Face à l’outrecuidance de Verstappen, la FIA ne pouvait que sévir
La Fédération fait un exemple tout à fait légitime
Max Verstappen est décidément maudit, le samedi, à Mexico. Un an après avoir été battu, sur le fil, par Daniel Ricciardo en qualifications, le Néerlandais a perdu une belle occasion de se taire, après la séance d’hier.
La fin de Q3, on le sait, fut marquée par l’accident violent de la Mercedes de Valtteri Bottas ; un drapeau jaune fut brandi immédiatement, alors que les autres pilotes finissaient leur tour. Max Verstappen améliora légèrement son chrono – son précédent suffisait déjà pour lui assurer la pole position. Il ne semblait pas avoir ralenti démesurément au moment de franchir la ligne d’arrivée, près de la zone de l’accident.
A l’origine, la FIA n’avait pas placé sous enquête la Red Bull, pour deux raisons. Tout d’abord, il n’y eut pas de double drapeau jaune de brandi, mais un simple drapeau jaune ; ensuite, le mini secteur de Max Verstappen n’affichait aucune amélioration.
Max Verstappen aurait ainsi pu conserver sans problème sa première place sur la grille… avant un sabordage inexplicable, inconcevable, ridicule ou tragique, selon les points de vue. Un sabordage qui tint en quelques déclarations totalement imprudentes en conférence de presse, que voici : « J’étais au courant qu’il [Bottas] s’était crashé. Mais je n’ai pas ralenti. En tout cas il ne me semble pas. Si les commissaires ne sont pas satisfaits, ils peuvent effacer mon tour. Je pense savoir ce que je fais. Sinon je ne piloterais pas une F1. »
En somme, Max Verstappen se vantait publiquement, en tant que « pilote de F1 » qui ne recule devant rien, en tant que « casse-cou » effronté, d’avoir pris un risque sécuritaire au mépris du drapeau jaune brandi par la FIA. Ni une ni deux, la Fédération a ouvert une enquête suite à ses propos… pour finalement pénaliser, de trois places sur la grille, le Néerlandais.
Les fans de Red Bull se sentent certainement floués. Mais la FIA, en réalité, n’avait pas d’autre choix de pénaliser la Red Bull, pour trois raisons différentes.
Tout d’abord, il fallait corriger une certaine injustice : certains pilotes, comme Sebastian Vettel ou Lewis Hamilton, ont répété qu’ils avaient bien ralenti en approchant la zone du crash ; or ils auraient pu améliorer leur chrono et ainsi battre celui de Max Verstappen ; si la Red Bull n’a elle pas franchement ralenti, Ferrari et Mercedes ont tout à fait le droit de se sentir lésés. La pénalité rétablit ainsi quelque équité.
Ensuite, la FIA devait sévir car c’est souvent dans ce genre de situation, dans des zones grises, peu après un crash, que se sont produits, récemment, les incidents les plus graves. En 2014, au Japon, Jules Bianchi était sorti de piste juste après le petit crash d’Adrian Sutil, qui avait déclenché un double drapeau jaune. C’est bien cette zone intermédiaire, plus que les gros crashs individuels (comme celui de Fernando Alonso à Melbourne par exemple), qui pose aujourd’hui des risques sécuritaires en F1. C’était exactement la situation de la Q3 d’hier. Lewis Hamilton tenait d’ailleurs un discours similaire ce dimanche, dans le paddock de Mexico : « Je ne sais pas quoi dire d’autre si ce n’est qu’on a eu de la chance qu’il n’y ait pas eu de commissaire en piste au moment du passage de Max. Ou que Valtteri ne soit pas projeté au milieu de la piste avec des commissaires déjà sur place. Le fait que Max ait ignoré ça, ce n’est vraiment pas génial. J’espère que les bonnes décisions seront prises. Les pilotes doivent respecter ce genre de choses. »
Enfin, cette sanction permet à la FIA d’imposer son autorité et de rappeler qu’elle n’a, en rien, relâché son attention dans le domaine de la sécurité, dans un contexte particulier : en effet, depuis plusieurs courses, la FIA craint d’être accusée de laxisme, avec l’application de la philosophie du « let them race ». La pénalité infligée à Max Verstappen – qui sanctionnait moins ses actes que ses discours, moins une faute de pilotage qu’un état d’esprit d’impunité - permet ainsi à la Fédération de rappeler les pilotes à l’ordre : qu’ils ne profitent pas de cette nouvelle approche pour faire preuve d’arrogance ou de jactance, de témérité ou de vanité.
Deux mois après l’accident mortel d’Anthoine Hubert, comment la FIA pouvait-elle laisser passer une telle attitude, immature, irrespectueuse, et irresponsable ? Cette pénalité servira de leçon au Néerlandais, ainsi qu’à tous les autres pilotes qui seraient tentés de profiter du « let them race » pour prendre plus de risques inconsidérés.
C’est bien l’image de Max Verstappen qui sera écornée dans cette affaire : depuis plus d’un an, le pilote Red Bull donnait une image assagie, loin de la personnalité bravache et parfois agaçante qu’il pouvait avoir en début de carrière ; Christian Horner avait même, avant les qualifications, souligné que l’expérience de son pilote (qui disputera déjà son 100e Grand Prix à Austin) avait fait de lui un pilote plus mature et équilibré. Le plan communication de Red Bull est soudainement détruit par quelques paroles prononcées en conférence de presse. Il fallait y penser avant. Un pilote doit donner l’exemple ; la FIA a fait un exemple.
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