La hiérarchie pour 2016 se dessine petit à petit

Les essais de Barcelone ont livré un début de verdict

Par Emmanuel Touzot

5 mars 2016 - 11:53
La hiérarchie pour 2016 se dessine (…)

La Formule 1 vient de terminer ses essais d’avant saison et nous n’aurons pas d’autres points de comparaison ou d’observation avant que le coup d’envoi ne soit donné à Melbourne. Les équipes n’ont pas tourné dans les mêmes conditions, notamment au niveau de la météo, puisque les températures changeantes provoquent des variations importantes de performances.

On a également vu bon nombre de types de pneus être utilisés mais sans information sur les niveaux de carburant ni aucune idée du potentiel dévoilé par chaque équipe sur les monoplaces en piste.

Mercedes toujours devant, un duo de poursuivants ?

Compte tenu de ce qu’on a vu cette semaine, et fidèlement à la semaine précédente, Mercedes a déjà écœuré une partie de la concurrence. L’équipe a parcouru un peu plus de 6000 kilomètres, soit l’équivalent d’un aller-retour entre Silverstone et Monza ! La W07 a fini par rendre l’âme au bout de ces 6000 kilomètres quand la transmission a lâché. L’équipe allemande avait commandé 60 jeux de pneus médiums à Pirelli et seulement quatre jeux de pneus tendres et a donc concentré la majorité de son roulage sur les longs relais sans chercher à faire descendre la performance.

La Scuderia Ferrari a utilisé les pneus les plus tendres malgré leur inadéquation avec la piste espagnole et il apparaît que la SF16-H est décidément bien née puisque les deux pilotes se sont adjugés les meilleurs temps. On ne sait toutefois pas quels chronos auraient signé les pilotes Mercedes dans les mêmes conditions mais il semble que quelques dixièmes les séparent. La monoplace italienne a rencontré quelques soucis de fiabilité qui n’ont toutefois pas inquiété en haut lieu à Maranello et l’on peut raisonnablement penser que si une équipe peut donner du fil à retordre à Mercedes, c’est elle.

Le trouble-fête pourrait bien être Williams, qui a peaufiné le concept de sa monoplace de l’an dernier et possède toujours un moteur dominant. L’objectif avoué par l’équipe est de progresser et de se rapprocher encore de la tête et il semble qu’elle soit mieux armée que jamais pour le faire. Massa et Bottas ont limé le bitume et la FW38 n’a pas bronché, se montrant rapide et constante. L’agilité de la voiture, qui lui faisait défaut sur les circuits sinueux, a été corrigée et Williams entend être compétitive sur tous les terrains. Il ne serait donc pas étonnant de voir l’équipe de Grove jouer des coudes avec Ferrari et pourquoi pas se mesurer à Mercedes en certaines occasions, comme le faisait la Scuderia l’an dernier. L’année du succès est peut-être arrivée.

Force India rapide, Toro Rosso solide

Également équipée d’un moteur Mercedes, la Force India VJM09 semble taillée pour aller chercher le chrono assez facilement. Les performances sont déjà encourageantes et la fiabilité n’a pas été prise en défaut outre mesure. Pérez et Hülkenberg semblent armés pour mener la révolte derrière le trio des ténors, mais le point d’inquiétude pour Force India semble être la gestion des pneus. Même le très économe Sergio Pérez a eu du mal à gérer ses gommes lors des longs relais, probablement à cause d’un mauvais passage au sol de la puissance phénoménale du moteur Mercedes. Quoi qu’il en soit, Force India devra corriger ce défaut si elle ne veut pas gâcher une vélocité impressionnante, surtout à un stade embryonnaire du développement.

D’autant que le moindre temps perdu à cause des pneus aura des conséquences vu les écarts serrés auxquels on doit s’attendre. La plus forte impression a été laissée par la petite Scuderia, Toro Rosso, qui s’est montrée la plus productive après Mercedes. Particulièrement cette semaine où Sainz et Verstappen ont chacun parcouru la distance de deux Grands Prix au minimum chaque jour. Aucune panne n’a été à déplorer et la voiture a également tourné dans des temps plus que raisonnables. Un petit miracle si l’on se rappelle l’hiver agité vécu par cette équipe qui embarque l’ancien moteur Ferrari. Lors des courses mouvementées, il serait largement possible de voir les deux jeunes pilotes signer leur premier podium respectif.

La grande sœur de Toro Rosso, Red Bull, s’est montrée plus discrète lors de ces essais et il semble quasiment impossible de jauger son niveau avant d’arriver à Melbourne. La voiture ne sera pas franchement évoluée avant le retour en Europe selon les dires de Daniel Ricciardo et Guillaume Rocquelin, et il est donc probable que le début de saison soit un peu poussif.

L’invitée surprise de ce groupe de poursuivants pourrait en revanche être McLaren qui, après une première semaine difficile à l’image de la saison précédente, a repris des couleurs et a affiché des progrès évidents dans tous les domaines ! Le moteur est plus efficace au niveau de la gestion d’énergie, la vitesse de pointe s’en ressent et surtout, la fiabilité du nouveau bloc Honda, qui était plus qu’une évolution de celui utilisé la semaine dernière, a été exemplaire. Les progrès promis par toute l’équipe depuis 14 mois arriveraient-ils enfin ? Réponse dans deux semaines, mais on ne peut qu’espérer du mieux.

Haas en difficulté, Renault pas épargnée

Bonne surprise de la semaine dernière (nous l’avions d’ailleurs intégrée au groupe de poursuivants dans un élan d’optimisme), l’équipe Haas a plongé dans un cauchemar cette semaine. La fiabilité a été prise en défaut dans tous les domaines : fuite d’huile, turbo en panne, freins défectueux, les mécaniciens étaient sur tous les fronts. En dépit d’un temps de réparation important compte tenu de la gravité des pannes subies, l’équipe a au moins pu prouver qu’elle était opérationnelle en vue d’un week-end de F1 et du stress qu’il génère. On est en revanche loin de pouvoir imaginer des points à Melbourne tant l’objectif sera déjà d’amener les VF16 au bout de la course.

Pour Renault en revanche, que Kevin Magnussen situe un peu à l’extérieur des points, la situation n’est pas si mauvaise, et elle pourrait en réalité se trouver au niveau de McLaren. La base de la voiture est solide, l’intégration du moteur Renault semble être acquise, mais il y a toutefois eu quelques alertes cette semaine du côté de la fiabilité. Le roulage effectué est néanmoins satisfaisant, surtout concernant le pilote danois. D’une manière plus raisonnable, Renault voudra déjà rallier l’arrivée et pourrait s’emparer des points si le Grand Prix d’Australie virait au jeu d’élimination !

Pas de miracle en revanche pour Sauber malgré les déclarations pleines d’optimisme de la semaine dernière : le temps perdu ne se rattrape jamais. La C35 arrivera à Melbourne avec un roulage limité et il est concrètement impossible de savoir ce qu’il en est de la performance. Le manque de développement et de kilomètres parcourus lui sera sûrement préjudiciable en début de saison et il est probable de retrouver les monoplaces bleues dans le fond du classement.

Un fond de classement qu’elles partageront selon toute vraisemblance avec Manor dont elles devront toutefois se méfier. Si Rio Haryanto semble encore avoir du mal à s’adapter à son nouvel environnement, Pascal Wehrlein est bien affûté et les avancées techniques de la petite structure portent déjà leurs fruits. La voiture s’est rapprochée de ses concurrentes et l’objectif avoué de quitter la dernière ligne de départ des Grands Prix pourrait bien être atteint à certaines occasions. Le nouveau châssis a été longuement développé en usine puisque l’équipe s’est tournée vers 2016 très tôt la saison dernière et le bloc Mercedes qui la propulse sera un atout pour aller chercher des Sauber potentiellement à la peine.

Cette deuxième semaine d’essais aura donc permis d’envisager un peu plus concrètement la hiérarchie de la saison 2016, bien qu’il reste de nombreuses zones d’ombre. Mercedes semble armée pour dominer la Formule 1 une troisième année consécutive mais derrière, que ce soit dans son sillage ou dans le peloton, les batailles devraient être nombreuses et les surprises régulières.

La compilation des temps de Barcelone I et II

Pos.PiloteEquipeTempsEcartPneusTours
01. Kimi Raikkonen Ferrari 1:22.765 Ultra-tendres 363
02. Sebastian Vettel Ferrari 1:22.810 0.045 Ultra-tendres 493
03. Nico Rosberg Mercedes 1:23.022 0.257 Tendres 656
04. Nico Hulkenberg Force India-Mercedes 1:23.110 0.345 Super-tendres 357
05. Carlos Sainz Jr Toro Rosso-Ferrari 1:23.134 0.369 Ultra-tendres 514
06. Felipe Massa Williams-Mercedes 1:23.192 0.428 Super-tendres 411
07. Valtteri Bottas Williams-Mercedes 1:23.229 0.464 Super-tendres 442
08. Max Verstappen Toro Rosso-Ferrari 1:23.382 0.617 Ultra-tendres 577
09. Daniel Ricciardo Red Bull-TAG 1:23.525 0.760 Ultra-tendres 456
10. Lewis Hamilton Mercedes 1:23.622 0.857 Tendres 673
11. Sergio Perez Force India-Mercedes 1:23.650 0.885 Super-tendres 295
12. Kevin Magnussen Renault 1:23.933 1.168 Super-tendres 509
13. Daniil Kvyat Red Bull-TAG 1:24.293 1.528 Ultra-tendres 358
14. Jenson Button McLaren-Honda 1:24.714 1.949 Ultra-tendres 376
15. Fernando Alonso McLaren-Honda 1:24.735 1.970 Tendres 331
16. Felipe Nasr Sauber-Ferrari 1:24.760 1.995 Tendres 452
17. Alfonso Celis Jr Force India-Mercedes 1:24.840 2.075 Super-tendres 162
18. Jolyon Palmer Renault 1:24.859 2.094 Super-tendres 273
19. Pascal Wehrlein Manor-Mercedes 1:24.931 2.148 Ultra-tendres 251
20. Marcus Ericsson Sauber-Ferrari 1:25.031 2.266 Tendres 380
21. Romain Grosjean Haas-Ferrari 1:25.255 2.490 Tendres 256
22. Esteban Gutierrez Haas-Ferrari 1:25.422 2.657 Super-tendres 156
23. Rio Haryanto Manor-Mercedes 1:25.899 3.134 Ultra-tendres 228

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