Éjecté de la filière Red Bull, Crawford évoque ‘l’honnêteté brutale’ de Marko
Il rebondira de Red Bull à Aston Martin F1
Clap de fin : après quatre années dans la filière Red Bull, Jak Crawford, le jeune pilote de 18 ans, a été prié de quitter la pouponnière de Milton Keynes.
L’Américain vient de conclure le championnat F2 à la 13e place (après une 7e place en F3) : un résultat manifestement jugé insuffisant par Red Bull.
Heureusement pour lui, il rebondira dès cette année, aussi en F2, cette fois dans la prestigieuse équipe DAMS, où il visera le titre.
Et selon RACER, il deviendra aussi pilote de développement pour Aston Martin F1.
À 18 ans seulement, Jak Crawford a le sentiment d’avoir déjà réalisé une première partie de carrière dans le sport automobile, un sentiment qu’il qualifie lui-même d’étrange.
« C’est un sentiment assez étrange - j’ai l’impression de faire cela depuis longtemps, mais quand vous regardez mon âge, comparé à la plupart des gars, je suis probablement l’un des plus jeunes encore en F2… »
« J’ai l’impression d’être en bonne position. C’est un peu bizarre de dire que je suis chez Red Bull depuis quatre ans, que j’ai été écarté et que je n’ai que 18 ans. »
Maintenant qu’il a la parole plus libre, Crawford peut-il raconter, de l’intérieur, la pression subie quand on est un jeune pilote Red Bull ? Notamment face au Docteur Marko : est-il aussi terrible qu’on le dit ?
« Les choses les plus difficiles sont… évidemment la pression et les attentes qu’on vous impose »
« Il (Marko) fait confiance à ses pilotes, mais il attend aussi beaucoup d’eux. »
« Mais la dernière chose que vous voulez, c’est d’avoir un mauvais week-end et de recevoir un coup de fil d’Helmut pour vous dire de venir le rencontrer. »
« Il est très occupé et vous finissez par l’attendre. Vous vous asseyez et il s’approche, puis il dit "Alors..." d’une voix très grave ! Puis il demande : "Que s’est-il passé ? Ses conversations sont très courtes et vont droit au but. »
« Parfois, il est brutalement honnête. C’est la bonne façon de le dire. Parfois, il est trop brutalement honnête, il est parfois injuste, si vous voulez, mais ce n’est pas si mal. Pour moi, c’était très, très court et très pertinent. »
En plus d’être strict et dur, Marko met aussi ses pilotes au pied du mur... en changeant des plans à la dernière minute, de la même manière brutale et honnête.
« Helmut est très direct dans ce qu’il veut. Moi, mon père et mon manager, nous parlons de ce que nous voulons faire, de la situation idéale, bla, bla, bla. Et puis cela n’est jamais arrivé. Cela ne s’est jamais passé comme ça. »
« Par exemple, en 2020, j’étais au milieu de ma saison de F4. Je pense que nous sommes à un peu plus de la moitié de la saison, et je suis dans un hôtel à Munich, en Allemagne. Helmut m’appelle et me dit : ‘Je veux que tu fasses des essais en F3 dans deux semaines avec Hitech.’ J’ai répondu par l’affirmative et, en fait, je suis allé chez Hitech et j’ai roulé pour eux l’année suivante ! »
« Et pareil pour mon passage chez Prema. Nous avions notre propre objectif en tête lorsque nous sommes allés parler à Helmut de ce que nous voulions pour 2022. Et tout de suite, il nous a dit : "J’ai conclu un accord avec Prema pour que tu roules en F3 avec eux l’année prochaine ". Et c’est tout. »
« Cela se passe rapidement. À chaque fois, en début d’année, vous avez une réunion avec lui, généralement avant la première course ou le jeudi précédant le premier week-end, et il vous donne un objectif. Et je ne pense pas qu’il y ait eu une seule année où il ne m’ait pas dit qu’il voulait que je gagne le championnat ! C’est donc son objectif. En fait, je pense sérieusement que c’est le cas chaque année. À part peut-être cette année, je pense que c’était dans les trois premiers. »
En dépit de cette fin en queue de poisson, l’Américain ne regrette pas son passage dans la filière Red Bull. Il raconte ainsi le quotidien d’un jeune pilote à Milton Keynes...
« J’ai vraiment apprécié le fait que ce soit détendu et que vous fassiez partie de la marque Red Bull. Je vivais près de l’usine, c’était super, super détendu. Je n’avais pas trop d’engagements, j’étais dans le simulateur tout le temps, j’étais dans la salle de sport tout le temps, mais il n’y avait pas de régime strict, ce qui était bon pour moi. J’ai vraiment apprécié ce mode de vie. »
« Et vous faites de petites choses amusantes ici et là - trois, quatre fois par an - qui impliquent de faire une sorte de truc médiatique, mais cela s’avère très amusant. »
« Il y a aussi beaucoup d’opportunités d’apprentissage. Guillaume Roquelin, qui est maintenant à la tête de l’équipe junior, est arrivé au milieu de l’année 2022. Depuis, j’ai eu l’impression que le programme avait beaucoup évolué. Il était plus éducatif. J’apprenais davantage, je recevais plus de commentaires sur tout et j’étais mieux préparé par Red Bull. J’ai donc vraiment apprécié cet aspect du programme. »
Un rebond chez DAMS… et Aston Martin F1 ?
Désormais, en 2024, Crawford rebondira chez DAMS en F2 donc. Mais aussi probablement chez Aston Martin F1, comme pilote de développement – l’équipe verte est très tentée de récupérer l’ancien de Red Bull.
« Je suis très, très excité, je n’ai jamais été aussi excité avant une saison, c’est certain. Nous allons également être très occupés. Avec DAMS, je fais beaucoup de préparation, je voyage en France, je travaille beaucoup avec eux. Et aussi avec l’équipe de F1, pour laquelle je vais travailler sur les simulateurs [sans doute Aston Martin F1], ce qui sera une bonne expérience. J’espère pouvoir monter dans une voiture de F1 à un moment donné, ce qui sera également une très bonne expérience. »
« Je peux dire que je suis très impatient de commencer l’année. Ma priorité est bien sûr la F2. C’est une année très importante pour moi et pour ma deuxième année. Avec la nouvelle voiture, j’ai le sentiment que l’équipe et moi-même avons une très bonne opportunité de réaliser de bonnes performances. Je suis très enthousiaste pour cette année. »
« Je pense qu’il est tout à fait possible de se battre pour le championnat cette année. C’est mon objectif. Et c’est aussi l’objectif que l’équipe de F1 s’est fixé pour moi. Ce n’est pas comme s’ils me mettaient la pression pour y parvenir, c’est évidemment juste un objectif, mais c’est aussi un objectif pour moi. Nous sommes donc sur la même longueur d’onde. »
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