Comment interpréter la réorganisation du management technique chez Ferrari ?

Quelques éléments d’explications

Par Alexandre C.

28 février 2021 - 15:04
Comment interpréter la réorganisation du

La récente annonce de l’engagement de Ferrari en IndyCar, aux 24 Heures du Mans, pour 2023, a provoqué une (nouvelle) réorganisation à Maranello.

Antonello Coletta a désorrmais une double casquette : il est en charge de la division GT et du programme Hypercar de Ferrari au Mans.

Du côté de l’équipe de F1, il y a eu du nouveau aussi. Mattia Binotto dirigera un quadrilatère composé de Enrico Cardile (Châssis), Enrico Gualtieri (Moteur), Laurent Mekies (Sport) et Gianmaria Fulgenzi (Logistique). Le département châssis sera lui-même divisé en 4 : Concept (David Sanchez), Performance Engineering (Enrico Cardile), Project Engineering (Fabio Montecchi) et Opérations (Diego Ioverno).

Que recouvrent ces changements ? Comment les expliquer… et les juger ?

Relevons d’abord que cette réorganisation est purement interne : aucune arrivée, aucun départ n’est à noter dans le top-management.

Il faut se souvenir que déjà l’an dernier, en juillet 2020, Ferrari avait introduit le « Département chargé de la performance », confié à Enrico Cardile, pour « accélérer le design et le développement de la voiture sur le front de la performance », dixit à l’époque Mattia Binotto. Notons aussi que Cardile avait alors au-dessus de lui Enrico Gualtieri (département moteur), Simone Resta (châssis, parti depuis pour devenir le directeur technique de Haas) et Laurent Mekies (division sport). Enfin relevons que Cardile conserve ce département performance tout en chapeautant le domaine châssis.

« Comme nous l’avons laissé entendre il y a quelques jours, nous apportons des changements au côté technique de notre organisation afin d’accélérer la conception et le développement des performances de la voiture. Un changement de direction était nécessaire pour définir les responsabilités et des processus de travail clairs, tout en réaffirmant la confiance de l’entreprise dans son groupe de talents techniques » commentait à l’époque Mattia Binotto – qui calmait aussi un peu les critiques, alors qu’il était plus que jamais sous pression.

L’idée (en plus de calmer les tifosi donc) était alors de maximiser les performances de Ferrari, dans un contexte de stabilité relative pour le règlement entre 2019, 2020 et 2021. Le département de la performance était aussi une réponse plus de court terme au besoin de retrouver, très vite, de la puissance dans le V6 pour 2021, après une catastrophe industrielle. Il s’agissait presque d’une organisation de crise.

Mais voici que désormais, Ferrari a eu deux priorités s’inscrivant dans le moyen terme : tout d’abord, construire une nouvelle unité de puissance, légale, mais aussi rapide, après le flop de 2020 ; ensuite, il s’agira de développer une toute nouvelle monoplace pour 2022, presque à partir d’une feuille blanche, ce qui laisse en effet la porte ouverte à des changements internes. Et cela, avec les limitations aérodynamiques qui entrent en vigueur, de même que les budgets plafonnés.

En somme Ferrari a maintenant un double défi structurel : moteur et aérodynamique. Cela tombe bien, en F1 moderne, les deux sont liés…

Il existait donc un besoin urgent de mieux coordonner ces départements – alors que la précédente organisation interne relevait plus l’importance de l’exploitation pure de la performance en piste. On voit ainsi que dans la nouvelle organisation, le département de la performance est un « sous-groupe » châssis seulement… Une sorte de dégradation.

Car dans cette nouvelle organisation, il importait aussi de davantage mettre l’accent sur l’aérodynamique. Pour deux raisons. D’abord parce qu’en 2021, Ferrari est censée avoir déjà rattrapé une bonne partie de son déficit moteur. Ensuite, parce qu’en 2022, et le nivellement des performances moteur (gel moteur), l’aérodynamique devrait être le plus grand facteur différenciateur (de nouveau) entre les équipes. La nouvelle réorganisation reflète cela en divisant à nouveau en 4 la partie châssis, ce qui montre une attention ciblée.

Mattia Binotto a commenté pour The Race ces nouveaux changements : « Je pense toujours qu’une organisation doit être dynamique, qu’elle doit s’adapter aux défis à relever. Maintenant, nous avons aussi plus de clarté sur les responsabilités. »

En somme, Ferrari tourne une page avec cette réorganisation technique. L’organisation de crise (avec l’insistance sur le département de la performance) est un chapitre clos. Désormais Ferrari revient à une organisation presque normale avec le développement de projets structurels, de moyen terme.

Reste à savoir si mi-2022, si ce projet échoue de nouveau, Mattia Binotto sera toujours à la tête de cette structure…

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