’Didi’ Mateschitz, un patron comme on n’en fait plus ? Liuzzi se souvient…
Il pouvait l’appeler à n’importe quel moment
Si Vitantonio Liuzzi a fait ses débuts en F1 chez Red Bull, en 2005, ce n’est pas un hasard : car il faisait partie de la filière Red Bull auparavant et roulait même dans l’équipe de F3000 Arden, dont le patron était un certain… Christian Horner.
Même si l’aventure Red Bull a tourné court, Liuzzi (qui est ensuite passé chez Toro Rosso, pour deux années) reste aujourd’hui très reconnaissant à Red Bull pour cette première expérience et notamment envers son propriétaire, aujourd’hui décédé.
« Depuis le début de ma carrière en monoplace, j’ai toujours fait partie de la famille Red Bull. Je serai toujours reconnaissant à Didi (Dietrich Mateschitz) car c’est lui qui a fait de mon rêve une réalité. J’ai toujours été dans le viseur de Didi et j’étais l’un de ses pilotes préféré » se souvient Liuzzi.
« Après ce qui s’est passé chez Sauber, je pense qu’il envisageait déjà un projet en Formule 1, l’achat d’une écurie de Formule 1. Il pensait que c’était le bon moment pour moi de participer au projet de Red Bull en tant qu’équipe de Formule 1. Il voulait que je pilote. »
Didi Mateschitz était pour Liuzzi un patron très accessible. Il pouvait même l’appeler quand il le voulait !
« À n’importe quel moment ! Oui, j’ai la chair de poule quand j’y pense. Mais c’était comme ça. Il a des milliers d’athlètes dans le monde, mais il est là pour sa marque, pour ses gens. Il a toujours été là pour vous. »
« Nous avons perdu une personne spéciale parce qu’il avait un grand cœur. Il mettait beaucoup de passion dans sa marque. La marque Red Bull est une grande famille. Chaque fois que nous étions ensemble, ce n’était jamais une conversation sur le business. C’était toujours une personne très sympathique, très amicale, très serviable et prête à vous aider dans tout ce dont vous avez besoin. C’était une personne au grand cœur et je lui en serai toujours reconnaissante. C’est vraiment dommage qu’il ne soit plus là. »
Sans ce soutien de poids, Liuzzi aurait-il pu tout de même arriver un jour en F1 ?
« C’est une bonne question. Vous avez besoin d’un soutien important de la part des sponsors. Sans Red Bull, je ne sais pas si j’aurais été en Formule 1. Peut-être que oui, parce que je gagnais tout ce que je faisais au début de ma carrière : karting, Formule Renault, Formule 3, Formule 3000. Tout ce que je faisais, je le faisais bien. Mais on ne sait jamais, la chance d’être en Formule 1 n’est donnée qu’à 20 personnes. »
Une saison en alternance dont l’échec était écrit d’avance…
La première saison de Liuzzi fut étrange en 2005, puisqu’il ne disputa qu’une première moitié de saison, avant que Christian Klien ne prenne, comme entendu, sa place.
« Christian Klien et moi avons dû partager le baquet, si vous vous souvenez, en 2005. C’est une décision que (Didi Mateschitz) a prise parce qu’il voulait me donner la possibilité de piloter enfin, mais malheureusement ce n’était pas la bonne décision pour nous deux, pour Christian et moi. Nous faisions tous les deux de gros efforts pour notre carrière, mais il n’était pas vraiment utile de faire quatre courses et de se retirer ensuite pour donner une chance à son collègue. Nous avons décidé d’arrêter ce fonctionnement après les premiers swaps. »
N’y avait-il pas une extrême rivalité avec Klein ? Les deux pilotes se partageaient-ils par exemple leurs données, leurs retours techniques ?
« Non, en fait nous partagions tout - parce que la mentalité de l’équipe était de partager l’analyse des données. Nous poussions tous les trois, David, Christian et moi-même, à donner plus à l’équipe, à fournir plus d’informations, plus de données, et à repousser nos limites. Il n’y avait rien de caché entre nous. »
« Christian et moi étions déjà des athlètes Red Bull en dehors de la Formule 1, nous étions donc amis. Après cette expérience en Formule 1, nous sommes devenus de très bons amis. Évidemment, lorsque nous fermions la visière, chacun d’entre nous conduisait pour sa propre carrière parce que nous étions à 110 %. Mais ensuite, lorsque nous étions dans le garage avec l’ingénieur, en dehors de la piste, nous sommes devenus de très bons amis et nous nous aidions mutuellement à travailler pour le même objectif. Cela peut paraître bizarre, mais il est devenu l’un de mes meilleurs amis dans la vie. Christian est une personne fantastique pour moi. »
En 2005, Red Bull avait aussi l’image d’une équipe jeune, qui bousculait les codes de la F1... mais n’était-ce parfois pas trop de distraction pour le pilote compétitif qu’était Liuzzi ?
« Je gérais cela plutôt bien. Red Bull était plus concentré sur le marketing parce que c’était une marque extraordinaire. Il y avait tellement de fêtes pendant l’année et évidemment, en tant qu’athlète Red Bull, ils m’invitaient et j’y allais. Mais je pense que je me débrouillais très bien. J’aimais leur mentalité parce que je vis de l’adrénaline, un peu comme Red Bull avec tous les sports fous qu’ils pratiquent. »
« Au début, c’était difficile parce que quand vous êtes si jeune, vous voyez évidemment des fêtes et tout ce qui vous entoure peut vous distraire. Mais en mode course, j’étais une personne différente. J’étais encore assez différent des autres pilotes au niveau de mon apparence, mais seulement parce que je voulais être moi-même. »
« Red Bull m’a donné l’impression d’être un enfant dans une chocolaterie ! »
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