Comment expliquer le 8 à 1 qu’inflige Russell à Hamilton en qualifications ?
James Allison livre ses hypothèses chez Mercedes F1
8 à 1 : en qualifications, cette année, George Russell gagne largement son duel face à son pourtant redoutable coéquipier Lewis Hamilton.
Comment expliquer cet écart ? Par un manque de motivation de Lewis, dans sa dernière année chez Mercedes F1 ?
James Allison, le directeur technique de Mercedes F1, a livré une autre piste d’explication. Pour l’ingénieur, la W15 est une « bête assez déroutante », que l’on parle d’équilibre dans les virages ou de gestion des pneus ; et il semble que George Russell se soit davantage adapté à cette donne plus difficile et imprévisible.
« Je n’aurais pas prédit ce 8-1 » a tout de même concédé Allison au podcast "Beyond the Grid".
« La voiture est devenue une meilleure voiture au cours des deux ou trois dernières courses. Donc les jugements au sujet des duels en qualifications – qui peut placer sa voiture devant l’autre en qualifications - deviennent plus significatifs, parce que la voiture est moins un générateur de nombres aléatoires. »
« Lewis n’a pas été par hasard le meilleur pilote en qualifications de l’histoire du sport, parce que je pense qu’il a été le meilleur pilote du sport. Mais il a du mal cette année – avec de faibles écarts, c’est vrai. »
« Dans une certaine mesure, j’ai émis cette hypothèse dans un courriel que j’ai envoyé à l’usine hier. La combinaison actuelle entre la voiture et les pneus, pas seulement chez nous, dans tout le paddock, est vraiment très sensible et précaire - vous obtenez presque les meilleurs temps au tour quand vous n’essayez pas. »
« Tous les week-ends, on voit quelqu’un faire un chrono en essais libres ou en qualifications, dans une séance ou une autre… et on se demande comment elle a fait pour arriver là. Et puis ce chrono ne se répète pas, ils disparaissent dans la brume tout de suite après. »
« Je pense qu’en qualifications, c’est assez difficile, quand on est gonflé à bloc et qu’on veut performer au mieux, de faire un tour qui soit suffisamment calme et posé pour tirer le meilleur parti de la voiture. »
Pour expliquer de telles variations surprenantes de performance entre deux voitures, et même entre deux coéquipiers, les pneus Pirelli sont-ils un des facteurs premiers selon Allison ?
« Si vous revenez à mon hypothèse selon laquelle les voitures n’aiment pas être maltraitées… elles donnent le meilleur temps au tour lorsque le pilote est surpris par le temps au tour. »
« Il serait intéressant de discuter avec les autres membres du paddock pour voir si cette expérience se retrouve ailleurs. Mais lorsque la voiture fait de bons tours, les pilotes se disent presque : ‘Je ne m’attendais pas à ça, j’étais presque en rythme de croisière.’ »
« Et en qualifications, quand la pression monte et qu’il est temps de performer… je ne pense pas que ce soient ces circonstances qui permettent d’obtenir le meilleur des pneus les plus imprévisibles et inconstants. »
Allison recadre Hamilton sur l’égalité de traitement avec Russell
Mais James Allison ne veut pas amoindrir, loin de là, le mérite de George Russell. Celui qui était surnommé ’M.Samedi’ chez Williams F1 confirme qu’il est l’un des tout meilleurs pilotes en qualifications du plateau.
« Il est très, très constant pour tirer le meilleur de la voiture en rythme de qualifications - il est vraiment bon pour cela. »
« C’est beaucoup plus équilibré en course. Le rythme de course de Lewis a été très fort par rapport à celui de George à plusieurs reprises cette année, mais en qualifications, George a définitivement pris le dessus. »
À Monaco, Lewis Hamilton a avancé une autre piste pour expliquer ses déboires... il s’était plaint de ne pas disposer exactement des mêmes évolutions que son coéquipier. En cause, le fameux nouvel aileron flexible qui semble avoir fait tant de bien à Mercedes F1.
James Allison vient bien sûr démentir ces sous-entendus de Lewis Hamilton...
« Est-ce qu’il y a eu désavantage systématique en qualifications... ? Ce n’est pas vrai et ce n’est pas juste de dire cela. »
« Pour autant que nous puissions en juger, les voitures sont identiques. L’utilisation de l’unité de puissance est identique. Si les voitures sont différentes du point de vue des réglages, c’est parce que c’est ce que l’équipe d’ingénierie de chaque côté du garage a fait. »
« Mais les pilotes ont la possibilité d’avoir des choses identiques s’ils le souhaitent. À une occasion cette année, à Monaco, ils avaient un aileron avant différent sur la voiture parce que nous n’en avions qu’un de disponible. Et nous avons pris la décision de monter cet aileron sur la voiture dès que nous le pourrions, et il fallait que ce soit pour l’un ou l’autre. »
« Nous avons eu cette conversation et Lewis a dit "non, je vais laisser George l’avoir". »
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