Droits humains : pour Vettel, la F1 doit boycotter certains pays
Mais il ne dit pas lesquels
Sebastian Vettel n’a pas quitté en très bons termes Ferrari et comme chacun a pu le constater sur Netflix, l’ambiance était froide à Maranello entre l’Allemand et son équipe.
Aujourd’hui libre de tout lien avec Ferrari, l’actuel pilote Aston Martin F1 n’a jamais vraiment critiqué son ancienne équipe en des termes très lourds. Mais on sent que sa parole s’est libérée depuis : non pas tant sur les coulisses de Maranello mais sur les sujets politiques et sociaux en général.
Est-il alors plus facile de parler quand on n’est plus un pilote Ferrari ? Sebastian Vettel a répondu…
« Je ne pense pas. J’ai certaines opinions sur certaines choses. Évidemment, je peux voir que tout le monde n’est pas d’accord, mais c’est ma façon de penser et je suis heureux de défendre mon opinion, tout comme je suis heureux d’entendre l’opinion des autres et d’apprendre, mais il y a certaines choses que nous, en tant que société, faisons bien et certaines choses qui sont mauvaises. »
Pour Sebastian Vettel en vérité, il existe des choses bien plus importantes qu’une mise à l’écart de Ferrari : très engagé sur les sujets sociaux, l’Allemand se sent investi d’une certaine responsabilité politique ou médiatique. Y a-t-il eu un déclic pendant l’hiver ?
« Il n’y a pas eu de traumatisme, d’événement qui a changé ma vision, non. »
« Nous vivons à une époque où certaines choses sont très, très importantes pour nous de comprendre et il faut changer, appliquer les changements, et pas seulement en parler. Il faut agir parce que nous n’avons pas le choix, il n’y a pas d’alternative. Pour maintenir nos vies et notre avenir sur cette planète, je pense que nous devons prendre davantage soin de la planète.
« Ensuite, en ce qui concerne les droits de l’homme, l’égalité, la façon dont nous traitons les gens, c’est un processus. Quand on est jeune, on ne voit pas forcément ces choses, mais on grandit, on mûrit, on voit plus de choses et on devient de plus en plus conscient de certaines choses qui se passent dans le monde. »
« Ce qui me déçoit, c’est que nous avons eu tellement de défauts, tellement d’exemples de choses que nous avons mal faites, mais nous sommes tellement, tellement lents – si j’emploie le vocabulaire de la F1 - à appliquer le changement. C’est comme refaire la même erreur encore et encore. En F1, si vous vous trompez, vous pouvez perdre quelques points et ne pas gagner le championnat. Quelle importance cela a-t-il ? »
« Mais dans le monde réel, nous faisons du mal aux gens, nous traitons mal les gens et cela a un impact énorme sur leur vie. Pas seulement sur un résultat ou des points dans un championnat, mais sur leurs chances d’avancer dans la vie. »
Vers un boycott des pays ne respectant pas les droits humains ?
Alors que la F1 se rendra dans cette deuxième moitié de saison au Qatar, au Bahreïn, en Arabie saoudite, ou à Abu Dhabi, devrait-elle être plus "militante" sur les droits de chacun, notamment des LGBT dans le Golfe ?
« Il s’agit de certains sujets trop importants pour être négligés. Nous sommes tous d’accord - et peu importe d’où vous venez - pour dire qu’il est juste de traiter les gens de manière égale. Les pays ont des règles différentes, des gouvernements différents, des contextes différents. Je ne peux pas parler au nom de tous les pays et être un expert, car je ne les connais pas. »
« Mais je pense qu’il y a certains pays où il ne faut pas aller. Nous nous rendons dans certains de ces endroits et nous déroulons un tapis rouge avec de beaux messages dessus. Il faut plus que des mots, il faut des actes. »
« Mais j’ai le sentiment que notre sport pourrait exercer une forte pression et qu’il pourrait être d’une grande aide pour répandre encore plus cette équité dans le monde. »
« Il n’est pas juste de juger les gens ou d’appliquer certaines lois qui différencient les gens simplement parce qu’ils aiment un homme plutôt qu’une femme ou une femme plutôt qu’un homme. C’est une chose, ou leur apparence, leur origine ou leurs croyances. Je pense que toute forme de séparation est mauvaise. »
« Nous devrions être... nous sommes tellement plus riches parce que nous avons tout ça. Imaginez si nous étions tous pareils. Nous ne progresserions pas. Imaginez que toutes les voitures se ressemblent en F1, la même couleur, les mêmes éléments aérodynamiques. Ce serait ennuyeux et nous n’aurions jamais progressé. Nous avons progressé parce que nous étions heureux d’appliquer des idées, des formes et des cultures différentes. C’est la même chose pour nous. »
« Nous devrions célébrer les différences plutôt que d’en avoir peur. »
L’argent doit-il en définitive l’emporter sur les intérêts ? Que ferait Sebastian Vettel à la place de Stefano Domenicali : annuler la tournée dans le Golfe ?
« Il y a aussi un énorme intérêt financier, mais à certains moments, les responsables doivent se poser la question suivante : le sport a-t-il une boussole morale et peut-il donc dire non à certaines choses, ou faut-il dire oui à toutes les grosses affaires qui se présentent ? Pour de mauvaises raisons. C’est une question d’ordre général. »
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