Envoyé spécial de l’ONU, Todt défend l’approche de la F1 sur les droits humains

Défendre les droits humains, est-ce faire de la politique ?

Par Franck Drui

23 juin 2021 - 08:14
Envoyé spécial de l'ONU, Todt (...)

Bahreïn, la Chine, la Russie, Abu Dhabi et maintenant l’Arabie saoudite : la F1 défend-elle vraiment assez les droits humains ? En particulier la FIA, dont le président Jean Todt est aussi envoyé spécial de l’ONU pour la sécurité routière...

Pour alors défendre l’approche « humaniste » de la F1, engagée pour la diversité et l’égalité par ailleurs, Jean Todt a plusieurs arguments bien rôdés. Il argue notamment de la présence de « grands témoins » ou de figures institutionnelles pour prouver son engagement.

« C’est quelque chose qui me tient à cœur. Et depuis maintenant cinq ans, je suis très impliqué dans les Nations unies en tant qu’envoyé spécial du secrétaire général pour la sécurité routière. »

« Si vous voyez le panel de haut niveau que j’ai constitué sur la sécurité routière, vous avez Michael Ellison, un ancien haut commissaire aux droits de l’homme. »

« Vous avez Michelle Bachelet, qui est l’actuelle haut-commissaire aux droits de l’homme. Il y a aussi Filippo Grandi, le haut-commissaire aux réfugiés. D’une certaine manière, c’est un privilège pour moi de discuter avec eux. »

« Stefano [Domenicali] est venu me rendre visite, et j’ai reçu Jacques Toubon, ancien ministre de la justice qui était jusqu’à l’année dernière en charge des droits de l’homme en France [Défenseur des droits], et j’ai parlé avec lui de cela. »

Alors pourquoi ne pas prendre des engagements plus fermes pour les droits humains, sous les conseils avisés de ces personnalités ?

« Et tout le monde est favorable à la tenue de courses partout dans le monde. Je veux dire, nous sommes un sport. »

« C’est aussi quelque chose dont j’ai discuté très souvent avec le Comité international olympique, avec Thomas Bach. Parce qu’ils ont le même problème. Et nous considérons clairement que le sport ne doit pas être impliqué dans la politique. »

Todt a prévu la parade : l’engagement avec la société civile et les ONG. Non pas pour boycotter l’existant, mais pour tenter de l’améliorer.

« Nous devons nous engager avec les ONG. Et je veux dire, les bonnes ONG, comme Human Rights Watch, qui sont des gens bien, pour essayer de dire, quel genre de contribution nous pouvons apporter ? Donc nous travaillons, nous travaillons là-dessus. »

« Vous pouvez interpréter la façon dont cela vous aide. À mon avis, le fait d’aller dans ces pays donne également la possibilité aux personnes qui ont une opinion négative du pays de s’exprimer, ce qu’elles n’auraient probablement pas fait autrement. »

« Donc, comme je l’ai dit, c’est une question d’interprétation. Mais, pour moi, je me sens bien. »

Du reste il faut rappeler que le calendrier n’est pas du ressort de la FIA : mais bien de la FOM et de Liberty Media. Cependant Todt dispose d’un droit de veto. S’en servira-t-il un jour ?

« Qui propose le calendrier ? C’est le détenteur des droits commerciaux. Il serait injuste de dire que c’est seulement eux, parce que nous pourrions leur dire de ne pas y aller. Et ils nous suivront, donc nous sommes d’accord. »

« Parce qu’en fin de compte, une fois qu’un calendrier est proposé, il est soumis à moi et au Conseil mondial, qui donne son accord, et je ne me souviens pas d’avoir entendu quelqu’un dire qu’il ne fallait pas y aller. C’est un accord commun, pour aller dans ces pays. »

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