Yas Marina côté moteur avec Renault Sport F1

Les défis posés par le circuit d’Abu Dhabi

Par Franck Drui

9 novembre 2011 - 15:17
Yas Marina côté moteur avec Renault (…)

Le Championnat du Monde FIA 2011 de Formule Un arrive dans sa dernière ligne droite ce week-end avec l’avant dernière course du calendrier, le Grand Prix d’Abou Dhabi. Celui-ci se déroule sur le circuit de Yas Marina, construit sur une île du golfe Persique à proximité du centre d’Abou Dhabi. Ce complexe très haut de gamme surpasse tout ce qui existe ailleurs en la matière.

Le circuit conçu par Hermann Tilke serpente la nouvelle grande marina et ses complexes hôteliers et de loisirs ultramodernes, formant une boucle de 5,554 km. Une longue ligne droite court parallèle au port pour mieux revenir sur elle-même dans une série de virages à angle droit avant de passer de façon spectaculaire sous la réception du Yas Marina Hôtel. Ces virages lents à moyennement rapides en font un circuit relativement peu exigeant pour le moteur RS27, mais la proximité de l’océan et du désert peut créer quelques défis inhabituels pour les ingénieurs de Renault Sport F1.

Données chiffrées du Grand Prix d’Abou Dhabi

 Abou Dhabi est un circuit typiquement moderne avec très peu de virages rapides. L’enchaînement le plus rapide prend place entre les virages 2 et 5 où les vitesses se situent entre 240 et 290 km/h. La voiture et le pilote subissent d’importantes forces latérales tout au long de cette section, plus ou moins 5 G lors des changements de direction.
 Pendant les séances d’essais du vendredi, il sera possible de tester deux cartographies moteur différentes pour faire face aux écarts de températures très importants entre les deux séances. Les Essais Libres1 ont lieu pendant l’après-midi sous une chaleur potentiellement très élevée tandis que les Essais Libres2 se déroulent après le coucher du soleil. Puisque le niveau d’adhérence de la piste, la durée de mise en température des pneus et la pression de l’air vont changer, le moteur devra également répondre à ce nouvel ensemble de paramètres.
Du sable et des gravillons déposés par le vent du désert peuvent être ingérés par le moteur via les prises d’air, causant des dégâts aux éléments internes, mais pouvant aussi créer d’éventuels points de blocage affectant le refroidissement du moteur. Des filtres spéciaux pourront être installés pour réduire les risques dus au sable.
 La longue ligne droite entre les virages 7 et 8 fait presque 1,2 km, dans cette portion, le RS27 sera à plein régime pendant 14 secs, atteignant des vitesses supérieures à 310 km/h. Le calibrage des rapports de boite est crucial pour cette partie ; le septième rapport doit être adapté pour obtenir la meilleure puissance à l’accélération tout en générant une vitesse compétitive en bout de ligne droite avec le DRS activé. La zone de freinage à cet endroit verra le pilote rétrograder jusqu’en deuxième, ce qui signifie que le moteur doit permettre une bonne stabilité du train arrière au freinage.
 La troisième partie de la piste, du virage 11 jusqu’au dernier 21 comporte surtout des virages à droite qui se prennent essentiellement sur le deuxième ou troisième rapport. La vitesse moyenne ne dépassera pas les 160 km/h. Dans ce secteur plus lent, le RS27 sera configuré pour fournir une bonne maniabilité tout en étant réactif pour les courtes et soudaines accélérations entre chaque virage.

L’avis de Sebastian Vettel, Red Bull Racing

J’ai d’excellents souvenirs d’Abou Dhabi, pour des raisons évidentes. Cette année, il sera bon d’y retourner et d’en profiter pleinement. Le circuit de Yas Marina est une piste très moderne avec très peu de virages rapides, mais regroupe des virages serrés à angle droit dans le dernier secteur et de longues lignes droites suivies d’épingles à cheveux dans le secteur deux. Le moteur a donc besoin d’être bon à tous les régimes. Nous devons avoir une bonne Vmax pour la ligne droite d’1,2 km mais aussi de la maniabilité pour les courbes finales. Renault Sport F1 a fait un excellent travail sur ce type de configuration de circuit cette année, je suis confiant sur le fait de pouvoir disposer de la puissance et des reprises nécessaires quand on en aura besoin.

L’avis de Rémi Taffin, directeur des activités piste de Renault Sport F1

Le circuit de Yas Marina est une piste de style très moderne, avec principalement des virages lents à moyennement rapides, de longues lignes droites et des virages serrés en épingle à cheveux. Seulement 55% de la piste se passe à pleine charge, avec des vitesses moyennes de l’ordre de 190 km/h, ce n’est donc pas massivement contraignant pour les moteurs RS27. Néanmoins, cela reste un circuit difficile à appréhender correctement pour un ingénieur moteur en raison des nombreux facteurs externes qui nécessitent une gestion attentive.

La consommation de carburant, par exemple, est une des plus élevées de l’année. La nature de la piste, succession de freinages et d’accélérations brutales, en particulier dans le secteur final, signifie que le taux de consommation est particulièrement élevé, mais la forte pression atmosphérique due au fait de se trouver au niveau de la mer augmente encore ce taux. Yas Marina rejoint Melbourne en termes de niveau de carburant embarqué au départ de la course.

Le refroidissement est une autre préoccupation majeure ici. Les températures ambiantes sont élevées pendant la journée (environ 28 ° C) mais plus fraiches pendant la nuit (environ 19 ° C), ce qui nécessite potentiellement deux réglages différents. Cependant, puisque la course commence de jour pour se terminer après le coucher du soleil, un compromis doit être trouvé en termes de paramétrage.

Il n’y a plus que deux Grands Prix à courir cette saison et nous sommes assez satisfaits de notre gestion des moteurs clients cette année. Pour ces courses finales, nous serons en mesure d’installer de nouvelles unités pour chacun de nos pilotes, ce qui procure un peu plus de souplesse à nos partenaires. Il reste encore quelques points à glaner !

Le saviez-vous ?

Renault Sport F1 a fait rouler certains moteurs jusqu’à 2800 km lors des séances d’essais du vendredi, permettant l’installation d’unités plus récentes en qualifications et en course, où toute puissance supplémentaire représente un réel avantage. Les mesures prises pour améliorer la fiabilité au cours de l’hiver et pendant la saison ont permis d’obtenir ce nombre de kilomètres jamais atteint auparavant.

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