Fin des modes ‘fête’ : les enjeux de la directive technique de la FIA

Avantage ou inconvénient pour le spectacle ?

Par Alexandre C.

21 août 2020 - 18:30
Fin des modes ‘fête' : les (...)

Que recouvre exactement le projet d’interdiction des modes moteurs spéciaux, porté par la FIA via une directive technique, et qui sera finalement introduite au Grand Prix d’Italie (la confirmation est arrivée aujourd’hui) ? La F1 a donné quelques tentatives d’explication.

Il faut tout d’abord savoir que depuis 2014, l’utilisation des moteurs, désormais hybrides, est devenue éminemment plus complexe. De nombreuses cartographies et différents modes sont apparus : ils ne concernent pas que les qualifications, mais aussi la puissance utilisée temporairement pour dépasser en course (bouton « overtake »), les tours de décélération, etc.

Ainsi, les modes course standard feront récupérer de l’énergie via les batteries de manière régulière, sans les déployer à chaque tour. Les températures moteur sont alors gardées sous contrôle, ce qui favorise la fiabilité. Les pilotes gardent d’habitude de l’énergie en réserve notamment pour les manœuvres les plus offensives, ou pour les derniers tours.

Sans surprise, les modes qualifications augmentent de manière sensible le régime moteur ; ils permettent aussi à la batterie de déployer le maximum d’énergie (récupérée précédemment) pour la transformer en puissance supplémentaire. Les F1 brûlent alors plus de carburant, et plus vite, et les mélanges d’essence sont plus riches et plus agressifs. Forcément, les températures augmentent et le risque de défaillance se multiplie : c’est pourquoi il est inimaginable de courir toute une course avec ces modes qualifications.

Entre ces deux extrêmes, il y a un vaste territoire de modes moteurs intermédiaires : une petite dizaine pour chaque équipe. A chaque fois, différents paramètres sont mis en balance : la durée de vie du moteur, la fiabilité, la consommation d’essence, et la performance. Certaines équipes disposeraient de modes moteurs plus performants : ainsi le mode « fête » (qualifications) de Mercedes serait le meilleur… tandis que chez Ferrari, suite à la polémique de l’an dernier, l’unité de puissance n’en disposerait plus !

La directive technique prévue par la FIA n’interdit pas nommément les modes qualifications. Elle imposerait aux équipes de rouler avec le même moteur en qualifications et en course, plaçant donc le régime de parc moteur sous parc fermé. Par extension, les équipes devront trouver un compromis entre ces neuf ou dix modes moteur.

Pourquoi interdire cette innovation pour les motoristes ? Du côté de Lewis Hamilton, c’est clair : la FIA cherche à favoriser la concurrence de Mercedes en qualifications, pour que le suspense soit au rendez-vous.

Mais la FIA invoque d’autres raisons. L’équipe technique autour de Michael Masi, le directeur de course de la FIA, est limitée (une dizaine de personnes) alors que les motoristes ont beaucoup plus de ressources. Ainsi, en limitant l’utilisation des modes moteur, le contrôle de leur légalité sera facilité. Rappelons que l’an dernier, Ferrari était justement accusée de tricher avec son mode boost, notamment en contournant la limitation du débit d’essence utilisable.

Une autre raison peut aussi être invoquée : la limitation des coûts. Car les motoristes, notamment Honda ces dernières années, ont dépensé énormément d’argent pour développer ces modes particuliers. Cela permettrait ainsi de limiter la course aux armements.

Cependant la FIA pourrait aussi… nuire au spectacle in fine ! Toto Wolff a déjà prévenu : en réalité, Mercedes pourrait donc rouler en qualifications et en course avec un mode moteur intermédiaire ; et ainsi, si Mercedes pourrait perdre en qualifications, comme toutes les autres équipes, elle pourrait compenser cette perte en utilisant un mode moteur plus performant, pendant 25 tours en course. On n’a pas le meilleur moteur pour rien...

De même, le nombre de dépassements pourrait être limité en course : car souvent, les pilotes utilisent le bouton « overtake » pour effectuer de très belles remontées ou manœuvres, à l’image de Lando Norris en fin d’épreuve lors du Grand Prix d’Autriche. Mais sans ce bouton, ne verra-t-on pas moins de dépassements ?

En somme, la tortue FIA toujours après le lièvre innovation… Reste à voir quels seront les effets concrets de cette interdiction, sur le circuit justement le plus sensible à la puissance moteur…

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