‘En plein dans le mille’ : Vowles raconte les coulisses de la stratégie Mercedes en Hongrie
Des extrapolations payantes à partir des maigres données disponibles
James Vowles a été invité, par Mercedes, à soulever le trophée constructeurs lors du dernier Grand Prix de Hongrie : et pour cause, c’est bien lui qui a échafaudé la prise de risque stratégique payante de Budapest, qui a permis à Lewis Hamilton, grâce à un deuxième arrêt, de dépasser Max Verstappen quelques tours avant le drapeau à damiers.
Mais comment James Vowles a-t-il eu l’idée de ce deuxième arrêt qui, sur le principe, selon Pirelli, aurait dû aboutir à une stratégie moins payante ? La prise de risque fut encore plus remarquable si l’on se rappelle que le roulage, en EL2, fut très limité en raison de la pluie…
« En arrivant au Grand Prix, nous avions moins de données que d’habitude en raison de la pluie du vendredi » a expliqué James Vowles dans une vidéo d’après-course. « Personne n’avait pu faire un long relais en durs, pour comprendre ce que serait l’usure des pneus en course. Et cela crée beaucoup d’inconnues. Tout le monde, nous compris, est arrivé, le dimanche, avec l’intention de ne faire qu’un seul arrêt. Il est incroyablement difficile de dépasser à Budapest, et les pneus auraient pu soutenir une stratégie à un arrêt selon nos prévisions. »
« Il était clair qu’il n’y avait aucune opportunité pour réussir l’undercut. Notre prochain plan était de se calquer sur Max Verstappen, et de le forcer à taper autant que possible dans ses durs, pour peut-être les mettre dans une situation où ils ne fonctionneraient plus idéalement. »
« Alors que Lewis Hamilton et Max Verstappen ont commencé à se détacher du peloton, il est devenu évident que d’autres opportunités prenaient vie, au-delà d’une stratégie à un arrêt. »
« Nous avons une équipe qui travaille sans relâche en coulisses. Elle s’est appuyée sur les bribes de données retirées des essais libres, du peu de roulage que nous avions, pour construire des modèles afin de déterminer comment se comporteraient les pneus de Max Verstappen et de Lewis Hamilton en course ; et nous avons vu en plein dans le mille. Ce sont ces modèles qui nous ont permis de comprendre qu’une stratégie à deux arrêts permettrait d’aboutir à une situation fantastique en fin de course, et que les pneus de Max Verstappen sortiraient de leur fenêtre de fonctionnement si nous pouvions le mettre assez sous pression. »
Sur le papier, la stratégie de Mercedes s’annonçait donc payante… encore fallait-il que son pilote la mette parfaitement à exécution.
« Une fois que Lewis s’est arrêté une deuxième fois, il était clair qu’il avait une immense montagne à gravir. »
« Il fallait alors que Lewis comble [à 22 tours de la fin] un écart de vingt secondes, et ensuite qu’il dépasse Max Verstappen en fin de course. Lewis avait quelques inquiétudes à ce sujet… Mais il a signé les chronos nécessaires pour y arriver. »
« Cela a conduit Max Verstappen à devoir réagir, à se battre durement et à utiliser le capital pneus qu’il avait pour maintenir l’écart ; mais ce fut en vain ; et finalement, il est sorti de la fenêtre de fonctionnement des pneus, comme l’équipe l’avait prédit, et nous avons fini par remporter la victoire. »
Les explications de James Vowles démontrent ainsi combien l’acquisition de données, même avec un roulage limité, est vitale en essais libres, afin de permettre aux ordinateurs, et aux cerveaux de l’équipe, de constituer la stratégie payante. Comme s’en était félicité Toto Wolff après la course, la stratégie à deux arrêts de Mercedes fut bien « un coup de maître », et a surpris les prédictions tant de Red Bull… que de Pirelli.
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