Comment Mercedes a vaincu ‘la culture du conservatisme’ en F1

Grâce à une culture de l’ouverture et de la confiance

Par Alexandre C.

9 janvier 2021 - 18:12
Comment Mercedes a vaincu ‘la culture du

Qu’est-ce qui a construit le succès de Mercedes en F1, ces dernières années et surtout en 2020 ? Plus d’appui, plus de puissance moteur, c’est entendu. Les suspensions sont aussi très travaillées sur la monoplace argentée.

Mais ce que l’on voit sur la voiture est en réalité le produit de quelque chose qui ne peut pas être facilement copié (même par Racing Point) : la culture interne de l’entreprise, les talents individuels. C’est cette méthode de travail, que l’on ne voit pas par exemple dans l’environnement instable de Ferrari, que décrit Toto Wolff – d’autant plus confiant qu’il est plus facile de copier des conduits de frein qu’un état d’esprit entier.

« Il s’agit de recruter et de développer les bonnes personnes, de créer une culture et un esprit d’équipe autour d’elles, puis de définir l’objectif principal. »

« Une fois que cela est défini, nous nous laissons le soin, dans nos domaines respectifs, de réaliser l’objectif principal. C’est quelque chose qu’on ne peut pas simplement mettre sur un PowerPoint, mais il faut de nombreuses années pour le vivre réellement. »

Le designer en chef de Mercedes, John Owen, est aussi revenu sur cette culture de l’exigence, et en même temps de la confiance, qui prévaut chez Mercedes. Le contraste est vif avec Ferrari, où la pression est immense dès la moindre erreur.

« Si vous avez une équipe où les gens ont peur de faire des erreurs, ou ont peur d’essayer par crainte de la façon dont ils pourraient être perçus ou, pire encore, de perdre leur emploi… ces choses favorisent une culture du conservatisme dans la conception et l’approche des problèmes. »

« La culture, c’est tout. Je pense que l’équipe a fait un très, très bon travail en s’assurant que tout le monde se sente protégé. Nous voulons apprendre des erreurs que nous faisons. Mais l’équipe est très, très bonne à ce sujet, il n’y a pas de reproches à faire. Et je dois beaucoup à Toto, qui est la figure de proue de l’équipe et qui dit les bonnes choses. »

« Je me souviens qu’à Bakou en 2018, lorsque l’appui-tête de Lewis s’est détaché, Toto a dit "Je ne pointerai du doigt aucun individu", ce qui est tout à fait exact. Et essayer de stigmatiser une personne, ce n’est pas notre culture. »

« Beaucoup de gens disent avoir une bonne culture, mais ce n’est pas le cas. Et je pense que s’il y a une chose que cette équipe a d’unique, c’est bien cela. Les gens qui nous rejoignent trouvent que c’est un endroit vraiment, vraiment génial, un endroit vraiment inspirant, presque au point qu’ils ne croient parfois pas que c’est vrai pendant un certain temps. Ils sont presque choqués. »

Une culture de la permissivité va ainsi de pair avec l’innovation : si l’on est excusé en cas d’erreur, on prend plus de risques, avec les bénéfices associés.

C’est cette culture du risque et de l’ouverture, poursuit Owen, qui a ainsi amené Mercedes à rendre des risques pour 2020 (le DAS, les suspensions...), même en période de stabilité du règlement et après une année 2019 réussie.

« Nous pouvons avoir ces conversations difficiles. Nous pouvons tenter ces choses difficiles. Nous avons fait en 2020 le système DAS dont beaucoup de gens ont parlé. Cela aurait pu être une bêtise, très honnêtement, n’est-ce pas ? Cela aurait pu être vraiment mauvais. »

Mais avoir cette culture est plus facile quand on est au sommet... Owen ne pense pas que ce soit forcément cependant lié aux résultats de l’équipe.

« Parfois, il serait amusant d’être presque dernier, de retourner en fond de grille et de voir si notre culture continuerait à l’emporter. Je ne suis pas sûr qu’aucun d’entre nous ne veuille se porter volontaire pour cela ! Mais je pense que c’est le défi : savoir comment reconstruire plus fort ? »

« Je n’aime pas entendre le mot "dominant", ça sonne comme quelque chose d’un peu maléfique en fait. Cette équipe est en fait très, très solidaire. »

« Elle fait preuve de beaucoup d’humilité, et tout le monde ici est très curieux et innovateur, et veut faire mieux les choses, et ne se considérerait jamais comme arrogant ou ne penserait jamais avoir des droits sur quelque chose. »

« Ils veulent juste travailler mieux, être plus intelligents, faire un meilleur travail. »

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