Comment la FOM a convaincu les équipes de F1 de s’ouvrir à Netflix

Ont-elles un droit de regard sur le contenu final ?

Par Alexandre C.

17 septembre 2022 - 18:14
Comment la FOM a convaincu les (...)

La série Drive to Survive est certes critiquée pour privilégier parfois le spectaculaire, le roman au véritable récit ; mais il n’en demeure pas moins que son efficacité pour attirer de nouveaux fans, aux USA en particulier, mais aussi des jeunes, a été particulièrement remarquable pour la F1.

Ian Holmes, le directeur des droits médias et de la création de contenus de la F1, est un des hommes derrière le projet Netflix. Dans un évènement marketing à Londres, il est revenu sur le sens et l’utilité de ce pari désormais réussi.

En commençant par la fin : l’avenir de Drive to Survive est-il menacé dans l’immédiat ?

« Si nous en sommes satisfaits, si les gens veulent le consommer et le regarder, et si Netflix en est satisfait, alors je pense que nous continuerons... »

Les chiffres d’audience, sur les plans quantitatif et qualitatif (nombre de femmes et de jeunes atteints), sont, il faut le dire, au rendez-vous.

« C’est lors de la troisième saison que nous avons pris la pleine mesure du potentiel. La première saison a été très bien accueillie, Netflix était content. Ils sont connus pour ne pas partager beaucoup de données en termes de visionnage, mais en discutant, nous en avions une bonne idée. »

« Les deuxièmes saisons ne sont jamais aussi bien reçues que les premières, il y a généralement une petite baisse. Et c’était le cas pour nous, nous avons eu une baisse de 5%, ce qui est tout à fait normal. Et puis pour la troisième saison, il y a eu une augmentation de 50%. Et c’est à ce moment-là que nous avons pris du recul et que nous avons pensé "ce n’est pas normal". »

« Et cela se retrouve dans les chiffres d’audience. Ce n’est pas seulement le nombre de personnes qui regardent, c’est aussi qui regarde. C’est là que réside la valeur. Nous avons constaté que les gens s’intéressaient à la F1, alors qu’ils ne s’asseyaient pas nécessairement le dimanche après-midi pour regarder Sky, Canal+ ou ESPN. Beaucoup d’entre eux le font maintenant, comme nous l’avons vu dans nos chiffres d’audience. C’est la vraie valeur ajoutée. »

Qu’est-ce qui fait la force de la série Netflix selon Holmes, en termes de narrativité, pour captiver le spectateur ?

« Ce que nous avons vu, certainement dans la dernière saison surtout, c’est que les directeurs d’équipe semblent prendre un rôle plus central. Mais en réalité, nous avons affaire à 30 personnes dans le sport. »

« Et c’est là que je pense que nous avons un avantage sur le football. Nous avons 30 personnes, et c’est tout. Vous pouvez donc aller assez loin avec eux et couvrir toute la grille. Je pense donc que notre sport se prête à cela. »

« Plus le fait que pendant des années et des années et des années, il y a eu peu ou pas de couverture des coulisses. »

Opération ‘convaincre les équipes’

Si Netflix a finalement été préféré à Amazon pour des raisons de visibilité, le défi principal, pour Holmes et Liberty Media, a été ensuite d’embarquer les équipes dans ce projet. Ferrari et Mercedes refusant de participer à la première saison. Comme Max Verstappen lors de la dernière.

« Nous avons en fait conclu un accord avec Netflix assez rapidement, mais l’accord était soumis à la participation des équipes. Nous avons donc dû nous asseoir avec 10 équipes, ce qui a pris beaucoup plus de temps, pour ne pas dire plus. »

« Mais encore une fois, c’était nouveau pour nous tous. Nous demandions aussi des choses nouvelles essentiellement aux équipes, et il est important qu’elles l’acceptent. Oui, Ferrari et Mercedes ont mis un peu plus de temps, mais elles ont adhéré au concept. »

« Parce que nous avions besoin de leur soutien, comme de toutes les équipes. Nous avons estimé que pour que la série soit un succès, il faudrait essentiellement que les équipes fournissent un niveau d’accès que nous ne pouvons pas fournir. Un niveau d’accès qui n’a jamais été fourni auparavant. »

Les équipes n’ont-elles jamais bloqué la diffusion de tel épisode, ou de tel ou tel extrait ?

« Les équipes peuvent voir certains bouts des épisodes, mais elles ne peuvent pas voir le montage final. Et c’est essentiellement pour que personne ne fasse obstruction. »

« Certaines choses, ici et là, ont suscité une certaine controverse. Mais il s’agit d’une approche très collaborative. Il y a eu des demandes de la part d’équipes qui ne répondaient peut-être pas strictement aux critères d’autorisation, mais si nous pensons que cela ne nuira pas ou ne diluera pas le récit, nous procédons à ces coupes demandées ; et je sais que Netflix et la société de production sont également très utiles pour réaliser des coupures si nécessaire. Parce que ça fonctionne à double sens. »

« La façon dont Drive to Survive fonctionne est que, contractuellement, les équipes ont certains domaines très, très définis où elles sont autorisées à demander des modifications et des changements. Ce qui concerne tout ce qui révèle accidentellement quelque chose de sensible sur le plan commercial ou sportif - au moment de la diffusion, bien sûr. »

Auparavant, la FOM, notamment sous l’ère Bernie Ecclestone, était pourtant très restrictive sur l’accès aux images en coulisses, les chassant jusque sur les réseaux sociaux de pilotes.

« J’ai lu certaines histoires sur des gens de la F1 qui ont dû écrire à Lewis Hamilton ou autre, pour leur dire de retirer des images de leurs médias sociaux, et j’y ai probablement participé moi-même » admet Holmes.

Drive to Survive a pourtant été le plus critiqué pour monter des rivalités à partir de rien, entre Lando Norris et Carlos Sainz chez McLaren par exemple.

Une critique que reprend Holmes à son compte ?

« Je pense que la réponse est non. Il est certain que cela n’influence pas le résultat d’une course, d’une séance ou du championnat. »

F1 - FOM - Liberty Media

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