Barcelone II, le bilan : Ferrari et Mercedes se chassent, Williams se cherche

De grandes tendances se dégagent, le détail est encore mystérieux

Par Alexandre C., Emmanuel Touzot, Franck Drui

2 mars 2019 - 10:10
Barcelone II, le bilan : Ferrari (...)

Les huit journées marquant la pré-saison sont déjà terminées et si elles sont, comme chaque année, difficiles à déchiffrer, les performances de chacun commencent toutefois à se dévoiler, à deux semaines du premier Grand Prix de la saison, qui se disputera sur le circuit de l’Albert Park de Melbourne.

Avant toute chose, il importe de saluer le niveau de préparation des écuries : tant les temps réalisés (meilleurs que ceux de l’an dernier, contre toutes les prévisions) que la fiabilité globalement remarquable des monoplaces, témoignent d’un niveau de préparation impressionnant de la part d’une grande majorité des écuries.

Sans tirer un bilan définitif de ces essais, quelles tendances s’en détachent ? Les performances sont toujours difficiles à décoder, notamment à cause des différences de programme, des différences de quantités de carburant, ainsi que des conditions évolutives, mais certaines tendances se sont dégagées jour après jour au sujet de diverses écuries.

Fiabilité et kilométrage : Mercedes lime le bitume, Williams court après la montre

Alors que la Formule 1 a fait un virage réglementaire avec l’arrivée des nouveaux ensembles aérodynamiques, les équipes savaient que le besoin d’engranger des données était crucial. C’est ce qu’elles ont fait, tout en éprouvant au passage la fiabilité de leurs voitures, tant au niveau des pièces liées au châssis qu’au niveau des blocs propulseurs.

Si les deux équipes faisaient jeu égal en première semaine avec une soixantaine de kilomètres d’écart, Mercedes (5535 km) a été l’équipe la plus productive de l’hiver avec l’équivalent de 18 Grands Prix, largement devant Ferrari (4641 km), qui a souffert d’une journée presque inutile le jour où une jante de Sebastian Vettel a cassé, envoyant l’Allemand dans le mur. C’est tout de même la distance de trois courses qui sépare les deux équipes en termes de roulage. A noter que Mercedes a perdu une demi-journée mardi suite à un problème mécanique.

En retrait sur le plan du kilométrage en première semaine, Renault (4473 km) a mis un point d’honneur à aligner les tours en cette deuxième semaine avec notamment 157 tours mardi. Elle a pu passer de peu devant Toro Rosso (4352 km), qui a largement éprouvé le moteur Honda, et Alfa Romeo (4292 km), qui était troisième en première semaine dans ce classement.

En difficulté en essais libres depuis de nombreuses années, McLaren (4064 km) a connu un hiver positif, avec deux journées à 130 tours pour Carlos Sainz en deuxième semaine. Haas (4055 km) arrive juste derrière dans ce classement mais a connu de nombreuses pannes en essais.

La grosse déception en termes de fiabilité, et surtout en termes de kilométrage parcouru, vient de Red Bull (3878 km). La boîte de vitesses s’est montrée récalcitrante et le gros accident de Pierre Gasly jeudi n’a pas aidé, mais le moteur Honda n’a pas connu de problème. Parmi les mauvais élèves de ce classement, on retrouve Racing Point (2909 km) qui n’a pas connu beaucoup d’alertes mais a dû économiser ses pièces, tandis que Williams (2639 km) ferme logiquement ce classement avec deux jours et demi d’essais en moins.

Qui pour jouer le rôle de favori ? Ferrari ou Mercedes ? Mercedes ou Ferrari ? Le jeu du chat et de la souris...

Ce bilan kilométrique étant tiré, est-il possible, après ces deux semaines, de dégager une hiérarchie d’ensemble ?

Deux favoris - les mêmes que l’an dernier - se dégagent au terme de cette deuxième semaine d’essais à Barcelone : mais s’il fallait n’en garder qu’un, sur qui parier ? Faut-il faire de Ferrari l’unique grand favori de la saison à venir ? Ou faut-il considérer que Mercedes, malgré toutes les déclarations plutôt pessimistes de Lewis Hamilton ou James Allison, a caché son jeu – comme à son habitude ? Le mystère demeure entier, y compris après cette deuxième semaine de tests.

L’équation pourrait être ainsi résumée : en début de première semaine, Ferrari était clairement favorite, tandis que Mercedes souffrait de problèmes d’équilibre en dépit d’une fiabilité parfaite ; en fin de deuxième semaine, les choses ne sont plus aussi simples : Ferrari a quelque peu pêché en fiabilité, tandis que Mercedes s’est rapprochée sur le plan de la performance.

Si Mercedes avait voulu le faire exprès, Toto Wolff n’aurait sans doute pas agi autrement. Les deux meilleurs temps des essais de Barcelone ont été signés par le vice-champion du monde Ferrari et le champion du monde Mercedes : trois millièmes seulement séparent en effet Sebastian Vettel de Lewis Hamilton au dernier jour de Barcelone II. Les chronos ont tous deux été signés en pneus C5 neufs. Libre à chacun de les interpréter : Ferrari a-t-elle caché son jeu ? Mercedes aurait-elle pu aller plus vite ? Trois millièmes d’écart : voilà une vérité chronométrique qu’il sera difficile d’interpréter avant la Q3 de Melbourne.

Ce qui est certain, c’est qu’il ne faut pas croire sur parole Toto Wolff ou James Allison. Longtemps, les deux hommes ont assuré que le package vu en première semaine, serait celui de Melbourne ; or, en début de deuxième semaine, la W10 avait profondément évolué. Résultat, la Mercedes paraissait plus stable en virages rapides… Quand Lewis Hamilton assure que Mercedes est à cinq dixièmes de Ferrari, il y a donc de quoi être dubitatif.

De son côté, la Scuderia a principalement rassuré et partiellement inquiété. D’un côté, la performance pure des Rouges paraît toujours particulièrement prometteuse. En longs relais ce jeudi, Charles Leclerc tournait de deux dixièmes à une seconde plus vite que Valtteri Bottas. Mais que dire de la fiabilité ? Elle a sans doute davantage déçu : une journée écourtée pour Charles Leclerc, une rupture de jante qui a entraîné une sortie de piste violente de Sebastian Vettel, ou une panne le dernier jour des essais… Ferrari n’a pas eu la fiabilité d’une écurie championne du monde en deuxième semaine.

Résultat des courses : pour les plus impatients, il devrait être décevant. Ferrari paraît en position de force, Mercedes a repris de la vigueur. Personne ne semble avoir abattu toutes ses cartes.

En revanche, les deux écuries, rivales pour le titre l’an dernier, semblent bien parties pour se disputer à nouveau la mise cette saison.

Derrière Ferrari et Mercedes, Red Bull en embuscade ?

Par rapport à Ferrari et Mercedes, Red Bull apparaît quelque peu en retrait. Pierre Gasly n’a signé que le 11e meilleur temps de ces essais, avec un 1:17.091 en C5 neufs. Le Français a d’ailleurs gâché les deux derniers jours d’essais de Red Bull, en mordant dans l’herbe au virage 9, entraînant sa monoplace dans le mur… de ce fait, Red Bull a dû écourter son jeudi et rouler sans nombre d’évolutions et de nouvelles pièces le vendredi. Un handicap pour Melbourne.

Selon Helmut Marko, la Red Bull serait devant Mercedes mais derrière Ferrari – mais ce n’est pas la version entendue chez d’autres écuries, dont Mercedes. Sur les longs relais effectivement, la monoplace autrichienne paraît légèrement en retrait de Mercedes ou Ferrari… Là encore, ces estimations sont à prendre avec prudence, puisque les journées consacrées à la performance ont été des plus chaotiques

En revanche, il est acquis que la fiabilité du moteur Honda a surpassé les attentes les plus optimistes. Pas un seul instant, l’unité de puissance japonaise n’a ralenti le programme de roulage de Red Bull – ou de Toro Rosso. On sait que la performance devra suivre pour satisfaire pleinement Christian Horner ou le Dr. Marko, mais voilà déjà un point d’acquis pour Honda.

Un milieu de grille plus serré que jamais ?

Derrière les trois écuries de pointe, il est encore plus complexe de deviner la hiérarchie en place. S’il fallait se fier à la seule feuille des temps, Renault serait la favorite grâce à un 1:16.842 signé par Nico Hulkenberg (C5 neufs)… mais Alexander Albon et Daniil Kvyat suivent dans le même dixième, avec les mêmes pneus.

L’impression de Daniel Ricciardo en première semaine demeure valide : toutes les écuries, en milieu de grille, semblent avoir développé une bonne voiture. Par rapport à la première semaine, il importe néanmoins de noter quelques évolutions.

Alfa Romeo paraît avoir quelque peu moins impressionné en termes de fiabilité et de performance (13e meilleur temps de Kimi Räikkönen en 1:17.239, C5 neufs). Renault a eu du mal à trouver de la performance pure, mais assure que ses problèmes de DRS en première semaine ont continué à handicaper son programme relatif à la performance en deuxième semaine, avec un certain retard accumulé. Toro Rosso a été véloce, très, au point de devancer Red Bull au classement général, confirmant que ces temps ne devaient pas être surinterprétés. McLaren a signé également de bons chronos (10e meilleur temps de Lando Norris), tout en paraissant légèrement en retrait sur les longs relais : là encore, difficile d’y voir plus clair… Racing Point a davantage déçu (14e temps de Lance Stroll), mais quand l’on sait que la RP19 évoluera grandement d’ici Melbourne, il est malaisé de partir de Barcelone avec des conclusions définitives.

Sur le plan de la fiabilité et des tours parcourus, c’est d’ailleurs Racing Point qui a continué à décevoir : l’écurie, qui paie toujours la quasi-faillite de Force India, a manqué de pièces pour se permettre de rouler autant que prévu. McLaren a également connu son lot de pannes, tandis que Renault a rassuré dans les derniers jours. Haas s’est faite une frayeur, avec plusieurs pannes le jeudi, relatives aux freins ou à l’électronique ; mais l’équipe américaine a été celle qui a couvert le plus de tours le vendredi.

S’il fallait ainsi dégager une hiérarchie, Alfa Romeo et Renault sembleraient sur un pied d’égalité ; McLaren, Haas et Racing Point suivraient non loin… Seule la Q3 de Melbourne sera, en la matière, un juge de paix.

Williams, bonne dernière

C’est peut-être la seule certitude de ces essais hivernaux : Williams est bonne dernière du peloton avec sa nouvelle FW42. Arrivée en retard, la monoplace de Grove n’est ni rapide, ni particulièrement fiable.

George Russell et Robert Kubica n’ont pas fait dans la langue de bois jeudi et vendredi : il y a beaucoup de travail à faire avant d’espérer lutter avec les équipes devant elles.

Ce qui aurait dû être un nouveau départ ressemble à un nouveau cauchemar. La chasses aux sorcières provoquée par les médias sur le retard de la FW42 va faire peser sur l’usine une lourde ambiance, avant que les coupables éventuels ne soient désignés.

En attendant, Claire Williams, Paddy Lowe, les ingénieurs de course et les pilotes devront faire tout ce qui est possible pour capitaliser sur d’éventuelles courses un peu folles en début de saison. Pour marquer quelques points ? Peut-être pas si la fiabilité générale observée à Barcelone se confirme à Melbourne.

Temps combinés :

Pos.PiloteVoitureTempsToursPneus utilisés
01 Sebastian Vettel Ferrari SF90 1:16.221 231 C5 neuf
02 Lewis Hamilton Mercedes W10 1:16.224 331 C5 neuf
03 Charles Leclerc Ferrari SF90 1:16.231 168 C5 neuf
04 Valtteri Bottas Mercedes W10 1:16.561 249 C5 neuf
05 Nico Hülkenberg Renault RS19 1:16.842 262 C5 neuf
06 Alex Albon Toro Rosso STR14 1:16.882 221 C5 neuf
07 Daniil Kvyat Toro Rosso STR14 1:16.898 232 C5 neuf
08 Carlos Sainz McLaren MCL34 1:16.913 264 C5 neuf
09 Romain Grosjean Haas VF-19 1:17.076 209 C5 neuf
10 Lando Norris McLaren MCL34 1:17.084 266 C5 neuf
11 Pierre Gasly Red Bull RB15 1:17.091 201 C5 neuf
12 Daniel Ricciardo Renault RS19 1:17.114 266 C5 neuf
13 Kimi Räikkönen Alfa Romeo C38 1:17.239 245 C5 neuf
14 Lance Stroll Racing Point RP19 1:17.556 185 C5 neuf
15 Kevin Magnussen Haas VF-19 1:17.565 278 C5 neuf
16 Antonio Giovinazzi Alfa Romeo C38 1:17.639 170 C5 neuf
17 Max Verstappen Red Bull RB15 1:17.709 157 C3 usé
18 Sergio Pérez Racing Point RP19 1:17.791 192 C5 neuf
19 George Russell Williams FW42 1:18.130 259 C5 neuf
20 Robert Kubica Williams FW42 1:18.993 220 C5 neuf

Séance de mardi :

Pos.PiloteVoitureTempsTours
01 Lando Norris McLaren MCL34 1:17.709 80
02 Pierre Gasly Red Bull RB15 1:17.715 136
03 Lance Stroll Racing Point RP19 1:17.824 82
04 Sebastian Vettel Ferrari SF90 1:17.925 81
05 Antonio Giovinazzi Alfa Romeo C38 1:18.589 99
06 Alex Albon Toro Rosso STR14 1:19.689 103
07 Charles Leclerc Ferrari SF90 1:18.651 29
08 Kevin Magnussen Haas VF-19 1:18.769 130
09 George Russell Williams FW42 1:19.662 119
10 Daniel Ricciardo Renault RS19 1:20.107 77
11 Valtteri Bottas Mercedes W10 1:20.167 7
12 Lewis Hamilton Mercedes W10 1:20.332 83
13 Nico Hülkenberg Renault RS19 1:20.348 80

Séance de mercredi :

Pos.PiloteVoitureTempsTours
01 Carlos Sainz McLaren MCL34 1:17.144 130
02 Sergio Pérez Racing Point RP19 1:17.842 88
03 Sebastian Vettel Ferrari SF90 1:18.195 40
04 Kimi Räikkönen Alfa Romeo C38 1:18.209 113
05 Romain Grosjean Haas VF-19 1:18.330 120
06 Max Verstappen Red Bull RB15 1:18.395 128
07 Daniil Kvyat Toro Rosso STR14 1:18.682 101
08 Valtteri Bottas Mercedes W10 1:18.941 74
09 Lewis Hamilton Mercedes W10 1:18.943 102
10 Nico Hülkenberg Renault RS19 1:19.056 58
11 Robert Kubica Williams FW42 1:19.367 130
12 Daniel Ricciardo Renault RS19 1:22.597 72
13 Charles Leclerc Ferrari SF90 - :—.--- 1

Séance de jeudi :

Pos.PiloteVoitureTempsTours
01 Charles Leclerc Ferrari SF90 1:16.231 137
02 Alex Albon Toro Rosso STR14 1:16.882 118
03 Lando Norris McLaren MCL34 1:17.084 84
04 Pierre Gasly Red Bull RB15 1:17.091 65
05 Daniel Ricciardo Renault RS19 1:17.204 65
06 Nico Hülkenberg Renault RS19 1:17.496 73
07 Lance Stroll Racing Point RP19 1:17.556 103
08 Antonio Giovinazzi Alfa Romeo C38 1:17.639 71
09 Romain Grosjean Haas VF-19 1:18.960 16
10 Lewis Hamilton Mercedes W10 1:18.097 85
11 George Russell Williams FW42 1:18.130 140
12 Kevin Magnussen Haas VF-19 1:18.199 53
13 Valtteri Bottas Mercedes W10 1:18.862 96

Séance de vendredi :

Pos.PiloteVoitureTempsTours
01 Sebastian Vettel Ferrari SF90 1:16.221 110
02 Lewis Hamilton Mercedes W10 1:16.224 58
03 Valtteri Bottas Mercedes W10 1:16.561 71
04 Nico Hülkenberg Renault RS19 1:16.842 48
05 Daniil Kvyat Toro Rosso STR14 1:16.898 128
06 Carlos Sainz McLaren MCL34 1:16.913 134
07 Romain Grosjean Haas VF-19 1:17.076 73
08 Daniel Ricciardo Renault RS19 1:17.114 52
09 Kimi Räikkönen Alfa Romeo C38 1:17.239 132
10 Kevin Magnussen Haas VF-19 1:17.565 94
11 Max Verstappen Red Bull RB15 1:17.709 29
12 Sergio Pérez Racing Point RP19 1:17.791 104
13 Robert Kubica Williams FW42 1:18.993 90

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