ross Brawn de Michael Schumacher chez Benetton ?

« Il était assez équilibré. Il avait assez de confiance pour vous faire sentir qu’il pouvait faire le travail. Mais il n’avait aucun excès de confiance. Il était très curieux et très enthousiaste d’apprendre. Il est apparu immédiatement comme quelqu’un de très professionnel. »

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