De Zordo, le directeur technique derrière la réussite de Haas F1 ?

Il veut désormais dominer le milieu de grille

Par Alexandre Combralier

17 août 2024 - 14:42

À la tête de Haas F1, Ayao Komatsu a remplacé, avec succès pour le moment, Günther Steiner. Mais il y a eu du changement aussi à la direction technique cette année.

Simone Resta a été en effet remplacé par Andrea De Zordo, qui occupait jusqu’alors le poste de designer en chef. Il était donc, en résumant, l’adjoint de Simone Resta précédemment.

Et visiblement, De Zordo réussit ses débuts chez Haas F1. Les évolutions amenées en cours de saison, une fois n’est pas coutume, fonctionnent sur la monoplace de Nico Hülkenberg et de Kevin Magnussen.

« C’est une personne très technique » dit au sujet de son directeur technique, Ayao Komatsu.

« Sa communication est bonne, il est très engagé dans l’équipe, il écoute les gens, donc je suis très heureux de ce choix » poursuit le directeur d’écurie.

De Zordo, cependant, c’est aussi celui qui a supervisé les évolutions de l’an dernier, qui elles n’avaient pas du tout donné satisfaction.

Pourquoi ce qui n’a pas marché en 2023 fonctionne cette année ? Le directeur technique de Haas F1 a-t-il des réponses à apporter ? Est-ce dû à son nouveau rôle ? Il se confie à Racer.

« Bien sûr, c’était un nouveau départ, parce que beaucoup de choses ont changé - l’organisation, la façon de travailler - donc il y a eu un certain changement d’un seul coup, pas comme si c’était planifié à l’avance. Mais le fait est que j’avais une bonne relation avec Ayao avant et que j’ai une bonne relation avec lui maintenant. Je pense que nous travaillons très bien ensemble. »

De Zordo ne s’attendait donc aucunement à devoir un jour remplacer Simone Resta ?

« Je ne m’attendais pas du tout à cela. Le jour où ils m’ont demandé de prendre le rôle, je me suis réveillé le matin et je n’y ai même pas pensé. Bien sûr, j’ai eu peur au début - très peur - parce que c’était un grand saut en avant. J’ai donc bien réfléchi ; je n’étais pas sûr au début, puis j’ai accepté la proposition. »

« Le premier mois a été très, très chargé. On sent vraiment la pression dans l’estomac. Vous vous réveillez chaque matin et vous vous dites : "J’espère pouvoir le faire". Puis, jour après jour, on se rend compte qu’on peut le faire et on s’y habitue. Vous vous sentez plus à l’aise, et maintenant je suis tout à fait satisfait de ce rôle. Je l’aime bien. Je ressens la pression - c’est très, très difficile. »

« Bien sûr, je ne suis pas la meilleure personne pour dire si je fais du bon travail ou non, mais je fais de mon mieux. »

Pour De Zordo, Haas F1 a surtout changé d’approche l’hiver dernier, en réglant ce qui était son plus gros problème : les performances en course et l’usure des Pirelli.

« Nous avons beaucoup travaillé sur les performances en course. Je pense que le fait de voir que cette année nous sommes encore plus rapides en course qu’en qualification est très satisfaisant. C’est la contribution de plusieurs facteurs, et si vous en manquez un, ça ne marche pas, même si le reste est bon. L’année dernière, nous avons perdu beaucoup dans des domaines clés, et lorsque nous avons pris conscience de cela, nous avons commencé à nous regrouper. »

« Nous avons beaucoup travaillé pendant l’hiver pour nous améliorer dans tous les domaines que nous savions devoir améliorer et finalement cela fonctionne - si vous allez en piste, cela fonctionne - et notre façon de travailler a également changé. Ce n’est donc pas seulement une question de matériel ou de pilotes, c’est aussi une question d’approche. Nous comprenons beaucoup mieux, et même maintenant, ce que nous devons faire pour aller plus vite et aller de l’avant est beaucoup plus clair. »

« Nous essayons d’attaquer partout. Bien sûr, avec ce règlement, le fond plat est l’élément principal, et la façon dont le fond plat interagit avec le reste de la voiture compte beaucoup aussi. C’est donc là-dessus que nous nous concentrons, mais il y a aussi beaucoup de détails dans la voiture dont nous ne sommes pas complètement satisfaits et que nous savons pouvoir améliorer. »

« Ce n’est peut-être pas grand-chose, mais un détail par-ci, un détail par-là, vous ne le voyez peut-être pas dans la soufflerie, mais vous savez que si ce n’est pas bien, cela peut vous coûter de l’effort et de la performance. Nous essayons donc de porter notre attention partout - sur les grands ensembles, mais aussi sur les petits détails. »

Si Haas F1 est en bonne voie pour finir devant Alpine, Williams F1 et Stake au classement des constructeurs, De Zordo ne se satisfait pas encore de la position actuelle. Haas doit rattraper Aston Martin et dominer le milieu de grille.

« Pour moi, l’objectif doit être de s’améliorer. Je pense qu’il y a quelques équipes cette année qui ne sont pas assez performantes, qui sous-performent, et cela signifie que si nous voulons maintenir le rythme l’année prochaine, nous devons nous améliorer et ne pas considérer que quelqu’un d’autre ne s’améliorera peut-être pas. Pour moi, l’objectif doit donc être d’être au sommet du milieu de grille. Pour cela, il nous faut encore faire un pas en avant. »

2026, un autre changement de règlement bien négocié par Haas F1 ?

Une grande occasion de progresser se présentera en 2026, à l’occasion du nouveau règlement. Une case bien sûr cochée dans l’agenda du directeur technique de Haas F1...

Historiquement Haas a toujours bien négocié les changements de règlement et De Zordo ne l’oublie pas...

« Je pense que les meilleurs résultats de ces trois dernières années ont été obtenus lors de la première course de la nouvelle réglementation. Mais je ne veux pas compter là-dessus. Nous savons que c’est très difficile, et pour une équipe comme la nôtre, avec des ressources moindres, c’est encore plus difficile. »

« Mon opinion personnelle est que l’un des grands avantages de Red Bull est d’avoir pris la bonne voie dès le début et de continuer à se développer dans la bonne voie. Toutes les autres équipes ont dû, à un moment donné, changer de direction, perdre des performances et les regagner, pour ainsi rattraper leur retard. »

« Il est donc fondamental de commencer dès le début et de choisir la bonne voie. Même si vous devez y consacrer plus de temps, même si vous arrivez à la première course moins bien préparé que par le passé, mais que vous êtes sur la bonne voie, la performance finira par venir. »